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 Cravache & non-dits

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Opale de Frey
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Opale de Frey


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MessageSujet: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeMer 15 Juil - 21:17

[Cour intérieure]

Opale émergea de l’eau avec un bruit de clapotis. Elle chassa distraitement les mèches trempées qui lui collaient au visage, rejetant en arrière la masse sombre et bouclée qui lui tenait lieu de coiffure lorsque ses cheveux se mouillaient. Elle congédia Lys qui s’affairait avec ses produits de toilette et qui, apparemment, tenait absolument à la masser avec des huiles essentielles qui puaient, puis tâtonna à travers le tas d’affaire qui s’étalait à côté du baquet afin d’y trouver la serviette. Oui, quitte à obtenir un massage de quelqu’un, autant qu’il ait de la poigne, pour vraiment être utile à son dos bousillé. Pour une raison mystérieuse, le visage de Johan lui traversa l’esprit.

Tiens, en parlant de Johan. Elle s’essuya doucement le visage, veillant à ne pas trébucher sur la cravache noire qui traînait par terre. Que s’était-il donc passé, durant cette fameuse soirée ? Elle inspecta avec circonspection la blessure fine et allongée – professionnelle – que lui avait infligée Deloth. Elle mettait longtemps à cicatriser, cette pétasse, d’ailleurs… Mais ce n’était pas le nœud du problème. Qu’avait-elle bien pu faire à Johan pour qu’il ait cet air coincé dès qu’elle se montrait à moins d’un kilomètre carré à la ronde ? Bon, évidemment, elle se souvenait qu’ils s’étaient tous les deux remplis d’une quantité assez impressionnante d’alcool, mais ce n’était pas vraiment ça. Souvenons-nous…

La seule chose dont elle était sûre, c’était qu’il avait dit qu’elle était jolie… Puis que cette constatation l’avait amenée à avaler au moins deux cruches d’alcool. Et après c’était le Vide. Le Grand Vide. Elle s’était réveillée dans une chambre de la Taverne (la même que celle où ils avaient pris leurs dîners), sur le lit, avec un mal de crâne horrible. Et le pauvre Johan dormait sur le sol, et avait l’air … Un peu en vrac. Malgré sa tête qui l’élançait, elle se rappelait avoir été attendrie par son geste… Et aussi, bien qu’aucune torture ne puisse lui faire avouer, son sommeil et l’expression qu’il arborait dans son sommeil était tout simplement adorable. La capitaine des gardes, attachant à son cou un pendentif, sourit doucement.

Le voyant ainsi, elle avait effleuré ses cheveux de ses doigts, déposé une caresse sur sa joue…Et il s’était éveillé. Etait-ce juste cette petite marque d’affection, qui l’avait ainsi troublé ? Elle lui avait pourtant demandé, mais il s’était contenté de ne pas répondre. Etait-ce si compromettant ? Si horrible ? Qu’avait-elle pu faire ? Peut-être s’était-elle déshabillée sur une table, ou avait dansé de manière plus que suggestive ? Cela aurait au moins expliqué sa gêne… Mais cela restait peu satisfaisant, car cela n’expliquait pas qu’elle ait l’impression étrange d’avoir évolué de manière bizarre dans sa relation avec Johan…

Bref. Ses mains, moites et plus molles à cause de l’humidité, attrapèrent machinalement la montre à gousset dorée qui cliquetait doucement sous ses dessous en dentelle. Et elle poussa un cri strident, faisant accourir une Lys un peu étonnée. Ce n’était pas possible, pensa – t – elle en agrippant nerveusement un corset bleuté (son préféré, le plus facile à mettre). Elle était déjà en retard sur l’heure à laquelle elle était sensée arriver…

-Lys, vite, vite, aide-moi, je suis déjà en retard ! Lace le dos, je mets mes bottes !

La petite servante, poussant un grognement désabusé, s’attira un regard noir de la Capitaine des Gardes et décida finalement qu’elle avait intérêt à obéir. Elle avait l’habitude, la petite Lys, parce que depuis quelques temps sa maîtresse avait l’esprit un peu ailleurs, et oubliait les tâches qu’elle avait à faire. Alors, ce retard… Ca ne devait pas changer grand-chose, dans l’ordre des choses militaires, qu’elle ait un peu moins d’avance que d’habitude. Elle regarda d’un air blasé sa grande brune préférée chausser ses bottes, attraper son tricorne puis sa cravache. Lys eût un rire discret. Comme elle devait les mener à la baguette, ses gardes. Une cravache, carrément ! Paradoxalement, ce devaient être les gardes qui avaient peur, plutôt qu’elle, la servante… Rigolo.

La jeune brune sprintait à travers les couloirs, appelant au passage les gardes qui étaient de la première fournée : en effet, les entraînements, stratégiquement, étaient répartis en deux pour ne pas risquer une heure durant laquelle le château serait affaibli. Elle courait donc, sa cravache rangée à la ceinture, vers la Cour intérieure, passant souvent par le chemin le plus saugrenu – mais le plus rapide. Sautant de quelque toit, enjambant quelque serviteur dans un couloir, elle virevolta tel quelque animal agile jusqu’au lieu où, déjà, s’entassaient les plus zélés de ses soldats.

Evitant soigneusement le regard de Johan qui – comme les plus courageux – se tenait déjà à l’endroit convenu, elle retira d’un geste vif la cravache qui pendait à se ceinture, faisant siffler l’air du bout de l’instrument, et se décida à détailler du regard les rares présents. Les autres arrivaient au compte-goutte… Tant pis, elle commencerait sans eux.

Au milieu de la Cour, elle avait fait installer une machine élémentaire : une poutre installée sur des branches croisées en X, enterrées profondément dans le sol, et sur cette poutre des tonneaux. C’était, en somme, un cheval d’arçon dont les plateformes tournaient. Bien difficile, donc, que de traverser sur semblable appareil… Apparemment.


- Bien le bonjour, messieurs. Je vous dirais bienvenue à votre entraînement quotidien, mais…

Elle fit claquer sa cravache sur sa main, puis la passa derrière son dos.

- Mais je pense qu’après avoir fait connaissance avec ma dernière invention, vous allez plutôt … Ravaler votre orgueil.


Son sourire carnassier s’étira, et elle alla faire tourner l’un des tonneaux, qui émit un drôle de bruit.


- Le but de l’exercice : aller jusqu’au bout… Pour vous motiver, celui qui y arrive a droit à une bouteille de rhum, échangeable éventuellement si vous n’aimez pas le rhum. Je vous laisse faire les étirements, vous échauffer vous-même, vous êtes grands.

S’exécutant elle-même, elle entreprit de faire le grand écart, en profitant au passage pour nouer ses cheveux et critiquant de temps à autres les échauffements de quelques-uns de ses gardes. Et puis, régulièrement, elle lançait des regards inquiets à Johan. Qu’avait-elle bien pu faire de si mal, pour qu’il ait l’air aussi … Etranger ? Elle ne le reconnaissait presque pas… Où était leurs chamailleries, leurs rires ? Elle ne put expliquer cette angoisse qui ceignit son cœur lorsque la pensée l’effleura que tout cela disparaisse. Qu’allait-elle devenir, sans ses piques pleines de tendre affection ? Qu’allait-elle devenir, sans lui ? Qu’allaient-ils devenir, même, « eux » ? Ce « nous »… Elle ne voulait à aucun prix le perdre.

Ignorant les premiers volontaires qui tombèrent aussitôt - ayant tenté de traverser debout, elle se dirigea doucement vers son adjoint. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’il lui manquait ? Qu’elle avait peur ? Mais avait-elle seulement le droit de lui dire ? Elle passait sa vie à reposer sur lui… Décemment, il était impossible à Opale de tenter une phrase maladroite telle « Johan, je ne sais pas ce qui se passe mais… ».

Aussi, d’un geste psychologiquement presque aussi maladroit, elle effleura (du bout de son instrument noir, cette magnifique cravache qui ressemble trait pour trait à celle que je t’ai achetée) la nuque de son adjoint, presque tendrement, avant de changer d’avis et de la retirer brusquement, l’air de rien.

Ses joues, quelques peu rougies, se réchauffèrent instantanément, et pour pallier à cette faille dans son personnage de femme forte et indépendante, elle fit ce qu’elle n’aurait jamais cru faire, et déposa une tape de sa cravache sur le postérieur de Johan, lui adressant un air insolent.


- Allez, Johan, un peu d’énergie !


Dernière édition par Opale de Frey le Ven 17 Juil - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeVen 17 Juil - 15:52

Johan ne sut exactement ce qui le réveilla. Plus précisément… trop de choses achevèrent de le réveiller successivement. Il avait chaud. Terriblement chaud. Son sommeil avait été agité. Habituellement, lorsqu’il s’endormait dans une position, il ne bougeait plus d’un orteil jusqu’au réveil. Or, la nuit avait dû être particulièrement agitée, car son oreiller l’avait abandonné au profit du sol, il était recroquevillé en chien de fusil, en travers de son lit, et le drap, au cours de ses mouvements nocturnes, s’étaient tellement enroulé autour de lui qu’il l’étranglait presque. Ce fut peut-être l’impression d’étouffer qui l’arracha d’abord à ses songes.

