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 Opale de Frey

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Opale de Frey
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Opale de Frey


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MessageSujet: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeJeu 25 Sep - 23:52

Opale De Frey



Nom : De Frey, selon elle.

Prénom : Opale

Surnom : Des surnoms, elle en a eu des dizaines. Quelques années plus tôt, elle aurait prétendu qu'on la surnommait "L'Empaleuse". Maintenant, à cette question, elle frémit, manque de répondre "Ma Belle" avec un regard triste, puis se décide à vous avouer "Chef".

Age : Malgré toute la tristesse qu'ont creusé les années, malgré un air de ne plus rien attendre du monde, malgré le fait qu'elle ne puisse dire quel jour elle est née, Opale a environ vingt-sept ans. Vingt-sept ans, et déjà le regard mort de quelqu'un qui n'espère plus. Dieu, vingt-sept ans seulement et déjà tant de regrets ! Vingt-sept ans d'une vie qui n'en finit pas. Vingt-sept ans d'une pierre qui a choisi le mauvais homme... Vingt-sept ans déjà.

Camps : Ancienne corsaire, Opale se tient là où est le Roi. Elle n'a plus de camp, avouerait-elle. Juste un amour destructeur pour un homme blessé. Plus rien, là où auparavant se tenait un rêve tout chaud de petite fille, celui de parcourir les océans en tant que corsaire. Plus rien, à l'endroit de son coeur où se lovait une franche camaraderie pour l'équipage. Plus rien que la certitude d'être seule dans l'ombre d'un Roi qu'elle ne peut que trop aimer. Plus de camps...

Métier : Des métiers, Opale n'en a jamais vraiment eu. Aide forgeron dans sa jeunesse, corsaire enthousiaste, puis, maintenant, Capitaine de la Garde Royale Rapprochée du couple royal ? Elle se foutrait de votre gueule si elle vous entendait ! Non, de métier, elle n'en a jamais eu qu'un, et une seule personne ne s'en rend pas compte. Si, par métier, vous entendez ce qui vous nourrit, si par métier vous voulez dire ce qui vous maintient en vie, si un métier accapare toute votre existence... Je ne suis plus rien qu’une arme.

Description Physique :
Opale pleure. Opale se regarde, dans le miroir qu’elle vient de briser. Elle lève la main pour caresser les fêlures que son poing a causé au verre. Et, tout en laissant le sang couler le long de sa main fermée sur un visage défiguré par les larmes, elle se demande ce qu’elle fait ici.

Jamais elle ne s’est sentie aussi laide. Elle n’aime pas son visage, pas ses yeux. Elle méprise ces traits anguleux, ces yeux d’argent, ce visage fin, et elle déteste encore plus ce corps usé par la mer que personne n’a jamais vraiment touché. La jeune femme observe ce qui subsiste de son reflet, et ne comprend pas comment des hommes ont pu y voir la beauté de sa mère.

La goutte de sang hésite, puis tombe sur sa poitrine, en suit la courbe hésitante pour épouser son ventre plat couvert de fines cicatrices. Le sang évite adroitement son nombril, colorant de rouge le grain de beauté qui s’y love presque, pour glisser sur une cuisse ferme, puis un genou usé, un mollet abîmé et enfin un pied avant de mourir sur le plancher. Elle frissonne, frigorifiée, puis arrête d’une main rageuse le sang.

A quoi bon préserver ce corps, après tout ? Il ne servira jamais à personne, personne ne voudra jamais y toucher. Elle secoue la tête, et ses cheveux bruns presque noirs chatouillent son nez droit. Elle s’allonge en silence, entoure des draps son corps usé d’avoir trop bataillé et trop navigué, mais ne peut faire taire le froid abyssal qui règne sur tous ses muscles. Jamais elle n’a cru Marl lorsqu’il lui disait qu’elle était belle, mais le contraire la frappe maintenant avec tant de force que ces mensonges la heurtent.

Eleanora…Non, sa Majesté Eleanora n’est pas une rivale pour elle. La Reine est tellement belle…Sans doute est-ce pour ça que Kanaw l’a choisie…Non, quelle idiotie, il n’y a même pas eu de choix à faire. Opale sait qu’elle n’a jamais vraiment été une option. A côté de Nora, elle se sent bête, petite, sans pouvoir. Encore plus que naturellement. Dans l’ombre de la Reine, elle se sent laide et sans importance.

Ses lèvres roses s’entrouvrent pour pousser un soupir. Elle n’est rien par rapport à Nora.

Elle jette un regard vide d’émotions par la fenêtre, suivant des yeux des nuages dorés par le crépuscule dans leur course avec le vent. Il est l’heure d’y aller. Pas envie, aujourd’hui. Trop seule, trop malade. Et pourtant elle ramasse malgré elle ses habits, ajuste un corset bleu marine autour de sa poitrine avec le sentiment d’être parfaitement ridicule dedans.

Un dernier regard au miroir brisé. Une pétasse avec un corset bleuté et un pantalon d’homme, voilà de quoi elle a l’air. Qu’importe, après tout ?

