Partie de cache-cache

Le septième jour d'Halié de Memphré...

C’était trop calme. Beaucoup trop calme. Cela ne pouvait pas durer. Il fallait forcément qu’un truc se passe. N’importe quoi… Et cela commença par une suite de petits pas dans le couloir. Précipités, les pas. Et particulièrement maladroits, puisqu’ils faisaient trébucher constamment leur propriétaire, qui manquait de se casser la figure à chaque virage un peu trop raide. Ciryan, la respiration haletante, les joues rougies par la course et l’amusement, déboula à la manière d’une fusée humaine jusqu’au couloir au fond duquel trônait stoïquement la porte des appartements de l’Amiral de Maman et Papa. Tonton Elbénir, pour l’enfant. Nini, pour les intimes. Les yeux clairs de l’enfant se mirent à briller à la vue de l’issue qui s’offrait à lui, si bien qu’ils parurent littéralement clignoter, lorsque le petit garçon surgit pile devant la porte, manquant de la percuter de plein fouet. Oups, il avait peut-être pris un peu trop d’élan. Ou alors il faudrait qu’il s’entraîne à freiner un peu mieux que ça.

Un regard vif, faussement apeuré par-dessus son épaule lui permit de constater que sa poursuivante avait pris du retard par rapport à lui. Ce qui était fortement improbable, puisque la poursuivante en question n’était autre que Néréïde, et qu’il était absolument im-po-ssible de la distancer. Surtout pour son petit frère. Ne restait plus qu’à penser que la princesse avait sensiblement ralenti son allure pour lui laisser un petit temps d’avance… Parce que c’était plus drôle, une partie de cache-cache, s’il avait le temps de changer de cachette, forcément. Ceci dit, Ciryan n’avait pas été jusqu’à cette conclusion. Et était particulièrement fier d’avoir réussi à distancer, ne serait-ce qu’un instant, son aînée.

Il ne perdit pas plus de temps… Essoufflé, il se mit à tambouriner sur la porte qui cachait les appartements d’Elbénir, frappant ses petits poings contre la porte en hurlant d’un ton faussement paniqué, où teintait l’amorce d’un rire enfantin :

- Niniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Au secours !!! Faut que je rentre, vite ! Allez, Tonton Niniiiiiiiii, ouvre steplaiiiiit !

Malgré ses apparentes plaintes, l’enfant s’amusait déjà beaucoup, rien qu’à l’idée d’être la cause de tout ce tintamarre. Un petit sourire mutin naquit au coin de ses lèvres lorsqu’il se souvint que sa mère lui avait suggéré innocemment que ce serait bien, d’aller voir Tonton Elbénir, de temps en temps, et de jouer avec lui, parce que sinon il se sentait un peu seul, le pauvre. Parfait… Non seulement il allait trouver une cachette super géniale, mais en plus il obéissait à la demande de sa mère. C’était plus qu’il n’en fallait pour le ravir.

Lassé de tambouriner à la porte… ou plus exactement, parce qu’il commençait à s’y faire mal, mine de rien, Ciryan eut l’idée –brillante- d’essayer d’appuyer sur la poignée… qui coopéra comme par magie. Le petit garçon laissa échapper un rire satisfait, poussa la porte sans la moindre hésitation, comme il rentrerait chez lui, et la referma aussi vivement derrière lui, les yeux brillants de curiosité. Tiens… Il n’était jamais entré ici. C’était bizarre, d’ailleurs. Pourquoi Tonton Nini ne les emmenait pas plus souvent chez lui ?

Le petit garçon balaya les environs d’un regard malicieux, ses yeux aiguisés cherchant une cachette idéale pour échapper au flair infaillible de son aînée en ce qui concernait les parties de cache-cache. Il tomba sur l’occupant des appartements, plutôt que sur l’objet principal de sa quête, et son sourire s’agrandit, tandis qu’il trébuchait littéralement vers l’Amiral, pour lui tomber carrément dans les bras, tirant sur son uniforme sans le moindre remord. Tout excité qu’il était, il ne faisait guère attention à autre chose qu’à la perspective de s’amuser, de rire… et à la montée d’adrénaline toute enfantine qui affluait dans ses veines. Et en plus, il était content de voir Nini. Il était drôle. Et en plus, peut-être qu’il pourrait jouer avec eux !