A moins que ce ne fût les songes eux-mêmes, qui l’obligèrent à ouvrir les yeux, tant la réalité qu’ils proposaient était… déroutante. Le jeune homme se réveilla donc en sursaut avec la sensation douce et sucrée de lèvres déposées légèrement sur les siennes. Le contact l’avait tellement surpris par sa ressemblance avec la réalité, qu’il en avait bondit littéralement… s’était pris les pieds dans le piège qu’avait formé son drap autour de lui… et avait finalement roulé sur le sol avec un bruit sourd et un grognement désabusé.

Johan resta un moment immobile sur le sol, esquissant une grimace tout en ramenant ses mains devant son visage. Il allait finir par devenir fou… Il était en bonne voie, c’était indéniable. Le pire, dans tout ça, c’était qu’il n’en était même pas effrayé. Non… c’était une simple constatation. Elle allait le rendre fou. Et comment pourrait-il lui en vouloir ? Le jeune homme ouvrit les yeux en direction du plafond, et effleura machinalement ses lèvres du bout de son index, comme s’il avait voulu se persuader qu’il ne s’agissait que d’un rêve. Celui-ci en était un, oui… Mais le premier. Le tout premier n’aurait pu être comparé avec un songe. Johan sentit une vague chaleur, caractéristique, inonder ses joues d’une manière qui lui parut presque agréable.

D’accord… Du calme. Le jeune homme cligna des yeux et se redressa subitement en position assise, pour balayer sa chambre d’un regard morne. Tout était plus négligé encore qu’à l’accoutumée. Il n’aurait su se l’expliquer, mais il avait perdu… perdu le peu d’enthousiasme qu’il avait pour la solitude. Difficile à nier : il avait besoin de sa compagnie. Besoin d’elle, tout simplement. Le cœur de Johan loupa un battement. Il ne savait pas bien pourquoi cette révélation le rendait aussi…nerveux. Les souvenirs de ce qui s’était passé à l’auberge lui revenaient par vagues incessantes… parfois affreusement flous, et d’autres fois bien trop nets. Aurait-il préféré oublier, comme elle ? Le jeune second retint sa respiration. Non. Probablement pas.

Peut-être se faisait-il des idées. Oui, sûrement. Elle était sous l’emprise de l’alcool. Elle aurait pu embrasser n’importe quel autre garde qui l’aurait accompagnée à ce moment-là… non ? Pourtant, il y avait un doute. Un doute, presque un espoir. Espoir que Johan voulait refuser, de peur d’être plus encore blessé par une nouvelle désillusion. Il inspira profondément, se releva, et passa une main dans ses cheveux emmêlés. Peut-être devrait-il lui dire… Peut-être. Savait-elle jusqu’à quel point elle venait de troubler sa vie ? Il n’arrivait pas à regretter ce qui s’était passé. Pourtant… il se sentait mal à l’aise, chaque fois qu’il croisait son regard. Coupable. Comme s’il n’avait pas été loyal envers elle. Il n’aurait pas dû… Elle était ivre. S’il s’était comporté en véritable ami, il n’aurait jamais répondu à ce baiser qu’elle lui avait donné.

Un agréable frisson lui traversa la nuque, et il sentit ses lèvres esquisser malgré lui un sourire. Johan secoua la tête. Décidément… elle allait le rendre fou, pas de doute. Plongé dans des pensées plus que tortueuses, le jeune homme jeta un vague regard à sa fenêtre pour constater que le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Un détail purement technique vint pointer le bout de son nez à travers ses réflexions disparates. L’entraînement.

A ce détail succéda fatalement la pensée d’Opale. Troublé, Johan eut un instant d’hésitation. Il n’allait tout de même pas passer le reste du temps à chercher à l’éviter, ou à lui parler le moins possible. Elle lui manquait terriblement… Mais il avait peur. Peur de lui-même, de ses propres réactions lorsqu’il se retrouvait en face d’elle. Il avait si peur de fixer ses lèvres, si peur de dire ce qu’il ne devrait pas… de penser ce dont il n’avait pas le droit. Elle ne comprendrait pas. Elle lui en voudrait, peut-être. Serait-il capable de lui expliquer ? Il n’en était pas sûr.

Mais là n’était pas la question. Entraînement. Maintenant. Ce qui s’était produit ne devait en rien changer leur quotidien à tous les deux. Même s’il avait l’impression d’avoir basculé de l’autre côté du miroir. Johan retira sa chemise froissée par un sommeil agité, étouffa un bâillement, puis s’étira une dernière fois, avant de sauter dans des vêtements qu’il jugeait propre, de saisir son sabre, son poignard et son pistolet, et de claquer la porte de sa chambre. Il espéra de toutes ses forces ne pas la croiser dans les couloirs… Lorsqu’ils n’étaient que tous les deux… la tentation de perdre pied était encore plus forte. D’un geste machinal, il tenta de replacer quelques mèches rebelles au fil de sa course, et atteignit sans encombre la cour intérieure… où il put constater aisément qu’il était loin d’être en retard, puisque seuls deux courageux étaient arrivés avant lui.

Les deux soldats en question étaient assis à même le sol de la cour, et en s’approchant, Johan put constater qu’ils jouaient aux dés. Parfait. Cela aurait au moins le mérite de lui changer les idées. Sans l’ombre d’une hésitation, le jeune homme salua ses « camarades d’infortune » et se laissa tomber à leurs côtés. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour prendre part au jeu. L’avantage, c’est qu’il eut tendance à oublier momentanément son malaise. Le désavantage, c’est qu’il était tellement pris dans le jeu qu’il sursauta violemment au son de la voix d’Opale. Le jeune homme se releva d’un bon, droit comme un piquet, le regard fuyant. Elle était là. C’était plus fort que lui… Déjà, il sentait la chaleur s’immiscer progressivement sur son visage. Il se maudit d’être ce qu’il était, et tenta de se concentrer sur les paroles de sa supérieure, plutôt que sur la proximité de ladite supérieure.

Ses yeux furent attirés par ce qu’il avait omis de remarquer jusqu’à présent. A savoir : une nouvelle invention qui ressemblait sensiblement, à son humble avis, à une nouvelle façon de torturer les gardes. Dont lui, d’ailleurs. Johan ne put empêcher un petit sourire charmé, qu’il tenta de ravaler lorsqu’Opale esquissa elle-même un sourire carnassier. Ok. Si elle essayait de les faire flipper, il valait peut-être mieux qu’il arrête de sourire comme un débile, niveau discrétion ça irait mieux.

Malgré sa tendance à laisser ses pensées dériver, bien indépendamment de sa volonté, Johan se montra particulièrement attentif quant à la consigne de l’’exercice. Comme toujours, en somme. Sauf que là… Il évitait soigneusement de regarder directement Opale, et concentrait tous ses efforts sur l’étrange machine, qui promettait des heures de douleurs. Presque comme un automate, il commença à s’étirer comme il avait coutume de faire, même si ses gestes étaient plus lents et moins sûrs qu’à l’ordinaire. Quelque chose avait changé, il ne pouvait pas le nier. Et il était incapable de dire si c’était une bonne, ou une mauvaise chose. Sa seule certitude était la suivante : ils ne pouvaient pas en rester à ce statut quo insupportable.

Statut quo qu’il avait lui-même instauré, soit-dit-en-passant. Devrait-il lui parler ? Engager la conversation comme si rien ne s’était passé ? Comment avant ? Quelques boutades affectueuses pour retrouver leur complicité ? Il n’était pas sûr d’y arriver… Et puis zut, qu’est-ce qu’il faisait chaud ! Après avoir vérifié que d’autres avant lui avaient fait de même, histoire de ne pas se faire remarquer, Johan retira sa chemise et continua encore un peu son propre échauffement (sans jeu de mot débile), avant de croiser les bras et d’observer d’un œil distrait les premiers volontaires qui tentèrent de s’opposer à la machine diabolique.

Johan ne put s’empêcher de sourire, encore une fois. Connaissant Opale, il y avait un truc. Elle avait parlé de rabaisser leur orgueil. Le but de l’exercice était donc d’éviter la technique de mâle bourrin, forcément. Tenter de traverser debout –et en courant, pour certains suicidaires- était sans doute la pire à adopter. Le côté pragmatique de notre Jojo prit momentanément les commandes, et se concentra exclusivement sur la réussite de l’exercice. S’il n’était pas recommandé de traverser en marchant… comment diable fallait-il s’y prendre ? Il y avait forcément une façon de faire. Une seule ? Johan esquissa une grimace… et fut interrompu dans ses réflexions hautement philosophiques par… par il-ne-savait-trop-quoi qui lui chatouilla la nuque. Un insecte, une mouche peut-être… Par réflexe, il se frotta la nuque à la recherche du coupable…

… et crut faire une crise cardiaque en sentant la cravache d’Opale lui tapoter le postérieur. Pris de court, le jeune homme se retourna vivement, la bouche entre ouverte, l’air… pour le moins stupéfait. L’expression presque insolente de la jeune brune, et ses yeux, qu’il croisa malgré lui un court instant le déstabilisèrent plus encore.


- Je…

Allez, une phrase complète, c’était faisable, non ? Peut-être, peut-être… Avec un petit effort. Il se mit à sourire légèrement, charmé, et eut envie de se pendre pour son peu de discrétion. Elle était juste en face de lui. Si près d’elle, il se sentait démuni… Nu, en quelque sorte. Bon, d’accord… Techniquement, il n’était qu’à demi-nu, mais tout de même. D’ailleurs, à la réflexion… il aurait beaucoup aimé se rhabiller.