Elle s’éloigne d’un pas lourd, courbée comme si elle portait le monde sur ses frêles épaules. Souvent, on peut croire qu’elle a perdu sa démarche altière, mais ce n’est pas exact. Il reste, des fois, quelque indices…

Opale se casse la gueule dans les escaliers.



Caractère :
Opale fût une jeune femme souriante, autrefois. Elle fût une fripouille sans vergogne, attirée par l'argent et les victoires. Une indépendantiste conquérante qui sourit comme on respire et qui tue comme on mange. Je dis bien elle fût. Je dis bien elle fût, car l'Opale de maintenant ne sait plus vraiment qui elle est, ni comment on pourrait la définir. L'argent, elle l'a délaissé. L'air marin, elle l'a oublié. Les idéaux, elle les a effacés. Chaque jour est le même laps de temps dépourvu de couleur, chaque heure la même routine en croisant les mêmes gens. La même douleur, en voyant Nora et Kanaw ensemble. La même déchirure et une unique plaie béante qui se rouvre à chaque fois que Ciryan ou Alastyn lui sourient. Je ne serai jamais leur mère.

Certains l'appelleraient jeune femme brisée. Mais qu'y a-t-il à briser, lorsque le coeur est vide ? Vide, seule, triste, voilà ce qui pourrait définir l'Opale d'aujourd'hui. Vide, lorsqu'elle jette un regard un arrière, vers la vie qu'elle a brisé en mille morceaux. Seule, parce qu'elle ne veut pas s'avouer qu'elle est en train de sombrer. Triste, parce que tout son être sait qu'elle ne sera plus jamais comme avant.

Si seulement elle avait la certitude d'avoir fait le bon choix, encore, toute cette souffrance serait moindre, elle le verrait heureux. Sauf que Kanaw n'est pas heureux. Et lorsqu'elle repense au passé et au présent, seule dans une chambre fraîche du Palais, Opale sent le poids de ses erreurs lui retomber dessus. Mais où a-t-elle échoué ? Tant de sacrifices, tant de douleur ... Pour rien ? Où a-t-elle bien pu échouer ? Seule dans sa chambre, Opale se perd. Opale se noie. Les souvenirs dansent et elle sombre.

Continuer à vivre de faux – semblants, sourire, déverser toute son énergie dans un seul et répétitif but. Telle est, semble-t-il, le futur déjà écrit de la fille du vieux de Frey. Sans doute rigolerait-il dans sa tombe, ce vieil assassin. Je ne sais pourquoi elle survit. Cette petite sotte.

Il ne reste rien d’Opale. Si ce n'est un humour têtu, des années de frustration et de contrôle d'elle-même, des faux-semblants et la volonté désespérée de cacher à son ancien capitaine tout ce qu’elle peut concernant les vraies raisons de sa présence à ses côtés. La seule chose d’ailleurs, qui la maintient en vie : le protéger coûte que coûte, inlassablement, pour se raccrocher à une raison de vivre que les idéaux vacillants d’une jeune femme n’ont pas su combler.

C'était comme Marl le disait : à être adulte trop vite, à vouloir trop donner, elle sera toujours une petite fille perdue. Au fond d'elle, elle veut qu'on la retrouve avant qu'il ne soit trop tard, même si elle prétend avoir assez de force pour le monde entier. Si on ne la retrouve pas, elle se brisera. Une gamine abandonnée, qu’elle est.

Et malgré tout cela, elle rit. Rit d’elle-même, rit du monde, pose sur la vie un œil critique et lance des blagues ironiques au cours du repas. Et continue de faire chier tout le monde et plus particulièrement les gardes. Pourquoi ? Plaisir coupable à rire des autres, théâtre décadent du désespoir humain, désir de ne pas inquiéter les autres ? Je vais vous répondre. Pourquoi faire chier les gens ? Parce que…C’est Opale.

Et puis, aussi…Il y a Jo. Ou plutôt Johan, devenu son second. Bien sûr, au début, elle n’aurait jamais pu imaginer avoir ne serait-ce que la moindre empathie à l’égard de ce type niais, blondinet et timide…Cependant, maintenant qu’il a prouvé une certaine présence d’esprit et que leur relation s’est détendue, il s’avère que son petit lieutenant est devenu une bouffée d’air. Les piques pleines d’affections qu’elle envoyait autrefois à Kanaw, c’est au blondinet qu’elle les destine à présent. Et respirer, rire avec lui et oublier quelques instants que le monde est étouffant, n’est – ce pas un excellent moyen de continuer à vivre ?


Ambitions : Aucune, à priori… Cependant, elle cultive secrètement le rêve d’avoir un enfant. Dois-je préciser de qui ?

Technique de combat : Neuf ans d’entraînement, mine de rien, ça change tout. La Chef des Gardes n’en manque aucun.
Depuis longtemps délaissée au profit d’armes plus maniables, son épée longue traîne dans un coin, comme un souvenir qu’on veut garder sans l’avoir sous les yeux non plus. Elle ne l’utilise désormais que lorsqu’elle veut se restreindre lors de duels contre les gardes.
Ainsi, une menace sérieuse risque de vous présenter un impressionnant spectacle : le combat à deux dagues. Bien sûr, les failles se font plus nombreuses, maniant une arme dans chaque main, cependant c’est une question de vitesse, et l’opale a un corps taillé pour, n’étant pas dotée d’une force particulièrement conséquente.


