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 Lianne

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Johan Grey
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MessageSujet: Lianne   Lianne Icon_minitimeSam 6 Sep - 16:34

Spoiler:

Nom : Lianne

Surnom : Pour l’instant aucun, à voir.

Animal : Une colombe.

Age : Sans avoir d’âge précis, puisque la notion de temps est floue dans le Monde des Esprits, Lianne est l’équivalent d’une adulte pleine et entière du Monde des Humains. Elle a une maturité d’esprit bien plus aigue que celle de son Humain, et un instinct de mère qui lui confère une attitude responsable et protectrice.

Camp : Même si son Humain est un membre à part entière de l’Armée de son Roi, Lianne, elle, ne se plie à aucun autre Camp que le sien propre, elle se rapprocherait donc davantage de la cause des Rebelles, indépendante et… plus ou moins libre.

Description Physique :

Lianne dormait à poings… à griffes fermées. Perchée sur la branche la plus haute d’un arbre forestier, elle dominait de sa vue perçante les ramures des bois qu’elle surplombait nonchalamment. Ses paupières closes, qui masquaient des yeux aussi ronds que de minuscules billes de couleur, tremblaient légèrement à chacune de ses respirations. Elle semblait calme… Elle l’était toujours. Son corps, ramassé sur lui-même en position de repos, paraissait un peu… rondouillet, son ventre arborant un petit duvet de plumes immaculées que le vent soufflait doucement. Ainsi endormie, il semblait qu’elle était dépourvue de cou, sa tête se perdant dans les plumes autour d’elle, comme si elle avait voulu disparaître à l’intérieur de son propre corps. Son crâne était parfaitement rond, minuscule et fragile, aussi lisse que le plumage de son ventre était désordonné et doux. La courbe harmonieuse et vaguement cambrée de son dos se terminait en une queue aux plumes étincelantes, dont les rayons du soleil renvoyaient la blancheur avec une force blessante. Elles ressemblaient à un éventail parfaitement symétrique, gouvernail de son vol.

Aperçue du bas de l’arbre où elle se trouvait perchée, elle était comme… une boule de neige à la couleur pure. La seule chose qui tranchait sur le blanc de son plumage, c’était ce petit bec triangulaire, presque invisible, qui pointait au milieu de son visage, arborant fièrement sa belle teinte orangée, seule note de couleur qu’il était possible de remarquer. Il était un peu recourbé, pointant vers le bas, et séparant à merveille les deux billes masquées par ses paupières, qu’étaient encore ses yeux endormis. Malgré son sommeil, elle s’agrippait de toutes ses forces à la branche sur laquelle elle était installée, ses petites pattes d’un beige tendre laissant voir des griffes tranchantes et noirâtres qui s’enfonçaient dans le bois. La seule et unique chose sombre au milieu de ce déluge de blancheur.

Un bruit suspect, en-dessous d’elle, brisa brusquement le sommeil de l’oiseau immaculé, qui rouvrit aussitôt les paupières, dévoilant un regard rond et bleuté, d’une couleur si semblable aux propres yeux de son Humain que cela aurait pu en être déstabilisant, si seulement quelqu’un avait pu le constater. Il y avait dans ce regard doux et craintif une lueur de méfiance sage, d’intelligence posée qu’il n’était pas possible de seulement négliger. Elle remua, et redressa la tête, brisant l’impression qu’elle était ramassée sur elle-même. Soudainement, elle dévoila la courbe gracieuse de son cou, la finesse de sa silhouette, et lâcha la branche, ouvrant grand les ailes. Leur envergure était impressionnante, pour un oiseau qui paraissait auparavant si petit et chétif. Les ailes semblaient avoir une puissance et une assurance étrange, de grandes et larges plumes blanches bordant leur courbe, capturant le vent pour mieux le diriger à leur guise. Et Lianne prit gracieusement son envol.