Johan secoua la tête pour mettre un peu plus d’ordre dans ses pensées. C’était vraiment n’importe quoi… Bon. Un effort. Ou du courage. Ou les deux. Elle cherchait à communiquer. Elle cherchait à retrouver une complicité que lui non plus ne voulait pas perdre… Alors il pouvait bien l’aider à la retrouver, non ? Oui. Il avait besoin d’elle. Et peu importe ce qui s’était passé. Il voulait juste être avec elle. Lui sourire et la voir sourire.

Prenant son courage à deux mains, Johan cessa de focaliser sur les beaux yeux d’écume en face de lui, oublia ses joues brûlantes, et esquissa une moue amusée, en échangeant avec la jeune femme un regard entendu.


- Sauf ton respect, chef… J’ai comme l’impression que ce n’est pas une question d’énergie, là.

Il esquissa un petit signe du menton en direction de la machine diabolique, comme il avait décidé silencieusement de l’appeler.

- Te connaissant… Il y a un truc.

Le jeune homme pencha légèrement la tête sur le côté d’un air interrogateur, avant d’ajouter, avec cette expression angélique qui le caractérisait sans doute un peu trop.

- Tu comptes me regarder me vautrer comme tous les autres… ou tu veux bien m’épargner le ridicule et me montrer comment toi, tu t’y prendrais ?

Nouveau geste du menton en direction de la machine, et Johan en profita pour détourner les yeux, de peur de ne pas réussir à paraître nonchalant encore bien longtemps. Elle était si près. Il était si bête.
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeVen 17 Juil - 22:29

Ah. Au moins, il n’avait pas changé. Une sensation de plaisir coupable s’insinua insidieusement dans le cœur d’Opale, chatouillant sa cage thoracique comme un éclat de rire soulagé. Avait-elle bien fait ? Elle n’aurait su le dire. Pourtant, cette expression si familière, si divertissante aussi, de la perplexité intense de son adjoint avait quelque chose de fondamentalement rassurant, tel une… Maison. Un chez soi. Ou tout du moins, la certitude que Johan était toujours le même, perspective qui venait quelque peu calmer ses angoisses de le perdre - à cause d’une beuverie dont elle n’avait même pas souvenir. Baissant un instant les yeux, un sourire rassuré sur les lèvres, la jeune femme nota avec affection le « Je » balbutié à la va-vite, l’ajoutant silencieusement à la liste des choses qu’il lui faudrait graver au fond du cœur.

Tripotant de ses longs doigts graciles le bord de son tricorne, cachant un instant à la vue du jeune soldat ses deux yeux de ciel orageux, Opale soupira, et se mit à cogiter. Ca ne voulait absolument rien dire, il fallait qu’elle s’en souvienne, qu’elle arrête d’extrapoler. Ce n’était certes pas parce que Johan Grey restait le coincé timide qu’il avait toujours été, ou parce que ses réactions suivaient le plan habituel que la trêve était signée. Elle se mordilla la lèvre, tête baissée vers les graviers qu’elle dérangeait du talon, tapie sous le bout de son couvre-chef. Enfin, pour ne pas se mentir à elle-même, elle ne réfléchissait guère : elle attendait que le silence se brise. Qu’enfin, sa voix d’homme-gamin retentisse contre ce mur qui s’était dressé comme une muraille insupportable dans leur complicité. Que le son rassurant de sa voix chaude vienne lui prouver qu’elle s’était inquiété pour rien, que ce « nous » confortable qu’elle révérait autant n’était pas en train de lui filer entre les doigts.

Son menton se releva brusquement, faisant tressauter quelques mèches sombres qui dansèrent devant son nez. Il avait parlé. Là, maintenant. Lui aussi, voulait cesser ce qu’elle considérait comme un gouffre immense dans sa vie… Le jeu, les piques, l’affection, les répliques, cela allait reprendre dès maintenant. Elle s’en voulut pour la joie incommensurable qui vint se montrer dans sa poitrine. Elle était droguée. Complètement dépendante de lui. C’était à n’en rien comprendre… Elle était prisonnière de son bon vouloir. Pourquoi ? Parce que rien d’autre ne venait remplir sa vie… Sinon lui. Ou même, Lui (corrigea-t-elle intérieurement). Il avait gagné cette majuscule. Du vide, du noir, il était venu avec ce jeu de douce chamaillerie. Et, seule lumière dans l’obscurité, il devenait peu à peu sa seule raison d’être. C’était pathétique, pensa Opale d’elle-même.

C’était pathétique, mais… Mais. Peu importe. Oui, qu’en avait-elle à foutre, après tout ? Elle, Opale De Frey, qui ne s’était jamais préoccupée des opinions de la populace, en venait à avoir honte de ce que les autres ne pouvaient voir ? Voilà, ce qui était pathétique ! Ne plus se concentrer sur ça, l’important était ailleurs. Il était là. Son adjoint, son meilleur ami, son naïf, sa victime, son gardien, son Johan était là. Voilà tout ce qui pouvait bien compter à cet instant précis… Hm, bien qu’il soit arrogant de parler d’instant précis, vu le bonheur et la paix que lui apportaient sa présence.

Ses yeux s’arrondirent légèrement lorsque, enfin (mais s’était-il écoulé trois secondes ou trois heures, pour qu’elle ait le temps d’être soulevée de joie ?), parvinrent à son cerveau les quelques mots que lui avait glissé Johan. Pas une question d’énergie, sa magnifique invention ? Certes non, mais un peu de dynamisme ne lui ferait pas de mal.

- L’énergie de l’esprit serait déjà beaucoup demander, je crois…

Prononça-t-elle distinctement, observant Eren avancer bien plus loin que les autres avant lui grâce à des acrobaties et, elle devait l’avouer, pas mal d’agilité. Dommage, la chute fit plus mal.

Elle ne reporta son attention sur Johan que lorsqu’il parla de « truc ». Ah, c’était l’un des problèmes avec Johan en tant que garde. Il écoutait vraiment ce qu’elle disait, et tirait toujours des conclusions. En somme, contrairement à beaucoup, il cherchait à comprendre où elle voulait en venir, toujours. Ce qui faisait défaut à bon nombre d’entre eux…Pour tout résumer, Jo se distinguait par son attention. Ce qui d’ailleurs, pouvait sembler étrange : étant second, il n’avait rien à prouver à personne, se distinguant déjà par le rang qu’on lui avait octroyé.

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire charmant, le même que celui qu’elle avait adressé à un serveur la veille. Tout en fossettes et en malice, le visage d’Opale rayonnait, soulagé, dans son élément. Elle laissa échapper un rire tintant, plongea ses yeux perçants dans ceux de son meilleur ami avec espièglerie. Un truc... Une astuce….

- Tu me connais trop bien, Johan.

Un instant, son expression se fit gamine, contraste détonnant avec la cravache qu’elle tenait dans la main. Cependant, ce genre de paradoxe constant faisait partie d’Opale. Rien d’étonnant, donc, rien qui puisse surprendre son meilleur ami. Ou peut-être que si.

Puis, innocemment, il tenta d’échapper au supplice. Ah, elle l’avait ferré. S’il demandait déjà grâce, c’est qu’il n’avait pas la clé de l’énigme, pas l’astuce. Bien farouche celui qui résisterait à ses idées, puisque même son Jojo, sachant environ ce qu’il devait trouver, s’y perdait…

Tiens, et si c’était une chance de lui tirer les vers du nez ? Prédatrice, presque sensuelle, elle s’approcha de lui, arborant une expression que le soldat Grey ne pouvait que trop connaître : elle attaquait. Avec mesure, certes, pour tirer des informations, mais elle attaquait. Ses lèvres se retroussèrent, et elle enleva d’un geste habile le tricorne qui couvrait sa tête, faisant mine de s’en ventiler comme une dame de la Cour en mal de séduction.

- Ne crois pas que je vais t’éviter de tenter ta chance juste parce que tu es intime avec la Capitaine des Gardes, mon petit chéri… A moins peut-être… A moins que tu ne me dises ce que j’ai fait de troublant, ce soir-là où nous sommes tombé dans l’alcool ? Peut-être ? Hm ?

Feignant l’innocence, elle plongeait les yeux dans ceux – si purs – de son blondinet. Allait-il céder ? A moins que la ruse ne marche, elle n’avait en tous cas pas l’intention d’attendre bien longtemps avant de rabattre le caquet aux mâles. Encore une petite quintaine, et elle irait faire sa démonstration … Chose que Johan n’avait, remarquez, pas besoin de savoir.

- A moins qu’il n’y ait quelque chose pour te motiver ? Autre chose que la bouteille de rhum, si tu parviens au bout… Un baiser, une pièce d’or ? Une dague neuve ? Un caniche ?

Quelques gardes, épuisés, roulèrent devant elle et elle déclara, d’un ton hautain autant qu’amusé, visiblement contente de maîtriser la situation :

- Ah, j’adore quand les hommes se traînent à mes pieds !