Magie : Niveau 5 : Opale repère les objets de valeur. Un don qui peut paraître bien peu utile, mais est très pratique lorsque l'on s'appelle Opale et que son roi préféré est en possession d'un bien précieux cadeau...
Le saviez-vous ? Les objets que l'on appelle couramment "de valeur" ont une empreinte bien particulière pour les pies. Un instinct infaillible lorsqu'il s'agit de cerner un truc à voler, qui va même jusqu'à différencier les objets. On ne sent pas la valeur de quelque chose... On la ressent.

Opale, si elle se servait au début de ce don pour chaparder, en fait maintenant une douloureuse expérience chaque jour : à force de se demander s'Il porte l'opale sur lui, s'Il la range précieusement, s'Il l'a gardée, l'habitude et la facilité à reconnaître sont venues presque toutes seules, sans qu'elle ait même à se poser la question. Et chaque jour, sans faille, ses yeux se foncent et elle vérifie avec soulagement que sa pierre précieuse ne quitte pas son Roi, et ce dès qu'il s'approche d'elle (distance de repérage pour l'opale : 4m 50 - 5m) .

Et les autres pierres, me direz-vous ? Les autres pièces de monnaie, émeraudes et autres richesse ? A force de se concentrer sur sa seule pierre, ce sens-là a pris du retard... Et, si elle peut bel et bien les sentir (distance pour autres : 3m50), la différence qu'elle fait entre ces différentes pièces de valeurs, elle, n'est pas très avantageuse. En effet, si une seule sorte de babioles très chères se trouve à un endroit, elle le reconnaîtra. En revanche, et c'est là la difficulté, si plusieurs empreintes se côtoient, elles se mélangeront, et elle aura un sentiment diffus et peu agréable que oui, quelque chose vaut des sous, mais quoi ? Il y a tellement d' "odeurs" différentes qui se mélangent... C'est si désagréable.

Enfin, le point le moins agréable... L'opale est plus facile à repérer, elle s'en est rendue compte. Mais elle se trompe sur l'unicité de cette empreinte-là. Car, si cette opale est unique, représentant une promesse et un amour dramatique, elle n'en reste pas moins une opale. A l'oeil, cette pierre sentimentalement précieuse ne ressemble que peu à une autre opale. Mais le don de notre jolie Chef des Gardes, lui, s'y trompera bel et bien...


Dernière édition par Opale de Frey le Sam 27 Sep - 0:08, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 0:12

Histoire :

Partie 1 : Catherine
«On prend ces filles, on en fait des femmes. C’est tout » - Nerl, teneur d’une maison de passe de Maiwyn.

Maiwyn. Si l’on creuse les racines étymologiques de cette ville portuaire mal famée et sans intérêt, on apprend que ceux qui ont fondé la ville avaient de l’humour, ce qui n’est sûrement pas le cas de ceux qui l’habitaient à présent, lesquels n’auraient très certainement jamais pensé à nommer une ville en l’honneur de mouettes. Car, tel que je vous l’ai dit, à choisir en fonction de l’esprit même de la ville, autant l’appeler Abomination. Véritable nid à soudards, ivrognes, assassins, prostituées, bourreaux et nobles véreux, Maiwyn avait tout ce qu’il fallait pour forger un beau ramassis d’ordures : mêmes les enfants s’organisaient en bande pour voler, piller, tuer et faire ce qui devrait être réservé aux adultes les plus dépourvus de cœur.

Le centre même de la ville, s’il consistait surtout en quartiers indolents des nobles, abritait également la pègre du monde connu. A voir ainsi les habitants d’une cité aussi paradisiaque, il n’était pas dur de comprendre que les esprits de ces humains-là étaient pour la plupart des animaux sauvages, cruels et sans pitié, ou au contraire, des victimes nées conçues pour suivre le troupeau.

C’était dans cette cité qu’avait grandi Catherine, et elle avait su dès son plus jeune âge, déjà soumise à la loi de la rue, qu’elle voulait plus. Beaucoup plus. Aussi, lorsque sa mère, à 12 ans, la vendit à un noble désireux d’ouvrir une maison de passe, elle pensa tout naturellement, le choc passé, qu’il suffirait de séduire un marin pour qu’il l’emmène loin et fasse d’elle une femme riche. Elle se savait belle, en vue d’être une femme magnifique, même. Les bourgeons d’une adolescence en devenir faisaient déjà miroiter un futur radieux, de ce côté-là. Oui, un tel physique l’emmènerait loin. Elle partirait de cette cité poisseuse, pensait-elle, gamine prépubère devant un miroir brisé... Et elle en mettrait plein la vue à ces parents qui n’avaient pas voulu d’elle. Ils allaient voir !

Cruelle stupidité de l’enfance, pauvre gamine pleine de naïveté… A vouloir devenir reine, elle ne devint jamais qu’une petite fille brisée dans sa croissance par le choc brutal des rêves sur la réalité. Et ses ambitions grandirent de travers.