D’une pression de plus sur l’uniforme parfait d’Elbénir, l’enfant ajouta, baissant soudainement le ton de sa voix surexcitée, pour éviter que Néréïde ne le repère trop facilement, à force de crier dans tous les sens :

- Nini, t’es là ! Il faut que tu me caches, vite vite vite ! Elle arrive, et elle court suuuuper vite ! Tu veux jouer avec nous, dis ? Tonton Nini, t’as pas une cachette magique pour qu’elle me trouve pas ?

Aussitôt dit, aussitôt fait. L’enfant se détacha très légèrement de son protecteur du moment, pour froncer les sourcils, comme s’il analysait la pièce au rayon x, dans le but de trouver LA cachette à ne pas manquer.

Évidemment le calme régnait dans les appartements de l'Amiral, car pour une fois il n'y avait que celui-ci à l'intérieur. Il était tranquillement assis à son bureau dans la pièce qui lui servait à recevoir et à travailler, vaste pièce qui semblait dépourvue de fenêtre, celles-ci étant petites et -bien qu'ouvertes perpétuellement- étaient masqués par de maigres rideaux filtrant la luminosité extérieur. Cela donnait une impression de sérénité, renforcée par les étagères croulant sous les livres et les rapports diverses, sans compter les anciennes cartes d'un Monde qui naguère ne se résumait pas à cette île. Il y avait aussi sur la droite, encastrée dans le seul espace dépourvu d'étagère, une cheminée qui était éteinte pour le moment. Détail insolite pour les appartements de quelqu'un qui avait la réputation d'aimer le froid et qui servait plus à lui procurer de la lumière qu'à réellement le réchauffer, des fauteuils confortables semblaient pousser comme des arbres dans une forêt.

On en dénombrait au moins deux devant la cheminée et un cinq répartit un peu aléatoirement dans la salle, souvent recouvert de livres comme la mousse recouvrait les arbres. Les deux fauteuils devant la cheminée était en cuir simple mais semblaient très confortable pour quiconque oserait d'y aventurer, les 5 autres semblaient être des morceaux d'une grande banquette d'un cuir noir et étrange, agréables ils l'étaient aussi mais ne semblaient pas garder la chaleur et semblaient plus propice au travail qu'à la rêverie. Enfin sur la gauche, séparé de la porte d'au moins deux fauteuils et de quelque livres de moindre importances qui traînaient à terre, se trouvait le bureau d'Elbénir, sculpté dans un bois noir qui faisaient échos à ses fauteuils, il arborait sur le devant une sculpture admirable du désastre qu'avait été la bataille contre Tiahn, l'artiste qui y avait travaillé semblait plus intéressé par la dimension épique du combat entre les trois Capitaines la bête que par le reste de la scène.

Aussi y voyait-on de façon précise tout au bord à droite Elbénir seul et transformé toute griffe dehors et sa faux dans le dos comme si il avait frappé le monstre et c'était reculé avec son bateau en arrière plan le drapeau de la marine bien en vue, sur la partie centrale-droite on voyait Kanaw transformé -légèrement humanisé par l'artiste- dans un valeureux corps à corps avec le monstre -fidèlement retranscrit au demeurant il était bien assez effrayant comme cela en vrai-, sur la partie centrale gauche on voyait Eleanora brandissant lançant une dague avec une élégance et une fureur qui mettait bien en valeur la Reine et juste derrière elle Erwana tel un faucon sur son perchoir visait la créature avec une arme à feu et enfin sur l'extrémité gauche de la "frise" on pouvait voir Opale juchée sur le navire des Corsaire qui propulsait le harpon qui serait fatal à la créature. Au dessus de ce tableau artistiquement sculpté se trouvaient des piles de papier assez volumineuses pour tanguer dans le courant d'air aléatoire qui balayait la pièce dont on ne voyait aucune autre issue que la porte d'entrée et pour cause la seule entrée de ses appartements privés étaient masqué par une étagère seulement... Allez savoir laquelle.