Cet effet d’arrogance se brisa net sur le rire qui retentit comme un son de clochette au-dessus de la cour.
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeSam 18 Juil - 11:37

Ouf, il l’avait fait. Il avait parlé. Il avait fait ne serait-ce qu’un tout petit pas vers elle… Il ne sut pourquoi cette idée le rassurait à ce point. Rien n’était perdu. C’était juste… juste une petite passade, n’est-ce pas ? Tout allait rentrer dans l’ordre. C’était si facile, de se retrouver. Il n’avait pas eu de si grands efforts à fournir. Elle était juste là… juste en face de lui, et elle souriait. Qu’aurait-il pu espérer de mieux ? Rien. Ou bien… Le cœur de Johan eut un petit pincement réprobateur. A quoi s’apprêtait-il à penser encore ? Il devait se maîtriser. Pour rien au monde il n’accepterait de gâcher ce qu’ils avaient. Il avait besoin d’elle comme elle était maintenant. Charmante, souriante… heureuse ? Il aurait aimé en être sûr. Mieux encore… il aurait tellement voulu en être la cause. Elle était si jolie. Si forte, et si fragile à la fois. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’il lutte contre une folle envie de la serrer contre lui, juste pour s’assurer qu’elle existait vraiment ? Juste pour lui prouver que lui, était là. Que lui, ne l’abandonnerait jamais.

Johan ne sut combien de temps il demeura immobile à ressasser des pensées qui n’auraient jamais dû lui traverser l’esprit. Avaient-ils l’air si stupide, comme ça, l’un en face de l’autre à s’observer en chien de faïence ? Souriait-il ? Il n’arrivait même plus à en être conscient. C’était comme une seconde nature, en sa compagnie. Comme s’il ne maîtrisait plus la moindre de ses expressions. Moins encore qu’à l’ordinaire… Il dût serrer le poing pour lutter contre un étrange instinct qui le poussa à tendre la main pour effleurer la joue de la jeune femme. Il avait l’impression de vouloir lui dire des tas de choses… mais aucune n’était assez nette. Il voulait lui expliquer… Sa conduite. Le fait qu’il refusait de la perdre. Lui assurer qu’il ne partirait jamais. Qu’il ne voulait rien changer à ce qui se produisait.

Ce qui se produisait… Mais… quoi exactement ? Johan cligna des yeux. S’il laissait à un espoir fou le temps de gagner du terrain, il serait bel et bien devenu fou. Non. Pas question de la perdre à cause de sentiment qu’il n’aurait pas su gérer. Hors de question. Il fallait bannir ces doutes. Bannir cette folie qui donnait à Opale une allure de précieux interdit. Comment pouvait-il songer à tout cela maintenant, alors qu’elle était là, qu’elle le regardait ? Penser à autre chose… Ne plus la regarder avec autant d’insistance… L’écouter, plutôt, et reprendre leur petit jeu.

Le jeune homme esquissa un léger sourire lorsqu’il entendit son… son amie prétendre que l’énergie de l’esprit serait trop demander à ses gardes. Le timing était parfait, puisque ce fut le moment que choisit Eren pour faire sa propre tentative –presque réussie, il fallait bien l’avouer- et se vautrer un peu plus violemment que les précédents. Johan l’observa se relever du coin de l’œil, et lui fut momentanément reconnaissant de faire dévier ses pensées d’Opale. Il eut une petite grimace, approuvant les paroles de sa supérieure en accompagnant le tout d’un léger mouvement de tête entendu en direction d’Eren. Certes… l’énergie de l’esprit, c’était beaucoup demander. Il haussa les épaules, et s’apprêtait à répliquer quelque chose, lorsqu’il se produisit un évènement inattendu.

Inattendu du point de vue johanien, bien entendu. Opale lui accorda un sourire… hautement déstabilisant. D’accord, elle était constamment charmante. Mais quand elle cherchait sciemment à l’être, cela en devenait un véritable instrument de torture. Elle était si jolie. Son sourire était si vrai, si lumineux. Elle était à la fois… enfantine et séductrice. Le jeune homme sentit malgré lui un agréable frisson remonter le long de sa colonne vertébrale et chatouiller sa nuque. Il dût se faire violence pour ne pas reculer d’un pas face à son regard espiègle. Reculer… pour éviter de s’approcher plus encore. Elle jouait n’est-ce pas ? Ils continuaient de jouer… Alors il avait définitivement perdu. Dire qu’il était d’habitude si mauvais perdant… Il aurait donné son âme pour ne surtout pas remporter la partie. S’il avait été en totale possession de ses moyens, peut-être se serait-il trouvé particulièrement pathétique.

Et là, maintenant… que fallait-il faire ? Il sentit le rouge lui monter aux joues, tandis qu’Opale s’approchait d’une manière qui lui parut affreusement sensuelle. C’était lui, ou bien faisait-il vraiment chaud, ici ? D’accord, du calme… Du calme. Fermer les yeux, peut-être que cela pourrait aider. Impossible. Comment pourrait-il fermer les yeux alors qu’elle était si près et si belle ? C’était trop lui en demander. Et puis… une petite voix, minuscule souvenir de son orgueil, lui fit judicieusement remarquer que fermer les yeux serait identique à rendre les armes. Et alors ? Il aurait tellement voulu la laisser gagner…

Mais gagner quoi, d’ailleurs ? Johan entre ouvrit la bouche en découvrant le « marché » qu’Opale venait de lui proposer. Machinalement, ses yeux dérivèrent en direction des autres gardes. Avaient-ils entendu ? Et qu’est-ce que cela pouvait bien faire, au fond ? Il secoua la tête et reporta son regard jusqu’à elle… pour constater avec un petit frisson qu’elle cherchait à plonger ses yeux dans les siens. Johan retint malgré lui sa respiration. La balle était dans son camp… ou pas. Il ne savait plus. Que devait-il faire ? Continuer de lui cacher « l’incident » ? Pourquoi ? N’avait-elle pas le droit de savoir ? Mais que dirait-elle ? Il n’avait pas peur de le lui dire, en réalité… Il avait peur de ce qu’elle, en dirait. Cette révélation le prit de cours, et il balbutia dans un souffle.


- Je… C’est… Attends…

Attends quoi ? Il ne savait pas. Quelques secondes de répit, peut-être… Il avait l’impression d’être pris dans un tourbillon, à la fois effrayant et grisant. Et puis… c’était quoi, cette voix ironique, au fin fond de sa tête, qui reprenait incessamment en écho « mon petit chéri… mon petit chéri… » en une litanie abrutissante ? Il était déjà dément, il ne voyait pas d’autre explication. Et pendant ce temps, Opale ne trouvait rien de plus approprié que de continuer à jouer, sur le même terrain qu’elle connaissait si bien… Un caniche, une dague ? Un baiser ? Pourq… Le cœur de Johan loupa un battement, et il ferma les yeux, cédant probablement un instant à la lâcheté.

Le temps pour Opale de se moquer gentiment de ses gardes… Tout juste le temps. Car à peine avait-elle laissé échapper un rire doux au-dessus de la cour, que son second rouvrit des yeux étonnamment décidés, et lui agrippa le bras sans plus prévenir. Lui-même fut surprit de la soudaineté de son propre geste, mais ne s’arrêta pas pour autant.


- Allons juste… juste un peu plus loin, réussit-il à articuler malgré la température de ses joues, et probablement du reste de son corps également.

La peau du poignet de la jeune femme était si fraîche, contre sa main tiède, qu’il retint presque un sursaut. Discrètement, il esquissa quelques pas en arrière, laissant les gardes à leurs expériences diverses pour venir à bout de la machine diabolique sans l’aide de leur terrifiante supérieure et de sa fameuse cravache. Et là… là, le courage recommença à le fuir. Il baissa la tête, laissant ses boucles blondes balayer doucement son front et cacher en partie son regard.


- D’accord, je… Je vais te dire ce qu’il s’est passé… Pas parce que je veux éviter cet exercice débile à tout prix, mais parce que j’estime que tu as le droit de savoir. Mais ne dis rien, d’accord ? S’il te plaît, ne dis rien…

Le regard bleu ciel du jeune homme se releva doucement jusqu’à Opale, comme une faille. Un immense gouffre d’innocence. Une supplique ? Sa voix était toujours aussi douce qu’à l’ordinaire, mais plus faible. Comme altérée.

- Je… Tu étais ivre. Enfin… moi aussi, mais… moins, peut-être. J’aurais pas dû… Tu voulais pas qu’on danse, alors tu… tu m’en as empêché en t’asseyant sur mes genoux. Et puis… tu m’as embrassé. On s’est embrassé.

La rectification n’était pas sans importance. Il n’avait pas été la victime. Il lui avait rendu son baiser. Il n’aurait pas dû. C’était un manque de respect, non ? Alors pourquoi n’arrivait-il pas à regretter ? Son cœur battait fortement contre ses côtes, presque douloureusement. Il ne se rappelait pas avoir jamais eu aussi peur de toute sa vie. Peur d’une simple réaction. Mais laquelle espérait-il, et laquelle craignait-il ? Il n’en savait rien lui-même. Ses joues avaient viré au rouge vif, et il se balançait d’un pied sur l’autre, les yeux résolument baissés vers le sol, comme un enfant qui aurait fait une bêtise. S’il l’avait pu, peut-être aurait-il tout simplement disparu sous terre.