A 17 ans, Catherine était devenue une femme chère. Ses collègues ne l’appréciaient guère, mais les hommes, eux, ne s’y trompaient pas : elle valait beaucoup plus que ce qu’ils payaient. Aucun homme ne pouvait lui résister, ou peu. Elle n’avait besoin d’aucun geste pour les envoûter, ses courbes, son corps trop jeune, ses yeux suffisaient amplement à faire oublier son nom à n’importe quel soudard passant par là.

Le Seigneur De Frey était le plus vieux client qu’elle eût jamais. Le plus puissant, aussi. Lorsqu’elle le vit, il apparut aussitôt comme la chance qu’elle avait attendue de devenir riche, puissante et importante. Il lui fallut déployer les plus basses ruses, les plus puissants des charmes pour l’attirer à elle, mais elle réussit au-delà de ses espérances.
Et, lentement, s’installa un jeu morbide entre eux deux, que personne ne pouvait appeler de l’amour, que Catherine ne pouvait appeler de l’attirance – c’était un vieux débris riche, ni plus ni moins – et que personne ne devait connaître. Car, contrairement à ce qu’espérait Catherine, le vieux De Frey avait honte de se laisser entraîner, chaque mois, dans ce qu’il considérait comme le « piège de la chair » ou encore le « rendez-vous des tentations coupables ». Et, bien que ce manège macabre ait duré un an, Catherine s’aventura trop loin.

Elle exigea d’abord plus d’argent, chose qu’elle eût aisément. Puis, un jour de déception comme un autre, menaça de répandre la rumeur s’il ne faisait d’elle son épouse légitime. Le vieux prit peur devant les yeux déterminés de celle qui, et cela n’avait jamais changé dans son esprit, n’était qu’une pute. Il la calma avec une promesse, promesse qu’il scella par un cadeau, mais décida en lui-même, avec un calme inhumain, de mettre en marche l’assassinat de sa maîtresse.

Catherine se réveilla en sursaut, et pour une fois, seule. Il y avait quelque chose qui clochait dans son corps. Elle ne se sentait pas très bien depuis maintenant quelques mois, et il lui semblait qu’elle savait pourquoi, sans arriver à mettre le doigt dessus.
Elle se leva, fouilla d’une main fébrile ses vêtements, et sut ce qui n’allait pas. Durant toute la durée de sa curieuse relation à ce vieux De Frey, elle n’avait pas pris de graines de dauco. Et, présentement, si l’on en croyait ce que lui avaient appris ses collègues, elle était enceinte. Et dans les ennuis jusqu’au cou si le père l’apprenait.

Ses deux yeux d’un bleu pur se posèrent sur la fenêtre, en quête de solution.

Un soleil printanier, joyeux, s’efforçait de briller sur la ville.


Dernière édition par Opale de Frey le Ven 26 Sep - 0:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 0:25

Partie 2 : Marl
« Le vent d’hiver emportera les souvenirs… » -Marl, forgeron de Maiwyn.

Marl frissonna. Le vent d’hiver s’abattait avec violence contre la porte de son atelier, laissant parfois passer quelques légers courants d’air qui menaçaient à tout moment la lourde porte de bois d’incendie – les braises qui rougeoyaient dans les forges susceptibles de bouger à chaque fois que l’air frais s’agitait un peu trop l’effrayaient.

Il se sentait malheureux. Profondément malheureux, alors que ses gros doigts agrippaient un outil de forme étrange pour finir l’épée qu’il avait commencée. Quelle idée aussi de tomber amoureux d’une putain. Catherine. Il s’était longtemps ruiné pour elle, pour la regarder lui sourire, pour être le seul homme qui ne la forcerait pas, pour sentir ses cheveux chatouiller son torse. Et jadis, il n’avait rien demandé en retour. Mais là c’était différent – il plongea avec rage l’épée terminée dans l’eau, - il savait que ce noble se l’était accaparée. Elle ne parlait que de lui, ne jurait que par lui, arborait ses cadeaux. Pour la première fois de sa vie, il était terriblement jaloux.

Un choc étouffé se fit entendre sur sa porte. Sales gosses. Ils allaient se prendre une pâtée, cette fois ! Il n’était pas d’humeur. Il ouvrit violemment la porte, prêt à leur botter le… Catherine ? Son cœur racorni de vieux forgeron s’arrêta un instant de battre. Elle était couverte de sang, visiblement le sien, et serrait de toutes ses forces une chose qui, à première vue, était un petit paquet enroulé dans un tissu gris.

« -Marl.. Marl… Ils arrivent.. » Le sang de Marl ne fit qu’un tour tandis qu’il contemplait, étonné, la jeune femme agonisante. Pour la première fois, il la vit dans toute sa fragilité, faible, secouée par le vent glacial qui s’agitait, cheveux épars, aussi humaine qu’il n’aurait jamais cru pouvoir la voir. Il ne réfléchit pas, ou plutôt tellement rapidement que Catherine ne le sut pas. Il referma la porte sur eux deux, veillant à ce que la neige recouvre le sang qui avait orné ce qu’il appelait affectueusement son perron. Ainsi, ce pourri en qui elle avait placé sa confiance l’avait trahie. Jamais il ne l’aurait trahie, lui. Pourquoi choisir la mauvaise personne ? Il ne lui aurait jamais fait de mal, lui.