Caractère :

« Lianne… Pourquoi n’ai-je pas encore écrit sur elle, jusqu’à maintenant ? Peut-être est-elle trop proche de moi pour que j’y songe comme à une autre personne. Et pourtant… C’est elle qui fait que j’existe. Sans elle… je ne serais rien. Rien du tout. Un jeune fou incapable de réfléchir convenablement. Cet Esprit que je croise dans mes rêves… Je n’ai jamais pu comprendre pourquoi il était le reflet de mon âme. Elle est… tellement plus sage, plus responsable, plus posée que moi. Si belle aussi. Je le vois souvent… Peut-être plus souvent que la plupart des gens ne rêvent de leurs Esprits, même si dans ce Monde, personne n’ose en parler. Je crois… je crois qu’elle chercher sciemment le sommeil, pour pouvoir me parler. Me raisonner… »

Il faisait nuit noir autour d’eux… En face du jeune homme blond, assis en tailleur, hébété, il y avait un oiseau si blanc qu’il ressemblait à un faisceau de lumière au milieu des ténèbres. Son regard identique à celui de son Humain, Lianne l’observait sans broncher, battant doucement des ailes, adoptant une attitude posée qui tranchait avec les mains tremblantes de Johan. Leurs regards se rencontrèrent, et l’oiseau se posa, avançant nonchalamment vers lui, comme s’il avait tout le temps. Johan crispait les poings sur ses genoux, et Lianne ne perdait pas une miette de la moindre des respirations du jeune homme. Elle savait ce qui l’agitait. Elle le ressentait, mais surtout, elle le comprenait. Une fois à quelques centimètres seulement du jeune blond, elle demanda d’une voix détachée, sage :
- Tu as peur ?
- Non… C’est de fureur que mes mains tremblent, Lianne. Il… m’énerve. Je ne peux plus le supporter.
- Qui donc, Johan ?
Cette question ne nécessitait pas vraiment de réponse. Lianne savait parfaitement de qui son Humain était en train de parler. Mais ce n’était sans doute pas pour rien qu’elle le poussait à expliquer lui-même ce dont il était question.
- K… Le Roi. Il… Il m’a encore agressé aujourd’hui. Je n’ai rien fait, Lianne. Je parlais à El’… Est-ce si grave ? Cette situation me tape sur les nerfs. Peut-être que je devrais partir. Ou cesser de prendre la fuite quand il essaie de me pousser à bout. Au moins, cela aurait le mérite de régler la question une bonne fois pour toutes.
L’oiseau toucha l’index de Johan du bout de son aile.
- Donc tu proposes, pour régler ton problème de quitter tout ce que tu aimes… ou de mourir ? Allons Johan… Est-ce vraiment une solution ?
- … Je ne…
- Ecoute-moi, s’il te plaît. Ne baisse pas les bras… La vraie sagesse n’est pas de prendre la fuite, ou de céder à ce qu’il souhaite le plus au monde, c'est-à-dire te tuer. La vraie sagesse, c’est de supporter sans broncher. Ne surtout pas réagir, Johan… Tu n’es pas là pour rien. Montre-toi digne de ce qu’Elle attend de toi.
- Merci Lianne.

« Que serais-je sans son sang-froid inébranlable, sans ses conseils ? Je n’ose même pas l’imaginer… C’est grâce à elle si je n’ai pas déjà baissé les bras. Mon existence ici me paraît… si inutile. Peut-être Elle ne m’a-t-elle donné ce poste que par souci de reconnaissance. Peut-être suis-je un simple fardeau. Ce palais n’est pas le mien… Mais Lianne est là… Douce et attentive. Elle ressemble à… une mère, lorsque je vais mal. »

C’était encore un rêve… Ils rêvaient souvent l’un de l’autre. Lianne avait senti une mélancolie envahir son cœur, tout en sachant que cela n’était pas la sienne. Alors elle avait voulu savoir ce qu’il se passait… Son instinct de mère, protecteur, tenait à calmer un chagrin qu’elle voulait comprendre. Chagrin qu’elle découvrit en trouvant le sommeil, et en unissant sa conscience à celle de son compagnon d’âme. Johan était allongé sur le dos, apparemment sur du vide, puisqu’autour deux, il n’y avait qu’obscurité. L’oiseau voleta rapidement jusqu’à lui, inquiète. Elle se posa sur son ventre, et marcha précautionneusement jusqu’à son visage, pour le trouver baigné de larmes.
- Johan ?
- Lianne, tu es là…
- Raconte-moi.
La voix de la colombe était douce et maternelle, comme si elle avait voulu emmener le jeune homme jusqu’à un nid douillet et imaginaire qu’elle n’avait confectionné que pour lui. Elle s’allongea tendrement sur lui, juste au niveau de sa nuque, qu’elle frôla du bout de son bec, gentiment, comme un encouragement tacite. Puis elle se roula en boule, ses grandes ailes repliées, comme si elle avait espéré le prendre dans son étreinte, sans en être capable. Johan sentait cette aura protectrice aimante, celle d’une mère, qui se déployait autour de lui. Lianne réussit à lui arracher un sourire.
- Je n’ai que toi, Lianne. Reste avec moi, s’il te plaît.
- Je n’ai pas l’intention de partir, voyons…
- Elles… Elles sont… Elles ne veulent…
L’oiseau interrompit les paroles du jeune homme en déployant l’une de ses ailes, pour chasser du bout de ses plumes les quelques larmes sur son visage.
- Chut, ne dis rien. Fais-moi juste un câlin.
Et le jeune homme esquissa un sourire, retombant en enfance et reconnaissant de manière troublante la même expression que celle de sa propre mère, dont il se souvenait encore nettement.