Voilà, il l’avait dit… Et maintenant ? Quoi faire ? Attendre, simplement… Non. Il ne voulait pas qu’elle puisse penser qu’il oserait… Il ne voulait rien gâcher entre eux. Il ne voulait pas qu’elle lui en veuille, c’était aussi simple que ça. Et si… s’il se contentait de continuer à jouer ? Le pourrait-il vraiment ? Avec un effort surhumain, Johan réussit à esquisser un sourire qu’il voulut le plus malicieux et décontracté possible, ce qui était… très loin d’être convaincant, surtout pour une personne comme Opale, qui le connaissait si bien.


- Tu vois… Le… le baiser je l’ai déjà eu… Mais si tu es vraiment capable de me trouver un caniche… je le prends, une fois que j’aurais maté ton engin infernal.

Tentative bien pâle d’humour, alors que Johan avait littéralement le cœur au bord des lèvres, et les genoux aussi fragile que du cristal.
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeSam 18 Juil - 13:03

Le balbutiement, elle s’y était attendue. Après autant de froid malaise, elle se doutait que le nœud du problème devait être gênant pour lui. Ce ne fût pas ça qui la surprit, pas ça qui lui fit comprendre que c’était bien plus grave qu’une partie du corps dévoilée ou autre bêtise. Ces yeux décidés. Cet air farouche, sur un visage connu pour sa naïveté. Et sa main, autour de son poignet, qui se referma fermement pour l’entraîner « juste un peu plus loin ». Oui, tout cela, tous ces petits détails faisaient de Johan un soldat. Un combattant. Voilà ce qui l’intima à repenser la gravité du problème : il ne se préparait pas à affronter ses moqueries, il se préparait à un combat. Un combat, où, souvent, on se blesse et même, parfois, on meurt. Oh, non pas qu’elle craigne un risque quelconque de blessure physique, mais ce regard-là indiquait tout de même que son adjoint craignait d’être atteint gravement, ou du moins s’y attendait fortement. Où pouvait-il être blessé ? Elle n’aurait su le dire. Pourtant elle ne put empêcher l’angoisse de lui ceindre le ventre devant le spectacle d’un Grey qui, à son tour, baissait la tête… De quoi pouvait-il avoir aussi peur, mon dieu ?

Et cet ordre, cette supplique de ne faire aucun commentaire ? Qu’avait-il bien pu se passer, dans cette fichue taverne ? Elle pensait que ce ne serait qu’une quelconque idiotie, un truc stupide dont ils pourraient rire ensemble… Et voilà qu’elle se trouvait face à une terreur sans nom, un abîme qu’elle ne connaissait que trop. Elle entrouvrit la bouche, puis la referma, non sans avoir un instant hésité. Avait-elle vraiment envie de savoir ? Si c’était si terrible, lui fallait-il vraiment ?

C’est étrange, comme le temps s’étire sous l’effet de la peur. Suspendue aux lèvres de Johan, Opale sentait les secondes s’égrener, chaque mot se décomposer lentement en syllabes, former aussi lentement qu’un escargot malade du sens. Sens qui mena jusqu’au « et puis ». Le terrible « et puis », qui serra sa gorge et étouffa son cœur. Cœur dont les battements se ralentirent.

Jusqu’à s’arrêter complètement. Ou du moins, elle en eût l’impression. Un baiser. Voilà, c’était dit. Elle n’aurait rien pu imaginer d’aussi troublant. Elle avait violé son intimité, presque, l’avait quasi-agressé … Non. Il avait rectifié. On. On s’est embrassé. Voilà qui changeait tout. Ou pas. Qu’est-ce que cela changeait, exactement, un baiser ? Oh, elle le savait bien, ce que ça changeait. Trop bien, même. Mais elle n’avait jamais vraiment eu le temps d’y réfléchir… Jamais vraiment pensé à lui de cette façon-là… Enfin, si. Le jeu de chamaillerie correspondait un peu à un jeu de flirt, souvent, mais…Il était son meilleur ami… Elle allait tout gâcher….

Le regard qu’elle arborait alors avait quelque chose de douloureux. Pas de torturé, pas d’étonné, mais de douloureux. Et coupable, très coupable. D’une voix blanche, elle tenta de se raccrocher aux dernières paroles de Johan. Sans beaucoup plus de succès que lui.


- Tu… Tu sais que j’en suis capable, ne me provoque pas, hein…


Son esprit était ailleurs. Johan. Johan, le courage qui manquait à sa lâcheté. Son meilleur ami. Son Soleil. Son camarade de jeux, son camarade de vie, son camarade dans les pires combats. Son blond, son adjoint, son aide à la détente personnel. Son… Son cœur eût un battement étrange devant la perspective nouvelle qui s’étalait devant elle en la personne de Johan Grey. Indéniablement, oui, elle l’aimait. Peut-être de façon plus jeune, plus fraîche que l’amour craquelé, fissuré et douloureux qu’elle portait à Kanaw, mais de façon plus agréable aussi. Plus heureuse. Fixant le sol comme si sa vie en dépendait, la jeune femme se sentait complètement perdue. Evidemment, il avait été sa drogue, la seule chose qui lui permettait de survivre. Mais permettre encore plus d’importance, qu’est-ce que ça donnerait ? Souffrir, encore ? Elle n’aurait pu supporter de le perdre aussi.

Et puis rien ne prouvait qu’il l’aimait, lui… Pourquoi aurait-il voulu plus que ce jeu agréable, quand aller plus loin voulait dire s’occuper de panser toutes ses blessures, porter sur son dos toutes les cicatrices d’un passé fantôme ? Elle remarqua avec calme qu’elle tremblait, entreprit de s’assoir, puis au prix d’un effort important, parvint à hurler.


- L’entraînement est reporté.

Son cœur s’était remis à battre, a présent si actif qu’elle sentait presque toute sa poitrine se soulever au gré de son bon vouloir. Elle ôta son tricorne, distraite, le balança un peu plus loin, puis se passa les deux mains dans les cheveux. Sa vie était un tel bordel… Il fallait qu’elle se reprenne. Que voulait-elle dans la vie ? Au fond ? Hé bien… Outre son métier qui ne la dérangeait pas, elle voulait… Pour être heureuse, elle voulait qu’on l’aime. Que quelqu’un prenne soin d’elle, et l’épouse un jour, lui fasse un ou deux enfants qui pourraient jouer avec Ciryan, et… Le seul capable d’occuper cette place n’était certes pas Kanaw. Celui qu’elle voyait à cette place… Le seul qui était un souffle d’espoir, qui avait son présent et son futur… C’était Johan.

Un peu calmée, mais toujours fébrile, elle se remit à réfléchir. Bon, maintenant qu’elle se l’était avoué, que Johan était sa seule chance d’être heureuse et chérie… Lui… Lui qui était troublé par sa présence, qu’en pensait-il ? Et avait-elle raison de penser à un futur alors qu’il n’était question que d’un baiser ? Peut-être ne voulait-il que coucher avec elle ? Heu…. Une ombre de sourire vint un instant éclaircir son visage. Non, ce n’était pas parce qu’elle le voyait de façon nouvelle qu’il fallait le transformer en quelque chose qu’il n’était pas. En fait… Elle l’avait déjà vu en tant qu’homme. Le jour où il l’avait sauvée, juste avant. Lorsqu’il était venu la prendre dans ses bras, elle avait noté… Elle l’avait vu tel qu’il était…

Ne se sentant pas de commencer réellement une discussion à ce sujet, elle murmura, à l’adresse du pauvre bougre qui, elle l’ignorait sans doute, devait suivre chacun de ses mouvements.


- Et toi, est-ce que… Ca veut dire quelque chose pour toi ?


La jeune femme écouta sa réponse, tremblant toujours, redoutant ce qu’il dirait, puis, peu importe, vint s’approcher de son ami… De son aman… De son Johan.

- Tu pourrais me prendre dans tes bras ?

Doucement, elle vint poser sa tête sur son épaule.
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeSam 18 Juil - 20:38

Pourquoi fallait-il qu’une simple discussion vire au duel au soleil ? Parce que ce n’était pas une simple discussion. Voilà pourquoi. Johan se demanda vaguement s’il s’agissait de son imagination, ou si le sol était bel et bien en train de se dérober sous ses pieds. Il n’aurait pas été surpris d’être soudainement englouti par un abîme, sorti tout droit du néant. Après tout… il était déjà là, cet abîme. Dans son cœur. Du moins… c’était ainsi qu’il appelait cette sensation de vide et de froid, quelque part en lui. Une absence. Un manque. De quoi ? S’il l’avait su… l’abîme n’aurait plus eu lieu d’être, n’est-ce pas ? Une seule chose était certaine. Il n’y avait quelle pour vaincre ce vide. Que ses yeux, son visage, sa voix… Elle, telle qu’elle était. Pas une image sublimée, pas un quelconque fantasme, pas ce qu’il croyait voir… Non, juste elle, là. Elle, qui n’était pas plus bavarde que lui. Elle, qui ne bougeait pas davantage non plus.

Le temps semblait avoir interrompu juste pour eux sa course folle. Cela effraya Johan plus encore… Le silence d’Opale… son absence de réaction immédiate. C’était pire encore que ce qu’il croyait. Il réalisa subitement que ce n’était pas sa réaction dont il avait peur, en réalité. Mais son manque de réaction. Son cœur battait à un rythme irrégulier, parfois trop rapide, parfois trop lent, comme s’il butait sur chaque pavé d’une longue, trop longue route. S’il ne supportait pas le choc, Johan ne lui en voudrait pas… Chaque respiration était brûlante. Chaque mouvement, même infime, comme un battement de paupière, lui semblait de trop. Lui, était peut-être de trop. Le vent sur sa peau lui paraissait le pousser en avant. Le pousser à quoi ? N’avait-il pas déjà tout dit ?… Non. Peut-être n’était-ce que le commencement.