Ses mains agrippèrent le corps à moitié conscient de la jeune femme, et il regarda d’un peu plus près ce qu’elle serrait dans ses bras. Le tissu gris remua, laissant apparaître une bouille étonnée. « Guii ? », interrogea la petite chose en observant Marl avec un air inquisiteur.
Il chancela sur ses jambes, ébranlé. Un enfant ! Elle lui avait fait un enfant à ce richard ! Ou, peut-être même à lui, d’ailleurs. Oui, pour ce qu’il en savait, ce bébé pouvait être son môme à lui. C’était lui qui l’avait aimée, chérie et tant bien que mal protégée – quoique ce dernier point ait laissé à désirer, il en était conscient. Comment la vie pouvait-elle être aussi injuste ?

Catherine remua, luttant visiblement contre la douleur, condamnée. Elle ne dit que deux mots. « -Pardon… opale.. »
L’homme, le visage douloureux, la dévisagea. Sans qu’il ait eu le temps de faire quoi que ce soit, la vie l’avait quittée. Dans un silence irréel, comme si l’hiver avait fait taire la douleur, elle était partie, ange d’un dernier sacrifice… Et ses mots ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il eût un pincement au cœur. Elle n’avait même pas prononcé son nom… Elle ne le prononcerait plus jamais. Catherine, qu’est-ce qui t’as pris de choisir un tel homme ?

Il hésita longuement, puis attrapa gauchement le bébé, lequel le regardait à présent comme s’il avait s’agi d’un parfait demeuré. Dans les mains minuscules du bébé, une pierre brillait. Une opale. Ultime promesse non tenue entre une morte et un salaud.
Marl entoura le bébé de ses bras protecteurs.
« Opale. Mon enfant. Tu n’as plus rien à craindre.»
Son regard se posa sur le cadavre de sa mère. Il l’enterrerait le lendemain. Il fallait qu’il soit fort, désormais, pour protéger cet enfant et son lourd fardeau ; cette opale qui le dégoûtait.

Maintenant que son amour était mort, la pierre rosâtre – quoique sa couleur change selon un ordre de reflets compliqué – lui semblait porter toute la douleur de sa coupable passion pour quelqu’un qui ne l’aimerait jamais. Ce n’était pas le sort qu’il voulait pour son enfant. Jamais le vieux chien n’aurait voulu qu’Opale connût pareille misère, et un instinct immuable et oppressant lui disait que s’il gardait cette pierre teintée du sang d’une innocente, elle connaîtrait le même sort qu’elle – ou que lui, condamné à garder son souvenir en sachant qu’elle ne l’avait jamais regardé comme il la regardait. Quel était le pire, d’ailleurs ? Décidé, il prit dans sa main la pierre, écoeurant cadeau, promesse faite de mensonge et de cruauté… Il devait la détruire. Maintenant. Avant que sa fille ne connaisse le tragique chemin de sa mère.

Le bébé posa sur lui des yeux effrayés tandis qu’il s’avançait vers l’enclume, éclairé par la lumière étouffante presque infernale qui provenait des braises. Il posa la pierre précieuse sur l’enclume, presque délicatement, et saisit un marteau. Il ne luiresterait plus qu’à jeter tout au feu, ensuite. Ce serait si simple…

« Mama… »

Le vieux forgeron ouvrit un œil paniqué en voyant la petite chose tendre le doigt vers le corps sans vie de sa mère, comprenant apparemment que quelque chose clochait.
« Mama ! »
Répéta l’enfant, comme pour inciter Marl à regarder là où il pointait le doigt. Mais Marl ne réagit pas, provoquant une réaction inattendue chez l’enfant qui se mit à pousser un cri déchirant que le grand homme brisé ne serait pas près d’oublier. Il jeta un regard à l’autre opale, les tympans vrillés et le cœur déchiré par les appels tourmentés de la petite créature.

Et il vint à douter. Qui était-il pour briser ainsi ce que Catherine avait précieusement gardé ? Quel idiot il était de prêter attention à ces superstitions de bonne femme ! C’était la seule chose que lui avait légué Catherine. Son seul souvenir. Sa seule possession.

Marl ne saurait jamais l’erreur qu’il venait de commettre, en laissant cette pierre intacte. Il ne sut jamais non plus qu’Opale connaîtrait le même sort que lui – ou presque…


Dernière édition par Opale de Frey le Ven 26 Sep - 21:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 0:29

Partie 3 : Opale
« Au royaume des enfants, les promesses sont aveugles. » - Vieux proverbe.

Une gamine brune passa la tête par l’entrebâillement de la porte. Elle avait un regard malicieux, un sourire ironique et des taches de terre sur les joues.

« Maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarl ! », beugla-t-elle avec un lot de décibels qui aurait pu appartenir à un bébé loup mutant. Ledit Marl, d’ailleurs, arriva trois cris plus tard avec un air fort peu amène sur le visage, visiblement pas très jouasse de s’être fait réveiller de sa sieste par un tel bruit.