« Elle n’est pas seulement douce et attentive… Lianne est un être terriblement intelligent. C’est étrange, la façon qu’elle a, si simple, de m’ouvrir les yeux sur ce qui m’apparaît alors comme l’évidence même. Comprendre les gens, elle le fait à merveille. Elle sait démêler le faux du vrai, et sa perspicacité me fait cruellement défaut. Elle seule peut m’aider à saisir tout ce qui se passe autour de moi aussi subtilement… Il y a tellement de choses qui m’échappent… »

- Je ne comprends pas, Lianne…
- Commence par le début, s’il te plaît, peut-être pourrais-je t’aider.
Couché sur le ventre, les joues appuyées sur ses mains, elles-mêmes soutenues par ses coudes, Johan regardait une Lianne dont les ailes étalées semblaient luire dans le noir. Elle avait ce regard attentif, serein et aux aguets. C’était de l’intelligence pure qui brillait dans le fond de ses minuscules prunelles. Elle n’attendait rien d’autre que pouvoir éclairer le jeune homme dont le visage perplexe était plus que visible pour elle.
- Je l’ai encore vue pleurer, et je ne sais pas…
- Qui ça ?
- Opale… Tu sais… Ma...
- Oui, je sais qui elle est, tu en parles souvent, Johan.
Une lueur incompréhensible traversa les yeux de la colombe, comme si elle saisissait mieux que lui-même le sens de ce qu’elle venait de dire. Particulièrement perspicace, oui…
- Je sais qu’elle ne va pas bien, et je voudrais pouvoir y faire quelque chose, mais… C’est difficile. Elle a des réactions si… étranges, parfois. Surtout quand Kanaw est là.
Si Lianne avait eu une bouche à la place d’un bec, sans doute aurait-elle sourit. Elle avait compris depuis bien longtemps ce que le jeune homme ne voyait toujours pas. Il suffisait d’écouter ce qu’il disait de sa jeune supérieure, pour saisir tout ce qu’il y avait à savoir. Elle le força pourtant à aller plus loin :
- C’est-à-dire ?
- Et bien… Hier nous avons dû rendre visite à El et au Roi. Opale est entrée la première, et elle a vu leur famille au grand complet. C’était… un tableau étrange mais touchant, je t’assure. Les enfants sont adorables, et El… Bref. Elle leur a juste dit ce qu’on était censé leur annoncer, et puis on est ressortis.
- Et ?
- Je l’ai sentie bizarre. Elle évitait mon regard, et elle a tenu à rester seule. Je crois qu’elle a encore pleuré. Et moi je n’ai rien pu faire, parce que je ne comprends pas…
- Même si tu comprenais, tu ne pourrais rien y faire Johan.
- Parce que toi… Tu sais ?
- Bien sûr. Ouvre les yeux… Et réfléchis juste quelques secondes… Tu comprendras tout de suite.
- Que…
- Elle a besoin d’amour… Mais pas de n’importe lequel.