S’il ne sut déterminer à quel commencement il songeait, l’idée même fit naître un léger soulagement au fond de son cœur. Soulagement qui reflua bien vite lorsque le jeune homme osa très doucement relever la tête, et découvrit, à travers un rideau de boucles blondes, le regard douloureux et coupable d’Opale. Il ne sut ce qui le blessa le plus. La douleur de la jeune femme ? Ou bien sa culpabilité, que Johan analysa presque comme des remords ? Bien sûr… Elle regrettait ce qui s’était passé, c’était normal, non ? Lui, n’y parvenait pas… Etait-il mauvais pour autant ? Sa conduite n’avait pas été celle d’un véritable ami. Son meilleur ami. S’il l’avait vraiment été… il l’aurait repoussée. Doucement, certes, mais il n’aurait pas profité d’un moment de faiblesse pour accepter un gage de tendresse qui ne devait pas lui revenir.

Un baiser… Après tout, était-ce si important ? La terre se disloquait sous ses pieds à cause d’un simple baiser… Mais c’était ses lèvres à elle, contre les siennes. Un instant, trop bref, qui avait ouvert bien des portes. Bien des chemins, qu’il n’avait jusqu’alors pas même envisagés. N’étaient-ils que des amis ? Johan retint sa respiration. Il n’aurait su ce qui se cachait derrière ce regard gris qu’il révérait tant… mais lui, savait qu’il voulait plus. Tout comme il savait qu’il ne pourrait l’obtenir. Ce baiser resterait le seul. C’était un accident… les autres ne lui seraient pas destinés.

La voix d’Opale l’extirpa miraculeusement de ses mornes pensées, et lui fit naître un vague sourire attendri. Elle aussi, semblait confuse… Sa tentative d’humour avait quelque chose d’adorable, bien qu’il ne pût s’expliquer pourquoi, ni à quel point. Doucement, il secoua la tête pour se reprendre, geste qui était presque devenu un tic, face à elle. La jeune femme avait baissé les yeux et fixait le sol. Johan aurait donné n’importe quoi pour entendre ce à quoi elle pouvait bien penser. Allait-elle le frapper sans prévenir ? Fondre en larmes ? L’injurier ? Hausser les épaules et dire que ce n’était rien ? Elle était si imprévisible… C’était cela qui le charmait, parmi tant d’autres choses.

Johan serra les poings sous ses propres pensées. Comment… comment réussir à être seulement le meilleur ami de celle dont on est désespérément amoureux ?

Le mot seul, même prononcé silencieusement, sonna comme une révélation. Le jeune homme cligna des yeux, ahuri, tandis que sa supérieure annulait l’entraînement sans plus prévenir, et congédiait tout bonnement les gardes, avant de s’asseoir. Voilà… C’était dit. Il était amoureux. Désespérément, irrévocablement, et inconditionnellement amoureux. Etait-ce grave ? Son cœur le mit en garde d’un serrement douloureux. Cela pourrait l’être… Tout dépendait d’elle.

Non. C’était faux. Il ne demandait rien en échange. Johan savait à qui Opale avait déjà offert son cœur et son âme. C’était une souffrance, peut-être… mais il ne réclamait rien. Rien, si ce n’est l’occasion de pouvoir la voir heureuse. A n’importe quel prix. Par instant, il s’était cru capable de lui offrir une petite part de ce bonheur auquel elle avait droit. Que ce soit en tant qu’ami, amant, frère d’arme… peu importait, pourvu qu’elle sourit. Et là, souriait-il, ou était-il la cause d’une nouvelle souffrance, pour celle qu’il aurait voulu pouvoir appeler « son » Opale ?

Il n’arrivait pas à le savoir… Et il n’y parvint pas plus, même lorsqu’elle parla enfin. Pour lui poser une question. Pour lui poser la question. Celle qu’il redoutait sans le savoir. Celle qu’il n’attendait pas. L’une des seules capables de l’effrayer et de le soulager tout à la fois. Johan entre ouvrit la bouche, et se rendit compte avec effroi qu’il avait oublié comment formuler un son. Elle lui demandait ce qu’il ne pouvait avouer sans la faire souffrir… Non. Il refusait de voir la culpabilité teinter encore son visage. Il refusait de comprendre la compassion et la pitié dans son regard, parce qu’elle ne pouvait lui rendre les sentiments qu’elle voulait entendre. Sa respiration se bloqua dans sa gorge. Il fallait pourtant bien qu’il parle, non ? Mais que dire ? La vérité ? Il ne pouvait pas lui mentir, c’était… contre-nature. Mais s’il la blessait en disant la vérité ? Il ne se le pardonnerait jamais…

Il voulait juste qu’elle soit heureuse. Pas de pleurs, pas de souffrance, pas de non-dits… pas plus que cette peur panique qui lui retournait l’estomac et le faisait trembler, à tel point qu’il aurait bien aimé s’asseoir, lui aussi. Il se retint pourtant. Toute son énergie devait servir à articuler quelque chose. Une réponse sincère, c’était tout ce qu’elle réclamait… Johan inspira profondément, comme s’il s’apprêtait à plonger dans un gouffre. Dans l’abîme du fond de son cœur, peut-être.


- Je… Je ne sais pas, Opale. Enfin si… Je sais que ce n’est pas rien… Tout ça. Mais je ne veux pas que ça soit… un poids, pour toi. Je… j’ai juste envie que tu sois bien, tu comprends. Je ne veux pas que cette histoire nous empêche d’être heureux. Tu… tu étais ivre… tu ne savais probablement pas ce que tu faisais, mais je refuse que tu t’en veuilles.

Il tendit une main tremblante pour effleurer sa joue, mais elle sembla avoir deviné ses pensées, puisqu’elle se rapprocha subitement de lui, et lui demanda de la prendre dans ses bras. En d’autres circonstances, Johan aurait commencé par rougir, puis aurait hésité… Là, il n’eut pas le temps de réfléchir. Il sentit la joue d’Opale se déposer sur son épaule, et ferma les yeux, en la serrant contre lui. Un frémissement parcourut son dos. Il l’ignora superbement, et pencha légèrement la tête, pour murmurer à l’oreille de la jeune femme.

- Moi je… n’arrive pas à regretter ce qui s’est passé, pardonne-moi. Tu m’as offert un instant… que je n’oublierai jamais. J’ignore si tu penses avoir fait une erreur, mais peu importe… Je sais… Je sais bien qui tu aimes. J’essaie de l’accepter. Parce que je crois qu’être amoureux, c’est vouloir d’abord le bonheur de celle qu’on aime, et pas seulement le sien.

Inconsciemment, Johan se surprit à glisser ses doigts dans la chevelure sombre de la jeune femme contre lui. En temps normal, leur proximité l’aurait paniqué. Là… il était presque calme. C’était étrange. Il l’enveloppait dans une étreinte qu’il aurait dû trouver trop intime, et pourtant, il se sentait… bien. Serein. Même ses mots s’écoulaient plus facilement à présent. Trop peut-être. Son cœur suspendit ses battements, juste le temps de quelques mots de plus.

- Et je ne demande rien de plus que ton bonheur.

Il n’avait pas eu l’impression d’avoir hésité, pourtant, sa voix était tremblante, et si faible… Voilà. Il en avait sans doute trop dit. Mais il ne pouvait faire machine-arrière. Ni ne voulait. C’était sans doute mieux, non ? Le vide, au fond de son cœur, s’était atténué. Doucement, il ferma les yeux, et tenta un faible sourire. L’angoisse lui ceignait encore la gorge. Mais l’angoisse de quoi ?
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeDim 19 Juil - 1:02

Suspendue. Prisonnière. Elle, la grande et noble, la redoutable Opale, était piégée par les lèvres fébriles d’un grand blond coincé. Il lui semblait en capter chaque mouvement subtil, chaque frémissement nerveux, chaque souffle … Il lui paraissait déceler le moindre tremblement, avant même qu’un quelconque son ne franchisse sa bouche. A observer en détail chaque gerçure délicate, elle en venait même à penser la connaître, cette bouche… Et à force de la dévorer des yeux pour anticiper ses paroles, elle sentait même poindre un lourd regret : non pas celui de l’avoir embrassé, mais celui de ne pas s’en souvenir.

Sa soi-disant ignorance lui fendit un instant le cœur, et elle ne put s’empêcher un regard angoissé lorsqu’il commença par un « Je ne sais pas ». Enfin, non… Mais que savait-il au juste ? Certifier que ce n’était pas rien ne servait guère, ses réactions et sa gêne l’ayant dit avant lui. Elle écouta, silencieuse, notant chaque détail, notant chaque hésitation, dans sa mémoire avec un empressement et une angoisse que seule la peur d’être rejetée savait créer. Un poids ? Juste envie qu’elle soit bien ? Comment ça, empêcher d’être heureux ? Pourquoi rappeler qu’elle était ivre ? Tout cela… Tout cela, cela voulait dire … Qu’il voulait oublier. Que tout cela était troublant et qu’il ne voulait pas que ça ait de conséquences.