- Quoi donc, Opale ? Tu sais très bien que je hais quand tu fais ça. L’air menaçant du forgeron ne démonta pas l’expression victorieuse de la petite insolente.
- Rien, simplement la mère de Juwen, hé bin, elle dit qu’elle veut te voir. Marl connaissait trop bien cette expression. Il soupira.
- Mon dieu, Opale, qu’as – tu encore été chercher ? Qu’est-ce que tu lui as fait ?
- J’ai rien fait du tout ! Marl lui jeta un regard suspicieux, la petite fille rendit les armes. Je lui ai juste un tout petit peu cassé le nez…
- Quelle petite furie tu fais ! Qu’est-ce qu’il t’a fait pour mériter pareil traitement ?
Opale baissa les yeux, honteuse.
- Il m’a dit que j’étais une bâtarde. Et je sais pas ce que c’est mais je suis sûre que c’est pas gentil pour Maman.

Marl se radoucit. Il avait expliqué bien des fois à sa gamine pourquoi elle n’avait pas de maman, mais il ne s’était jamais attendu à ce qu’elle développe une telle idolâtrie autour de la pierre. Toute jeune encore, elle avait hoché la tête, grave, en apprenant que sa maman se vendait aux hommes. Cette gamine n’était peut-être pas la sienne, elle n’était peut-être pas très normale non plus, mais elle l’impressionnait.

- Maman, elle est plus là, mais elle a juste pas eu de chance. C’est pas sa faute si elle devait faire des choses avec les hommes. Il en savent rien de qui je suis et qui elle est. Je les déteste tous.

Marl la couva d’un regard tendre. Lui-même n’ayant jamais eu aucune affection pour cette ville, sa dernière phrase lui parut beaucoup plus adulte qu’il le pouvait sembler.

- Et toi, Opale, que veux-tu faire plus tard ? J’essaie de t’apprendre les techniques de forgeron, mais tu n’as pas l’air d’aimer tellement ça.
- Moi, j’veux être pirate !, scanda d’une voix flûtée la petite brunette, aussitôt saisie par la main puissante de son père adoptif et étouffée par ses doigts rugueux sur sa bouche.
- Pas si fort, petite sotte ! Et pourquoi donc veux-tu être pirate ?

Un silence passa. Les yeux du petit bout de femme étincelèrent.
- J’aime la mer. Et puis je sais me battre. Et voler. Et je s’rai capable de tuer, mais je veux être riche. Je s’rai pas comme mère ! – Marl roula des yeux, choqué qu’elle y fasse allusion, mais resta silencieux – J’veux parcourir le monde et trouver des trésors ! Et puis après, je tomb’rai amoureuse d’un homme trop beau et on s’ra deux à amasser des trésors !

Marl ne savait pas très bien quoi répondre à un raisonnement aussi peu sensé, cependant son allusion à l’amour le réveilla, et il ne put s’empêcher de répondre brusquement.

- Non !
- Mais, Papa …
- Jamais tu ne tomberas amoureuse, tu m’entends ? Il ne faut jamais que tu t’attaches à un homme ! Quoi que tu deviennes, Opale, il ne faut pas que tu te laisses enchaîner par l’amour ! TU M’AS COMPRIS ? Promet-le ! Promet !
Opale sentit son cœur battre avec violence sur sa poitrine. Jamais Marl ne s’était énervé ainsi auparavant. Elle avait peur. Pourquoi dire non, après tout ? Elle n’était jamais tombée amoureuse, ce ne serait sans doute pas si terrible de résister… Marl se fit menaçant, la petite chose prit peur.
- Promis, papa.
Marl s’apaisa, mais ne lâcha pas son affaire pour autant.
- Et que vas-tu faire à propos de la pendaison, petite pirate ?
- Je séduirai le roi !
- Bin voyons.
- Hé bin en tous cas, il m’aimera bien et en échange de certains services, hé bin, il défendra les gens de me pendre !

Le vieil homme l’envoya s’occuper des forges, fatigué. Une corsaire, hein ? Une petite corsaire en devenir…Bon, hé bien, si c’était le cas, il allait devoir lui donner un coup de main. Il fallait qu’elle sache manier les armes… Ce garde, là, celui qui portait une épée volée. Il avait une dette envers lui, il pourrait bien lui rendre ce service-là.

La petite fille grandit et devint une adolescente ironique, qui, si elle s’était montrée particulièrement studieuse sur tout ce que le garde avait pu lui apprendre des armes aux explosifs, considérait ne plus rien avoir à apprendre de lui. Et, par conséquent, ennuyée, n’avait de cesse de questionner son père sur son départ imminent sur les flots. A chaque fois le cœur du vieux baraqué se serrait, et à chaque fois il lui servait la même réponse, inlassablement : « Tu n’es pas encore prête ».

Cependant la rage de partir habitait la jeune fille - presque jeune femme, et le vieux forgeron savait bien que malgré son souhait de garder Opale avec lui, elle allait bien finir par exploser et il devrait céder sa liberté à la jeune fille à qui il avait déjà confisqué tant d’années, et ce d’autant plus qu’elle évacuait sa frustration sur les garçons du quartier…


- Opale ?
- Qu’est-ce qu’tu veux, toi ?
- On dit que tu vas partir, c’est vrai ?
- Nan. Fous-moi la paix, bâtard.