« Elle a réussi à comprendre Opale en quelques minutes, sans l’avoir jamais vue… Alors que moi… Non, décidément, je ne peux pas me comparer à Lianne. C’est impossible. Je suis trop impulsif, alors qu’elle, garde son calme en toute occasion. Oui… Toute occasion. C’est une âme pacifique. Le suis-je alors ? Je ne suis pas sûr… Je me sais incapable de la même philosophie paisible et détachée de tout… »

- Comment va-t-il ?
- Il est mort.
- Lianne…
Si Johan sentit venir un pincement au cœur infiniment douloureux, la colombe, elle, resta d’un calme et d’une immobilité irréelle. On aurait pu penser qu’elle masquait simplement sa rage et son chagrin derrière un masque, mais ce n’était pas le cas. Elle était calme. Elle l’était pour de vrai… C’était déstabilisant et fascinant tout à la fois. Johan insista :
- Est-ce que ça va ?
- Oui.
- Tu es sûre ? Lianne… Peut-être devrais-tu faire quelque chose… Retrouver celui qui a…
- Pourquoi faire, Johan ? Je ne lui en veux pas.
- Tu…
- Non, je ne lui en veux pas. Je n’ai aucun besoin de vengeance. Cela ne sert à rien… Et puis, ce n’était pas de la méchanceté. C’est la loi de la nature, simplement. Comment peut-on arriver à vivre sous cette loi si on ne l’accepte pas ? C’est ainsi.
- Mais c’était… ton enfant, tu n’es pas…
- Bien sûr que je suis triste… Mais tu le sais aussi bien que moi, en vouloir à celui qui l’a tué ne le fera pas revenir, et ne m’empêchera pas d’être triste. Je n’ai pas besoin d’être en colère. Ni contre lui, ni contre personne. Je n’aime pas la violence gratuite. Elle ne mène à rien. C’est inutile de s’entre déchirer comme ça. Je lui pardonne.
Johan entre ouvrit la bouche, puis tendit les mains pour saisir délicatement entre ses doigts le petit oiseau, si fragile soudainement, qu’il berça contre lui, troublé par son calme autant que par ce chagrin intérieur qu’elle n’exprimait pas, mais qu’il ressentait comme si cela avait été le sien.


Dernière édition par Johan Grey le Mar 9 Sep - 22:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lianne   Lianne Icon_minitimeMar 9 Sep - 2:07

Histoire :

Cela commence comme toute histoire commence… Dans un œuf. Une coquille brisée, un petit bec, timide, sorti de son cocon douillet, et puis ces yeux, si bleus, qui s’ouvrirent sur un monde qui lui plut aussitôt. Un premier cri, un premier appétit, une dizaine de frères et sœurs à ses côtés dans le nid, criant à l’unisson avec elle, et plus loin, les parents, s’activant pour satisfaire l’appétit de leur progéniture. Rien à redire… Tout allait parfaitement bien. La petite Lianne était née. Elle était douce, sage, attentive… et étrangement silencieuse, par rapport aux autres membres de sa famille. Les jours passèrent ils grandirent tous, bien à l’abri dans un nid confectionné par leurs parents bien avant leur naissance. Et puis ce fut l’heure du grand vol… L’heure où la mère, pressée de voir ses petits grandir, les poussa tour à tour hors du nid pour leur apprendre à prendre leur envol. Lianne n’avait jamais été aussi loin que le bord de ce cocon sympathique qui l’avait vue naître. Jamais elle n’avait autant marché jusqu’à ce vide qui s’offrait sous ses pas. Elle eut peur… Très peur, même. Un oiseau, avoir peur du vide ? Si elle en avait été consciente, elle aurait pu rire de sa propre sottise. Mais c’était simplement de l’ignorance. Le vide la happa malgré elle…

Sa mère la poussa du bout de son aile, et Lianne déploya ses petites ailes blanches dans un pur instinct animal. Et elle tomba… Doucement, tout doucement, elle sentit l’air apprivoiser ses plumes, et ses ailes se mettre à battre, jouant avec les courants ascendants pour la faire remonter vers le bleu du ciel. Son bec s’ouvrit de fascination lorsqu’elle monta encore, et encore, et encore… Ses yeux bleus profonds fixèrent cette lumière vive, en haut, accrochée au ciel… Ce soleil… Elle voulait l’atteindre. C’était si grisant, comme sensation, qu’elle souhaita ne plus jamais redescendre. Ne plus jamais cessé de battre des ailes. Se pourrait-il que le vent continue de la chatouiller sans fin au cours d’un voyage qui ne s’arrêterait pas ? Se pourrait-il que le soleil soit si beau de près que de là où elle tentait de l’atteindre ? Elle se sentit si forte… et si fragile à la fois. Le reste avait disparu. Elle s’éloigna… Ses ailes la portèrent si loin qu’elle en oublia ce qu’elle était. Qui elle était. Et lorsqu’enfin la fatigue se fit sentir, elle se posa sur la branche la plus proche, et poussa un profond soupir… Le soleil s’enfuyait derrière les montagnes, au loin… Elle ne le retrouverait pas avant le lendemain. Maintenant, c’était la lune qu’il allait falloir pourchasser. Mais elle avait besoin de repos. Où était donc son nid ?