L'habitant des lieux se trouvait en train d'extraire un livre d'une étagère qui se trouvait face à la porte lorsqu'il entendit des pas précipités dans le couloir. Il ne se faisait guère d'illusion sur leur origine personne ne courrait dans les couloirs à part les trois garnements royaux, seulement lorsqu'il entendit tambouriner à sa propre porte il releva un regard interloqué vers celle-ci. Ça par contre ce n'était pas normal, ce devait être un coup d'Eleanora sinon les enfants n'osaient pas le déranger en général, même si la petite peste lui faisait parfois des surprises peu agréable la voix qu'il entendait appeler au secours ressemblait plutôt au dernier de la bande. En réalité il n'eut pas vraiment le temps de réagir ni de marmonner un vague "Entrer" que le garçon entra de lui-même, il était trop occupé à grincer des dents en entendant le surnom horrible que lui avait attribué par ce damné Kan', heureusement qu'il était Roi lui... Parce que sinon il l'aurait abordé rien que pour cette raison, mais ils étaient à terre maintenant se rappela-t-il difficilement et de toute façon il se voyait mal aller tempêter dans les appartements royaux pour un bête surnom...
Aussi regarda-t-il avec un brin de fatalisme le petit Ciryan trébucher sur ses livres en se dirigeant vers lui, sûr que ça n'avait strictement aucun intérêt de venir ici si ce n'était pas pour jouer avec "Tonton Nini" et le voilà qui tiraillait sur son uniforme fragile en lui demandant une cachette. Bon évaluation de la situation, il devait être poli et joueur avec le gamin sinon il allait en entendre des vertes et des pas mûres, le petit cherchait une cachette et ne le lâcherait pas -au risque de déchirer cette saloperie de costume, ce qu'il aurait aimé faire lui-même mais il aurait eu l'air indécent et ridicule- tant qu'il n'aurait pas trouvé une cachette, il ne pouvait le cacher dans ses appartements privés au risque que qu'il en parle à ses frères et sœurs et là adieu la tranquillité et enfin il y avait donc quelqu'un d'AUTRE qui allait perturber le calme relatif qu'il avait trouvé quand Ayleen était partie il ne savait où. Il ne savait jamais vraiment où elle partait lorsqu'elle le faisait, elle n'avait pas vraiment changé en fait, elle n'en faisait qu'à sa tête pensa-t-il en souriant sans le savoir. Enfin, se dit-il en cessant de sourire et en levant les yeux au ciel, autant lui indiquer un fauteuil et construire avec lui une cachette faite de livre derrière celui-ci. Il soupira et dit enfin.

Bonjour Ciryan.

Coupant à la politesse de s'adresser à lui par son titre, il savait que ça gênerait le gamin mais que ça ne l'enlèverait pas de ses pattes, il c'était adressé à lui d'une voix légèrement froide mais qui semblait agréable par rapport à laquelle il s'adressait aux souverains lorsqu'il faisait son rapport -quand il le faisait-. Et sa voix ne portait pas bien loin, il est vrai qu'il ne criait ou ne haussait la voix que très rarement, ici la force de sa voix était un peu plus qu'un murmure et ce pour que l'enfant malgré la différence de hauteur l'entende. Cela semblait jouer le jeu qu'ils ne devait pas se faire entendre d'un quelconque poursuivant, seulement c'était plus par habitude de ne pas hausser sa voix qu'Elbénir parlait ainsi. Ensuite il tapota la tête du garçon pour ensuite lui indiquer un fauteuil avec deux bouts de dossiers (qui faisait vraisemblablement l'un des bouts de la banquette lorsqu'elle était rassemblée) et lui répondit avec un effort pour paraître conviviale.

Si on entassait les livres et que tu te cachait sur ce fauteuil elle aurait du mal à te trouver tu ne pense pas?