Juwen regarda la jeune fille, estomaqué. Jamais, depuis pas mal d’années qu’ils se battaient l’un contre l’autre, elle ne l’avait traité de bâtard. Gamin, idiot, morveux, il aurait pu croire que tout y était passé, mais jamais elle ne lui avait retourné l’insulte qui, jadis, lui avait valu une sale cicatrice au nez.

- Hé, c’est bon, j’demandais juste…
- T’as rien à demander !

Le jeune garçon d’une quinzaine d’années jeta un regard doucereux à sa meilleure ennemie. Elle voulait la jouer comme ça, hein ? Elle allait voir. Il lui saisit le poignet avec l’air sournois du rat qui lui servait de Totem.

- Alors, en fait, tu vas partir, hein ? Comme ta mère…
- Juwen, lâche-moi immédiatement !

La prise du jeune homme se resserra autour des poignets de la jeune Opale. Il voulait qu’elle le regarde, qu’elle voie à quel point il la dominait…C’était jouissif, d’avoir un tel pouvoir sur elle. Non, ça allait même beaucoup plus loin. C’était excitant.

- T’es une tarée, comme ta mère.
- Une tarée, hein ? Et c’est toi qui parles ?
- Nan. Une pute.

Le coup vint sans qu’il ait même le temps de le voir, lui écrasant la joue contre le nez. Avant même d’avoir compris ce qu’il se passait, il était à terre. La jeune fille, elle, n’avait pas bougé, toujours à regarder la mer avec un regard absent.

- Alors, c’est ça, hein ? Tu vas devenir une putain, comme ta mère ?

Opale ne répondit pas. Elle attendait son pas de trop, pour pouvoir lui éclater la face contre les dalles. Elle attendait que ce soit son corps qui agisse et plus sa raison. Et, étonnamment, elle attendait ce moment avec impatience. Oh oui, elle le détestait. Ce serait amusant de lui éclater ce qui lui restait de fierté.

Elle sentit les mains du garçon sur ses hanches, contact écoeurant au possible. Parfait, qu’il continue comme ça. Ce serait d’autant plus amusant de le liquider, ce salaud.

- Opale…

Ses mains montèrent un peu, mais contrairement à ce qu’elle croyait, ce ne fût pas la haine qui monta en premier, mais la pitié. Elle tourna un regard surpris à Juwen et se rendit compte à quel point il était pathétique. Le pire était qu’elle sentait qu’il aurait dû être différent. Il était…maladroit, seul, petit. Il aurait dû avoir une chance.

Il aurait dû, mais maintenant qu’il était dans le mauvais chemin, elle ne pouvait plus rien faire. Le réflexe de défense vint tout seul, presque naturel, et Juwen eût le visage écrasé contre les pavés. Lorsqu’elle s’en rendit compte, il était trop tard. Elle avait volé sa première vie, et l’adolescent gisait dans une mare écarlate.

La jeune fille avait envie de vomir.




Cependant, si personne ne sut jamais qu’Opale était la responsable du meurtre du jeune Juwen, cet incident conforta Marl dans l’idée que le moment de laisser Opale voler de ses propres ailes approchait vite, très vite, et que rien au monde ne pourrait l’arrêter, pas même lui.

Mais, heureusement ou pas, ce ne fût pas lui qui prit la décision. Il s’en souviendrait toute sa vie, de ce jour où Opale lui avait demandé de s’asseoir, et lui tout bonnement déclaré : « Je m’en vais, papa. » Il n’avait rien pu articuler. Il avait juste refermé les doigts de son Opale sur l’opale de sa mère, hoché la tête, embrassé sa fille et lui avait tourné le dos pour contempler le feu.



La jeune femme mit un coup de pied à une pierre. Bon, voilà. Elle était libre. Et maintenant ? Elle n’avait même pas pu dire au revoir à son père. Elle n’avait même pas su lui dire qu’elle l’aimait, ni qu’elle voulait tomber amoureuse et que cette promesse stupide était un carcan qu’elle ne pouvait pas emporter avec elle.
Le vieux forgeron soupira. Il n’avait pas su lui dire « je t’aime ». A quoi bon se convaincre que c’était sa môme, si ces simples mots ne pouvaient pas sortir de sa bouche ? Quant à cette promesse…Cette promesse idiote. Il n’aurait pas dû l’obliger à partir avec ça sur le cœur.

Il fallait qu’elle lui dise.
Il fallait qu’il lui dise.

Elle tourna les yeux au moment même où il appelait son nom. Il l’avait suivie ? Mais pourquoi donc ? Elle vit ses yeux rougeoyer, de la même lueur tendre que lorsqu’il travaillait un métal particulièrement délicat.

- Opale. Je voulais te dire au revoir.
- Au revoir, Papa. Je…Heu…Je ne reviendrai pas.
- Je sais.