Et là, elle comprit… Elle était allée trop loin. Tout lui était inconnu… Pas hostile, mais seulement… Différent de ce qu’elle avait pu connaître, bien installée et bien nourrie dans son nid. Elle ne serait jamais capable de retrouver le chemin de la maison. Son cœur se serra sous cette douloureuse évidence, suivie aussitôt d’une autre, tout aussi douloureuse : sa Maman lui en voudrait-elle de s’être perdue ? Et son Papa ? Et ses frères et sœurs qui s’étaient envolés, eux aussi… réussiraient-ils à retrouver le bon chemin jusqu’au nid ? Elle, non… Elle était partie. Elle avait suivi le soleil… et il l’avait perdue. Regrettait-elle vraiment son vol ? Elle n’y arrivait pas, non. Les sensations diffuses s’évaporaient peu à peu, mais il restait ce petit quelque chose de serein, au fond de son regard, qui ne s’en irait plus jamais. Non, elle ne rentrerait pas chez elle… Mais elle aurait un autre chez elle. Et avec un frisson, une idée lui traversa l’esprit. Et si sa mère l’avait poussée pour la laisser s’éloigner ? Si… elle savait que sa fille ne reviendrait pas ?

Quelques larmes vinrent mouiller le plumage immaculé de l’oiseau, qui ferma doucement les yeux sur un monde perdant peu à peu ses couleurs, au profit d’une nuit froide et solitaire. Au matin, l’aube offrit avec elle cette ère de renouveau que Lianne attendait. Les couleurs de l’aurore l’éblouirent et la firent frissonner d’appréhension et d’impatience. Il était plus que temps d’entamer sa propre vie…
Vint alors la période la plus calme et la plus heureuse de son existence. Son corps se développait rapidement, ses ailes prenaient de la force et l’emmenaient plus loin encore, son plumage n’aurait pu être plus blanc, et son chant résonnait dans l’air comme une mélodie grisante et rassurante à la fois. Seule, elle apprit à se forger une carapace infranchissable, barrière au chagrin. Elle apprit de la vie une philosophie si pacifique qu’elle en devenait déstabilisante. Elle voyait beaucoup de choses, en ressentait encore plus… mais se sentait toujours incroyablement calme et stoïque. Elle n’y pouvait rien… Elle n’avait pas pu rentrer au nid. Cela ne l’empêchait pas de chercher à être heureuse. Elle découvrit ce Monde dans lequel elle vivait, s’informa de ce qu'il s’y passait, et rencontra des amis proches, qui tour à tour s’évaporèrent de sa vie aussi rapidement qu’ils y étaient entrés.

Au cours de cette étrange période de transition, un lien commença à se créer entre elle et… cette autre personne qui était elle, mais sans l’être tout à fait. Au départ, elle ne comprit pas… Qui était-il ? Pourquoi venait-il parfois hanter ses rêves ? Lianne ne laissa pas ces questions de pure forme venir briser l’étrangeté de ce qu’elle vivait. Cet enfant blond n’était pas n’importe qui, elle le sentait dans chaque fibre de son corps, chaque frisson traversant ses plumes. Il avait l’air tout aussi perdu qu’elle, mais il l’observait de ses grands yeux bleus d’enfant naïf, une main dans sa bouche, l’autre tendue vers l’oiseau… Lianne n’avait pas eu peur. Au contraire… Encore une fois, l’instinct la poussa vers ce qu’elle savait être ce qu’il fallait faire. Les doigts du petit garçon étaient froids et tremblants. Il venait… d’avoir subi un choc. Un traumatisme… Quelque chose de très fort qui l’avait projeté ici, dans le sommeil de la colombe. Il avait besoin d’être rassuré… Peut-être avait-il lui aussi perdu le chemin de sa maison… Oui. Lianne savait que c’était de cela qu’il s’agissait. Elle effleura sans hésitation les doigts tendus du petit garçon, et un lien plus fort se forma entre eux, au moment où ses plumes frôlaient sa peau…

L’enfant sursauta légèrement, mais ne se braqua pas, comme l’oiseau l’avait pourtant imaginé. Alors elle suivit ce que son instinct lui chuchotait de faire. Lianne lui murmura des paroles réconfortantes, rassurantes, écoutant son histoire, ses peines, ses peurs… Il était seul, il était effrayé. Non… Maintenant ils ne seraient plus jamais tout à fait seuls.