La jeune femme sentit son cœur déjà en charpie se briser en mille morceaux. Alors, même lui ? Même l’homme qui avait rempli de nouveau sa vie, celui qui était venu rapporter de la lumière dans le vide de son cœur, ne voulait rien d’elle ? Elle voulait lui faire confiance, elle voulait se donner et enfin être heureuse… Mais il ne l’aimait pas. Luttant contre les larmes, elle eût du mal à trouver la force de parler, s’écroulant presque contre lui lorsque son étreinte se referma sur elle. Pourquoi la serrer ainsi, s’il n’en voulait rien ? Etait-elle condamnée à être seulement l’amie des hommes qu’elle aimerait ? Etait-ce une malédiction, qui voulait que les seuls hommes à compter pour elle … Que les seuls hommes à compter pour elle quoi ? De quoi se plaignait-elle ? Un amour non partagé, encore un sur la liste, qu’est-ce que ça changeait ? Johan était toujours là, au moins… Elle pouvait encore compter sur lui. La douleur resterait dans leurs piques quotidiennes, mais au moins elle ne serait pas seule…

Resserrant sa prise sur le dos de son adjoint, Opale ne put empêcher une larme de couler sur sa joue, jusqu’à l’épaule nue du jeune homme. Ni l’ombre, ni la lumière… Elle n’aurait rien. Plus froid, plus chaud. Juste le vide abyssal, juste les vestiges d’une douleur qui aurait pu cicatriser… Si elle n’avait été aussitôt dépassée par celle qui venait de naître.

Puis il y eût ces mots. Elle ne les crut qu’aberration de son esprit, un instant. Car, si le début n’était qu’un léger espoir d’intérêt, la suite la détrompa. « Je sais bien qui tu aimes », disait-il. Et la suite… Cette suite, qui, si elle ne disait pas noir sur blanc ce qu’elle brûlait d’entendre, le laissait très fortement sous-entendre. Relevant deux yeux d’écume ébahis sur le visage de son interlocuteur, Opale pensa encore être folle. Ce qui apparaissait, en filigrane, c’était donc… Déjà, que Johan l’aimait – certitude qui transcenda tous ses sens dans une course folle de sensations ivres et extatiques. Et ensuite… Il savait, ou du moins croyait savoir, pour Kanaw, et … S’était volontairement effacé, parce qu’il pensait que c’était mieux.

Une tristesse volatile s’empara d’elle. Oui, il l’aimait. Sans doute énormément… Elle qui croyait Johan Grey aveugle, voilà qu’elle découvrait que le douloureux secret qu’elle gardait profondément enfoui avait blessé quelqu’un d’autre. Et Lui, de plus… Lui qu’elle voulait protéger plus que tout, elle l’avait forcé – peut-être inconsciemment – à sacrifier ses sentiments, à se cacher, à endurer ce rôle de meilleur ami, à la désirer en secret, même, sûrement. Un air triste sur le visage, elle vint effleurer sa cicatrice le long de la tempe, caressant au passage sa joue, puis ses lèvres.

- Je suis désolée si tu as souffert à cause de moi… Si tu as dû t’effacer…

Peut-être n’était-ce pas d’excuses dont il avait besoin maintenant… Il avait été franc, après tout, il s’était montré très courageux, c’était à elle d’en faire de même. Elle souffla bruyamment, ce qui vint faire danser quelques mèches dorées devant ses yeux, lui rendant également son sourire.

- Quand tu m’as sorti cette histoire de poids, et d’inconscience, j’ai cru que tu étais en train de dire que tu préférais en rester là…

S’écartant légèrement de lui, mais toujours les mains posées sur ses épaules, elle soupira de nouveau, embarrassée de l’aveu qu’elle s’apprêtait à lui faire.

- J’ai eu très peur.

Il y eût ce qu’Opale appelait affectueusement un « pétard silencieux », à savoir un gros blanc.

-Tu sais… Je vais être franche… La mauvaise nouvelle, c’est qu’au fond, tu l’as deviné, j’aime toujours Kan’. Et non, je n’ai plus peur de prononcer son nom, étrangement. Alors, oui, une partie de mon cœur, un peu en charpie, continue d’éprouver quelque chose, mais c’est un amour… Fissuré… Qui ne m’apporte plus rien si ce n’est de la douleur. Celle qui fait que tu as tout le temps à me sauver, et qui fait aussi qu’il me faut un Johan Grey pour me rappeler qu’il y a des très belles choses aussi, dans la vie. Et des rires.

Apaisée, elle lui adressa un sourire fatigué, glissant doucement les doigts entre ses boucles d’angelot.

- La bonne nouvelle, c’est que… De jour en jour, je viens de le comprendre à l’instant, je tombe de plus en plus amoureuse de toi. Et puis, je ne sais pas si ça fait partie de la bonne nouvelle, mais … Tu es très certainement le seul qui puisse me rendre heureuse. Tu sais, je… Au fond, un jour, je voudrais… Quelqu’un qui prenne soin de moi, puis qui m’épouse, qui me fasse un ou deux morveux aussi mignons que Ciryan. Et, dommage pour toi, tu es le seul qui puisse remplir cette fonction.

Elle rit doucement, libérant un instant Johan des répliques étouffantes et pleines de promesses – qu’elle savait effrayantes pour un homme.

- Comprends – moi bien, je ne te demande pas de signer un contrat, c’est juste… Que tu es le seul qui me permettrait… D’avancer. Ou d’avoir des moments pleins de paix et de tendresse. Tu es… Tu es mon seul espoir, mon petit blondinet chéri…

Elle se mordit la lèvre en se rendant compte de tout ce qu’elle venait de balancer.

- Heu… Je ne voulais pas te faire peur, hein…. Je tenais à t’expliquer, c’est tout…. Je n’aurais pas dû parler famille, c’était maladroit…

Puis, décidant subitement de noyer le poisson dans des gestes, Opale entreprit de revenir à l’étreinte qu’ils partageaient deux secondes avant, se découvrant même l’audace d’un baiser sur son épaule (et en profitant pour mater un instant son torse finement taillé, mais c’est moins choupi). Elle se serra contre lui, encore plus qu’avant, et respira son odeur (à laquelle elle n’avait jamais prêté vraiment attention auparavant, se contentant d’être rassurée par son effluve).

Elle planta un baiser bref sur ses lèvres, le volant comme une experte du cambriolage bisouien, puis lui murmura, presque inquiète :


- Réponds-moi quelque chose… Hein, mon... Mon amour…
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MessageSujet: Re: Cravache & non-dits   Cravache & non-dits Icon_minitimeMar 21 Juil - 3:04

Il était maladroit. Non. Stupide et maladroit. Et pathétique. Voilà… tout ça en même temps. Il ne méritait même pas la confiance qu’elle plaçait en lui, ni cette tendresse et ce réconfort qu’elle semblait rechercher en sa présence. Pourquoi avait-il fallu qu’il ouvre la bouche ? Il ne savait pas exprimer ce qui était si profondément ancré en lui… Mettre des mots sur ses sentiments, c’était comme… tenter de retenir de l’eau avec ses doigts. Il n’y parvenait pas. Il s’y prenait tellement mal, qu’il faisait du mal à la seule qu’il aurait voulu protéger de toutes blessures. Comment pouvait-il en être sûr ?

Parce qu’il la sentait trembler contre lui. Parce que son propre cœur, pas si loin de celui de la jeune femme, au fond, s’était mis à percevoir des battements qui n’étaient pas les siens, à quelques respirations de là, et tentait de les suivre, comme en écho. Le souffle irrégulier du jeune homme caressa les cheveux d’Opale, puis disparut soudain, retenu prisonnier entre ces lèvres qui auraient probablement dû rester closes au lieu de prononcer des paroles blessantes. Quelque chose d’humide glissa le long de la peau nue de son épaule, et Johan sentit un sanglot lui étreindre violemment la gorge, prêt à l’étouffer. Il s’était juré qu’il ne serait jamais cause de ses larmes. Et elle pleurait contre lui… A cause de lui.

Pourquoi fallait-il que ses idées soient si embrouillées qu’il ne puisse plus les retenir ou les comprendre ? Incontrôlables, elles franchissaient ses lèvres en désordre, et touchaient la jeune femme au cœur. Il aurait dû se taire, oui… Plus les secondes s’égrenaient, plus cette certitude s’intensifiait. Il s’était montré si maladroit… Parler à demi-mot de Kanaw… Faire une déclaration sans prononcer ces fameux mots qui résonnaient pourtant dans sa tête : « Je crois bien que je l’aime »… Et même… Faire une déclaration, alors qu’il savait pertinemment que cela ne pouvait pas être réciproque. Quel bien cela pouvait-il apporter à Opale ? Il n’avait fait que la rendre plus malheureuse encore. Plus coupable, alors que rien n’était sa faute…

Johan inspira difficile, tenta de libérer sa gorge de l’étreinte de fer d’un sanglot, et serra un peu plus fort la jeune femme contre lui, par pur instinct… ou en réponse aux gestes d’Opale, qui semblait vouloir s’accrocher à lui malgré ses maladresses répétées. Et puis… Elle releva la tête. Il ne put s’en empêcher. Comme un papillon vers la flamme, il se sentit obligé de la regarder, quand bien même il n’en aurait pas eu le courage. Il redressa légèrement un regard bleu pur jusqu’au visage triste d’Opale. Son cœur se retourna. C’était bien ce qu’il avait imaginé… Elle était triste. Pour lui. Pour eux.