Bon évidemment c'était plus pour qu'il le lâche et pour l'occuper qu'il lui avait dit cela et en sous-entendant qu'il l'aiderait il avait accepté d'être totalement dérangé et de laisser tomber ce rapport pour le faire plus tard. Parce que premièrement contrairement au mot qu'il avait fait parvenir à ses suzerains il n'avait que du travail en retard à rattraper et cela pouvait attendre et que deuxièmement le garçon n'allait sûrement pas le lâcher tant qu'il n'entendrait pas la personne qui le poursuivait dans le couloir -pitié faites que ce ne soit pas sa sœur pensa-t-il, en vain sûrement parce que le "Elle court suuuuper vite" de son interlocuteur lui laissait peu de chance d'espérer- ou tant qu'il aurait accepté de jouer avec eux... Aussi préférait-il rendre les armes tout de suite, que ce garnement ne lâche pas par inadvertance à sa harpie de mère que "Tonton Nini il a pas voulut jouer avec nous", elle pouvait être encore plus agressive lorsqu'on ennuyait ses enfants que quand on la coupait dans ses élans hormonaux. Aussi fixa-t-il le petit maladroit en soupirant intérieurement.

Le calme avant la tempête, c'est pas ce qu'on dit normalement ? Bref, expression vrai ou fausse cette fois elle s'appliquera dans la situation. Pourquoi ? Car le palais semblait trop calme. Surtout que deux des enfants Llyr-Montgomery sont assez.. Turbulents si je puis dire. Mais bon, c'est mieux un palais ou la jeunesse rend les lieux moins morbides car sinon, c'est pire que l'ennuie qui régnerait dans les lieux. Mais nous pouvons forcement compter sur Néréïde qui est en pleine activité avec son petit frère. Cache cache, vous connaissez ?! Tout le monde connait ce jeu après tout.

Néréïde avait laissé à son petit frère quelques minutes d'avances pour qu'il puisse trouver dans ce grand palais un endroit ou se cacher. Habituellement elle compte jusqu'à 20, mais cette fois, elle a décidé de compter jusqu'à 50. Ainsi, Ciryan a plus de chance de trouver une bonne cachette et surtout, le temps de courir pour se cacher. Car le point négatif pour Ciryan, c'est que sa grande sœur cours assez vite. Ho, c'est pas flash non plus mais pour des enfants, c'est rapide. Enfin.. On peut dire ça comme ça..

48....49....50... J'arriiiive

Que le jeu commence. La petite princesse quitte le coin du palais ou elle était pour se mettre à la recherche du petit frère. Au départ, elle fouille toute la pièce ou elle se situait déjà avant de prendre la route dans les couloirs. Des voix se firent entendre. Une voix qu'elle connait très bien car, c'est celle de son petit frère. Un sourire aux lèvres, assez sadique il faut l'avouer, illumine son visage au teint de poupée en porcelaine. Les mains dans le dos, elle avance joyeusement vers les appartements d'Elbénir. Faisant attention à ne pas salir sa belle robe bleue marine, elle reste pourtant proche des murs. Pourquoi ? Aucunes idées !

On arrive devant les appartements de l'Amiral et on grimace. Son frère était là, c'est sur à 100 %. Pourquoi il est venu ici ? Il est pas très drôle le monsieur. Bon.. Peut-être qu'elle se trompe juste sur la personne mais il faut avouer qu'elle ne le fréquente pas tellement. Même pour ennuyer l'Amiral.. Elle évite de le faire, il lui fait presque peur celui là ! Bon.. Que faire ? On frappe à la porte ? Aller... On prend son courage à deux mains puis, avec son énorme sourire aux lèvres elle frappera de son poing sur la grande porte et.. On entre. On va pas non plus attendre qu'il vienne ouvrir la porte sinon son frère aura le temps de se trouver une nouvelle cachette.

CIRYANNNNNN je sais que tu es lààààà

Ses prunelles azurées se poseront finalement sur l'amiral avec son plus beau sourire. Et.. Elle fera une magnifique révérence. Très polie, et très fayote aussi la demoiselle. Elle ne perd en rien son sourire, se redressant un peu pour reposer ses yeux sur Elbénir. Enfin, elle reprendra la parole.

Bien le bonjour Amiral.. Je suis navrée de vous importuner de la sorte mais auriez vous aperçu mon petit frère ?