Lorsqu’elle se réveilla, il n’était plus là. Plus tout à fait. Mais elle savait que rien ne serai jamais plus comme avant. Ni pour lui, ni pour elle… Elle aurait voulu le revoir, très vite… Mais leur lien était encore trop fragile. Enfant, il ne pouvait croiser son compagnon d’âme autant de fois qu’il le souhaitait dans ses rêves. Alors elle attendit. Patiemment, très patiemment, elle continua sa route, attentive au moindre sentiment qui n’émanait pas tout à fait d’elle, comme pour être au côté de celui qui lui avait donné timidement son prénom. Johan… Cela dura longtemps. Longtemps sans nouvelle du petit garçon qui avait surement grandi depuis, même si la notion de temps lui était bien étrangère. Elle s’inquiétait pour lui. Mais jamais de trop. Elle savait si bien faire la part des choses qu’elle finit par être connue, aux alentours des endroits qu’elle fréquentait le plus, comme celle à qui il fallait absolument demander conseils. Les Esprits qui apercevaient son plumage éclatant l’appelaient parfois, elle répondait d’un mouvement d’aile ou d’un claquement de bec…

Sans nouvelle de Johan, elle entama une nouvelle partie de sa vie… Qui commença par sa rencontre avec un Esprit qui lui ressemblait. Son plumage était plus sombre, plus sale, et son bec était noir, mais il avait cette sorte de bonté dans le fond de son regard, qui plut immédiatement à Lianne. On aurait pu dire que l’histoire se termina ainsi : ils se marièrent, vécurent heureux, et eurent beaucoup d’enfants… Certes, cela aurait pu. Mais un « mariage » d’oiseaux, ce n’est pas si commun, ils se contentèrent donc de construire un nid commun et de partager ensemble les doux moments de leur vie à deux. Ils vécurent heureux, oui… Cette partie de l’histoire ne fait pas défaut. Mais pas jusqu’à « la fin des temps », comme tout conte de fée qui se respecte… Ils eurent des enfants. Six petits oisillons magnifiques qui criaient leur appétit à la terre entière. Lianne découvrit alors le dur métier de mère, et avec son compagnon, entreprit de nourrir toute sa progéniture, avec une attention et un instinct protecteur qui allait en grandissant. Jusqu’à devenir inquiétant… Lianne savait qu’un jour ou l’autre, elle devrait faire ce que sa mère avait fait. Pousser doucement ses petits… et les laisser prendre leur envol, quitte à ne plus jamais les revoir. Et elle avait le cœur lourd d’y penser seulement…

Mais la colombe et sa philosophie calme savait qu’elle n’y échapperait pas… et qu’il était donc inutile de seulement nier cette évidence. Elle regarda ses enfants grandir avec amour et fatalisme, jusqu’au jour où ils furent assez grands pour commencer à déployer leurs ailes, et à réclamer de sortir à leur tour. Lianne échangea avec son compagnon un regard entendu, inspira profondément, et plaça délicatement le premier oisillon tout près du bord du nid, tout en lui murmurant des encouragements tendres. Et elle le poussa, doucement… Les autres suivirent. Le cœur déchiré mais paradoxalement serein, Lianne les observa prendre leur envol… en leur disant silencieusement adieu, comme sa mère avait dû le faire avant elle. Pourtant… pourtant, elle eut la surprise d’en voir revenir trois. Trois atterrirent délicatement dans leur nid avec de petits piaillements satisfaits, pour se rendormir aussitôt. Lianne sentit un soulagement mêlé d’inquiétude s’immiscer dans son cœur. Où dont étaient les trois autres ? N’allaient-ils pas revenir comme venaient de le faire leurs frères et sœurs ? Malgré ses résolutions, elle partit à leur recherche, son compagnon gardant le nid, après avoir essayé de la convaincre que c’était inutile.