Il se sentit si las, soudainement. Si vide. Il le savait, bien sûr… Mais l’entendre, et le savoir réel, c’était bien autre chose. S’il n’avait jamais parlé… il n’aurait tout simplement jamais su. Mais il aurait toujours subsisté un doute, minuscule, semblable à l’espoir. Il ne voulait pas… surtout pas perdre ce fragile et illusoire espoir. Il ne voulait pas entendre la suite de ses paroles. Comme un enfant confronté soudainement à la réalité et non plus à ses chimères, Johan serra les dents, luttant contre une envie subite de prendre la fuite. Mais… elle se mit à sourire. Et ce fut ce qui le rassura en premier lieu.

Une vague de chaleur le submergea, ses genoux tremblèrent, et ses doigts frémirent, perdus dans le dos de la jeune femme, tandis que celle-ci effleurait machinalement sa cicatrice, puis ses lèvres, en un mouvement qui parut étrangement naturel. Un instant, Johan eut du mal à analyser ce qui était en train de se passer. « J’ai eu très peur », venait-elle de dire… Il y eut un blanc. Autant dans la conversation que dans l’esprit même du pauvre Jojo. Un bug monumental, pour être exact. Les informations n’arrivaient pas toutes à destination, et avaient bien du mal à être analysées convenablement par un cerveau déjà relativement ralenti. Le jeune homme eut quelques secondes de vide intense.

Que voulait-elle dire par là ? Est-ce que… Est-ce que ça voulait dire… Est-ce que par hasard… ? Non, décidément… même en pensée, il ne parvenait tout simplement pas à terminer sa phrase. C’était impossible. Pas dans cette dimension. Pas dans ce monde. Ni dans aucun autre monde… Il ne la méritait pas. Il n’avait rien fait pour elle qui puisse justifier… Et puis… C’était Kanaw, dont elle était éperdument éprise. Alors ça ne voulait pas dire… Non, hein, ça ne voulait pas dire que…

Johan battit des paupières, comme quelqu’un qui lutte désespérément pour échapper à un songe. Ou pour y pénétrer. Rêvait-il ? Il commençait sérieusement à se le demander… S’était-il vraiment réveillé ce matin ? Le regard rempli de confusion, le jeune homme tenta de s’accrocher à la voix douce d’Opale, à ses traits, à son visage, pas si loin du sien… Il ne voulait pas louper ne serait-ce qu’une virgule de ce qu’elle était en train de lui dire, quand bien même il serait en train d’évoluer dans un de ses rêves préférés, où tout se finissait si bien.

Il lutta pour se retenir de fermer les yeux en l’entendant parler de son amour pour Kanaw. L’illusion se brisait… tout comme la petite flammèche d’espoir dans son cœur. Tout cela… tout cela, il le savait déjà. Pourquoi donc mettre des mots sur une douleur qu’il essayait de dompter ? Johan retint sa respiration en comprenant qu’il ne s’agissait pas de ce que lui, pouvait bien ressentir, mais d’elle. Opale était en train de lui ouvrir son cœur… et lui, se permettait de geindre en silence. Il était pire que pathétique. Il n’en était pas digne. Et en même temps… ses confidences faisaient battre la chamade à son cœur. Elle parlait de lui… Il n’était pas si inutile, alors… L’ombre d’un sourire rassuré naquit sur le visage d’ange du jeune second. Alors il pouvait la sauver… il l’avait déjà fait quelques fois. N’était-ce pas le plus important ? Il la sauverait encore, s’il le fallait. Et peu importait tout le reste.

Pourtant… Quelque chose importait malgré tout. Son cœur s’emballa lorsqu’Opale parla de bonne nouvelle… Le rêve revenait à grands pas. Il était si proche qu’il se confondait parfaitement avec la réalité. Et puis il y eut ces mots… Elle n’eut pas peur de les prononcer, elle. « Je tombe de plus en plus amoureuse de toi »… Voilà… C’était un rêve. Ca ne pouvait être qu’un rêve. Son cœur lui parut exploser dans sa poitrine, comme pour chercher à rejoindre celui d’Opale. Tout était si réel, pourtant… Jamais il n’avait ressenti cela aussi distinctement. Jamais il n’avait ressenti cela, tout court. Touchait-il encore terre ? Il n’en était pas certain, et il s’en moquait royalement.

Le reste fut confus… Comme noyé dans un tourbillon de sensations enivrantes. Ses mains tremblaient, ses yeux aussi… Son esprit, fatigué de tant d’émotions, tentait bien difficilement de comprendre ce qu’on lui disait. Opale parlait de mariage, de famille, d’enfants, de lui, d’eux… Tout tourbillonnait autour de lui. Ces images, il les avait déjà vues… en rêve. Et elles étaient si délicieuses et si pleines de promesse qu’il en oublia momentanément qu’il était censé rêver, et que rien de tout ceci n’était réel. Il souriait avec béatitude, comme l’homme le plus heureux de la terre. Le vent s’engouffra dans ses cheveux, entourant son visage d’une auréole dorée tout à fait appropriée à la situation.

Face à lui, celle qui venait de le sublimer littéralement était en train de se rendre compte qu’elle avait peut-être fini par l’effrayer… quand bien même Johan aurait eu une étrange façon d’être effrayé, avec son sourire angélique et ses yeux quasiment scintillants de bonheur. Il accueillit d’un agréable frisson les lèvres d’Opale, qui se déposèrent sur son épaule… puis sur ses lèvres, de façon si rapide qu’il ne fut pas certain que ce moment eût existé. Mais tout le reste… existait-il vraiment ?

Johan venait de décider que ce n’était qu’un détail. Elle était la première personne à l’appeler « Mon amour ». La seule personne qui en aurait le droit. Il frémit des pieds à la tête, comme s’il reprenait subitement vie. Ses yeux couleur de ciel se plantèrent dans ceux de la jeune femme, tandis qu’il s’éloignait très légèrement d’elle, comme pour mieux l’observer.


- Je… Attends… Ne bouge pas…

Sa voix avait un timbre presque rauque, signe que le nœud dans sa gorge ne s’était pas encore dissipé. Doucement, il leva sa main gauche à hauteur du visage d’Opale, et retint son souffle. Comme si elle avait été façonnée dans le cristal le plus pur, le jeune homme effleura en un geste aérien le front de ce visage qui le fascinait, glissant son index le long de sa tempe, caressant les minces rigoles d’expressions comme les irrégularités gracieuses qui tendaient à la rendre unique. Et si belle. Les doigts de Johan coururent jusqu’aux paupières puis dévalèrent la courbe élancée de l’arête de son nez, comme on découvre un trésor.

Petit à petit, ils atteignirent les lèvres, sur lesquelles ils s’attardèrent brièvement, avant de reprendre leur course le long des joues, du menton… jusqu’à perdre de l’altitude en une dernière caresse sur son cou. Sa peau était si douce… Elle était si réelle… Plus confus encore par son étrange examen, Johan s’entendit murmurer :


- Je voulais juste… être sûr que je ne rêvais pas. Mais c’est toi, mon rêve. Tu es si belle…

Il n’avait pas l’habitude de tout cela… Au contraire, il n’avait jamais parlé ainsi à une femme, ni ne s’était comporté de la sorte. Mis à part avec elle… dans ses songes. C’était nouveau… et à la fois si naturel qu’il en était comme ébloui par la simplicité qui régnait entre eux. Tout était limpide et confus. Dans quelques secondes, ses genoux allaient céder.

Cédant à un instinct, ses deux mains revinrent se glisser le long des joues d’Opale, qu’il caressa doucement du bout de son pouce, tandis qu’il approchait son visage, posant son front contre le sien, et laissant ses yeux sonder son regard gris. Si par malheur cela n’était rien de plus qu’un rêve… alors il se mit à prier de toutes ses forces pour que plus jamais il ne s’éveille. Ce ne fut pourtant pas ces pensées-là, qui franchirent ses lèvres, en un murmure rassurant :


- Je n’ai pas peur, Opale… Je n’ai pas peur de tout ce que tu as dit. La seule chose qui puisse me faire peur… c’est que tout ce dont tu parles ne se réalise pas.

Il esquissa un étrange sourire et ferma les yeux, presque tranquille, à présent. Il était si près d’elle que son souffle, irrégulier, caressait paisiblement les lèvres de la jeune brune.

- Je veux tout ce que tu voudras. Je veux juste un sourire. Je te veux, toi.

Etait-ce cette sensation de flottement et de béatitude qui lui donnait autant d’aisance et d’audace. Il ne le sut pas exactement… Mais il avait cessé de réfléchir. Et plus encore, cessé d’hésiter. Sans l’ombre d’une prévention, les lèvres de Johan vinrent se fondre sur celles d’Opale, avec une douceur mêlée d’une dernière miette d’incertitude touchante. Le baiser ne fut pas bien long, mais Johan y goûta comme au fruit le plus rare et le plus sucré. Les lèvres d’Opale étaient d’une tiédeur enivrante. A rendre fou.

Pourtant, il éloigna très légèrement son visage, le temps d’articuler dans un souffle juste quelques mots… inutiles, peut-être ?


- Je t’aime.
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