A votre avis, pourquoi parle t-elle aussi bien ? Car l'Amiral parle beaucoup à Papa.. Et qu'elle veut pas se faire engueuler. Alors du coup, elle joue les petite fayote mais attention.. l'habit ne fait pas du tout le moine. Néréïde peut très bien avoir l'air d'un Ange, mais au moindre faux pas de l'Amiral, Nérée racontera tout à sa maman chérie. Elbénir croit que c'est Ciryan qui irait se plaindre ? Le petit frère est un Ange contrairement à Nérée. La petite princesse est une vrai peste. Elle reste très calme. Ses prunelles vagabondant pourtant un peu partout. C'est la première fois qu'elle met un pied chez lui. Et... C'est... Comment dire.. Étrange ? Peut-être.

(dans le genre on pige quedal lol)

Le petit fuyard décocha à son sauveur du moment un franc sourire, le visage rayonnant, quoique légèrement rougi par sa course désordonnée au travers des couloirs. Il était fébrile, cela se remarquait rien que par ses pieds qui tapotaient le sol l’un après l’autre, mimant une course imaginaire, comme s’il ne lui était désormais plus possible de s’arrêter. Ciryan observait Elbénir comme s’il s’était s’agit d’un véritable messie, clignant légèrement des yeux lorsque Tonton Nini lui tapota la tête. Il savait bien qu’il était gentil, lui ! Bizarre, mais gentil. Et puis d’ailleurs, avec tous les livres qu’il y avait dans sa maison, il était à présent certain de trouver une cachette idéale. Nini allait l’aider, c’était sûr. Le cœur du petit garçon battait un peu irrégulièrement, comme s’il était réellement pris par une urgence vitale. Sa tête se tourna d’un mouvement vif vers la direction que désigna l’Amiral, et l’instant d’après, il bondissait d’enthousiasme.

Ses yeux d’une couleur étrange, mêlant le feu et la glace de ses parents brillèrent d’intérêt et d’impatience, tandis que, oubliant ses propres recommandations, il se précipitait vers le fauteuil, battant des mains et s’écriant :

- Oh oui, oui, oui ! Ca va être bien ! Elle me trouvera jamais ! Allez viens ! Viens m’aider, elle va vite arriver, maintenant !

S’il avait momentanément lâché le costume d’Elbénir, offrant un répit bienvenu au tissu déjà bien froissée par les poings du petit garçon, ce ne fut que pour mieux lui agripper la main, tandis qu’il se précipitait vers ledit fauteuil, et entreprenait de grimper dessus. Ce qui lui prit nettement plus de temps que prévu. Déjà, des petits pas, se firent entendre dans le couloir, se rapprochant dangereusement de la porte.

- Oh la la !

Ce fut le seul commentaire qui franchit les lèvres de Ciryan, dans un murmure aussi affolé que terriblement amusé. D’un regard suppliant, il demanda l’aide de Tonton Nini pour le barricader proprement derrière des livres, tandis que ses propres mains s’activaient à créer LA cachette parfaite, pour échapper à la tornade humaine qui allait bientôt faire irruption. Et qui frappa elle aussi à la porte… D’une manière bien plus polie que son frère, bien évidemment. Cependant, Néréïde ne parut pas attendre une quelconque réponse avant de pénétrer dans la pièce, juste après que Ciryan eut posé le dernier livre à sa barricade. Le petit garçon étouffa un rire et se recroquevilla sur lui-même, une main sur sa bouche, soit disant pour ne pas respirer trop fort. On ne sait jamais, hein !

Il ouvrit grand les oreilles, derrière sa pile de livre, le cœur battant, tandis que la voix de sa grande sœur l’appelait malicieusement. Non non non, il ne se ferait pas avoir, na. Il ne répondrait pas. Il n’était pas là. Et il allait gagner la partie de cache-cache, pour une fois. Il ne fallait pas que Tonton Nini réponde à Néréïde, sinon ça n’était pas du jeu. Le petit garçon bougea légèrement, une horrible démangeaison le prenant au niveau du genou, et la pile de livre vacilla imperceptiblement.

Au lieu d’être catastrophé par son manque de discrétion, l’enfant se mordit la lèvre pour ne pas rigoler… Ce qui ne fut pas très concluant. De la pile de bouquin s’éleva un très discret pouffement de rire, tandis que Ciryan se recroquevillait plus encore, priant de toutes ses forces pour que Tonton Nini réussisse à faire diversion…