Il y en a deux qu’elle ne retrouva jamais… Deux qu’elle ne revit plus. Mais elle se prit simplement à espérer qu’ils capturent le soleil, comme elle n’avait pas réussi à le faire elle-même. Quant au dernier… elle le vit enfin. La nuit tombait doucement, et le crépuscule colorait les bois d’une lueur inquiétante. Mais elle l’aperçut… C’était une petite tâche blanchâtre sur le sol… Le cœur de Lianne se retourna. Il y avait du rouge, sur cette tâche blanche minuscule. Elle perdit rapidement de l’altitude, poussée par son instinct de mère, mais ses sens de proie l’avertirent aussitôt d’un danger. Elle stoppa net sa descente et resta un long moment à planer au-dessus du petit corps inerte, jusqu’à ce qu’une ombre se glisse jusqu’à lui, celle d’un prédateur, un chat sauvage, peut-être, ou un renard, elle n’aurait su le dire… Il happa la minuscule tâche blanche dans sa gueule et disparut aussitôt, laissant Lianne en état de choc. Vide de toute émotion, de tout sentiment, la colombe aux ailes tremblantes parvint à retrouver faiblement le chemin de son nid. Là, elle aperçut les trois oisillons sagement endormis… et éclata en sanglots, avant qu’un sommeil agité ne la prenne.

Les rêves où elle rencontrait Johan se firent plus fréquents à partir de ce moment-là. Peut-être avaient-ils simplement tous deux grandi, tous deux évolué… Elle ne savait pas exactement. Mais elle était heureuse de pouvoir lui parler, le rassurer, l’écouter… C’était comme si cette petite tâche blanche qu’elle avait vu disparaître dans l’ombre, n’était pas totalement partie de sa vie. Johan, elle l’a toujours vu comme un enfant. Comme cet enfant apeuré la première fois qu’ils se sont croisés. Elle a toujours su que si elle le voyait ainsi dans ses rêves, ce n’était pas sans raison. Elle était là pour l’aider… Et elle comptait bien le faire. Souvent, ils se rejoignirent, elle tentant d’apaiser les doutes de son compagnon d’âme, et lui se repaissant de sa présence douce et maternelle. Autour d’eux, les choses changeaient, cependant…

Les trois petits oisillons furent assez grands pour quitter enfin le nid, et cette fois-ci, Lianne n’eut ni le courage, ni l’envie de les en empêcher. Son regard bleu suivit leur dernier vol, jusqu’à ce que leur plumage blanc se perde au milieu de la couleur pâle du ciel. Et tout se précipita… Quelque chose se passait… Elle n’arrivait pas en saisir l’importance, mais elle voyait les Esprits se regrouper en direction de Jili, la capitale, sur ordre du Roi Ours. Sage et responsable… mais aussi inquiète et méfiante, Lianne choisit de suivre le mouvement, non pas pour se perdre dans la masse, mais pour essayer de comprendre ce qu’il se passait. Erreur… Grossière erreur. Une fois installés à Jili, et tandis que Lianne commençait une enquête minutieuse sur les troubles qui agitaient leur monde, son compagnon fut appelé à pénétrer dans le Palais même du Roi. La colombe n’était pas là le jour où cela s’est produit… Elle avait eu une impression étrange que l’Ours commettait des actions qui les mettaient tous en danger. Johan lui avait raconté ce que son propre monde avait subi… Elle voulait trouver la solution. Comprendre.

Et puis… elle était revenue au nid. Il était vide. On lui avait expliqué que des gens étaient venus chercher son compagnon, et l’avait mené jusqu’à l’intérieur du Palais. Lianne eut une horrible vision qu’elle chassa de son esprit, sans pouvoir se détacher de cette impression de culpabilité. Et si c’était sa faute ? Si c’était pour la toucher, elle, que l’on s’en était pris à lui ? Le cœur brisé, les ailes fragiles, la colombe se laissa choir dans son nid vide… et elle ne le revit plus jamais.


Ambitions : Maintenant qu’elle se retrouve seule, les ambitions de Lianne sont différentes de celles qu’elle aurait pu avoir… Outre le bien-être et le bonheur de son compagnon d’âme, qu’elle souhaite de toutes ses forces, la colombe recherche avant tout la vérité. Elle veut comprendre ce qu’il se passe, découvrir pourquoi le Monde de son Humain a sombré, et surtout, pourquoi son compagnon n’est plus jamais revenu du Palais du Roi Ours. Et pour obtenir les réponses à ses questions, elle est prête à tout.
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Kanaw Llyr-Montgomery
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MessageSujet: Re: Lianne   Lianne Icon_minitimeMer 10 Sep - 13:39

Je validouille, il n'y a rien à redire.
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