Ils se regardèrent tous deux, hésitants, flagrants de maladresse, puis Opale tourna le dos à son père, reprenant le geste rude qu’il avait eu quelques minutes auparavant. Tout n’était pas perdu, elle avait pu lui dire adieu dans les règles. Et ce dernier regard, même si tous deux ne savaient pas dire « je t’aime », valait tous les adieux du monde.

Et ce fût là. A ce moment précis. A cet instant, qui aurait pu tout changer, que Marl prit la mauvaise décision.

- Je te libère de ta promesse, Opale. Aime qui tu veux, aime-le aussi fort que ton cœur le permettra.
Quelle bêtise monumentale.

L’oisillon prit son délicat envol sans savoir que la chute serait dure.



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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 0:35

Partie 4 : Nyls
« Il y a toujours un maître, pour chaque vie dans une vie. Toujours un premier contact. Comme dans les potions. » - Befyn, apothicaire.

Opale se glissa, minuscule, entre deux marins à l’air grognon. La jeune fille d’à peine 17 ans avait passé des heures à imaginer ce que serait une taverne mal famée du port, mais jamais elle n’aurait pensé être agressée par autant d’informations à la fois. Des hommes à la carrure imposante la dévisageaient, des prostituées vantaient leurs services à tous ceux qui rentraient, des odeurs désagréables flottaient tranquillement, des serveurs aux airs peu amènes allaient et venaient en apportant des boissons non identifiées … Un grand échalas couvert de cicatrices la bouscula sans ménagement.
- Hey !
- T’es pas à la maison, poupée. Va falloir t’habituer.
Opale le suivit des yeux tandis qu’il disparaissait parmi la petite foule qui grouillait joyeusement entre les tables usées et les recoins sombres dans lesquels des femmes de son âge, collègues de sa défunte mère, chuchotaient des phrases dont elle préférait ne rien savoir.

Elle se faufila adroitement jusqu’au comptoir, de plus en plus nerveuse, et jeta au tenancier un regard qu’elle espérait digne. Celui-ci, un grand gaillard au visage à moitié brûlé et aux yeux noirs, n’eût même pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle débutait.
- Nouvelle, hein ?
- Heu, je ne suis pas là pour…
- Nouveau marin, j’veux dire, gourdasse. J’te sers quoi ?
La jeune femme lui jeta un regard choqué. Etait-elle si facile à lire que ça ? Comment avait-il pu, sans même la regarder, savoir exactement pourquoi elle était là ? Elle n’avait pas la gueule de l’emploi, pourtant…Une femme, en plus. Comment … Le Brûlé lui adressa un sourire compatissant.
- T’en fais pas, Gourde, c’est mon don. Pas d’quoi paniquer de tous tes jupons. Alors, j’te sers quoi ?

Le Brûlé regarda celle qu’il avait intérieurement baptisé Gourde. Elle avait l’air déterminé, mais aussi un peu perdue. Une vague de paternalisme le submergea, et il s’en voulut aussitôt, mais décida, une fois n’est pas coutume, de lui venir en aide. Comment résister à son air de baleine échouée chez les requins ?

- Bon, j’te sers une bière. (Il se pencha un peu pour murmurer et la jeune fille put observer toute l’horreur de sa peau torturée par le feu.) Ca fait tout de suite plus sérieux, si tu réussis à t’enfiler une bière sans vomir. Et, bien sûr, je ne t’ai rien dit, mais le Capitaine Nyls, le jeunot presque chauve, là, dans le coin, il recrute.

« Gourde » récemment nommée offrit un œil reconnaissant au tavernier, consciente qu’elle ne pourrait pas compter sur autant d’amabilité à l’avenir, et entreprit de se donner une contenance tandis qu’elle vidait sa chope. La chose fût beaucoup moins aisée que prévue – en grande partie à cause du goût absolument infect de la « boisson », et du reste également parce que c’était bien plus fort que prévu. Comment diable faisait-il sa bière ?

Elle toussa, avec l’impression parfaitement plausible d’avoir l’air parfaitement stupide. Sa gorge semblait ne pas apprécier le liquide et la conjurait de recracher, brûlante au possible, cependant elle tint bon, bien que convaincue d’avoir déjà perdu toute crédibilité. Ses yeux la piquaient toujours quand elle sentit une main puissante se refermer sur son épaule et l’entraîner vers la sortie. Elle distingua la porte, puis la ruelle, légèrement floues, et entendit une voix rocailleuse lui dire :
- Recrache.
- M..Maiis…
- Recrache, sinon ça va faire du vilain.

Sa tête l’élançait douloureusement, et il lui sembla presque impossible de ne pas obéir. Dans un geste ni particulièrement gracieux ni vraiment courageux, elle se laissa tomber contre le mur pour se laisser recracher l’immonde chose qu’on n’aurait même pas dû avoir le droit de vendre.

- Voilà. Quand on sait pas boire, on boit pas. Imbécile.

Oh là…Elle le connaissait même pas, ce gars, d’abord. De quel droit se permettait-il des jugements ? Il allait se prendre une bonne raclée. La jeune femme releva les yeux vers lui et se figea. Merde. C’était lui, l’homme à moitié chauve dont le tenancier avait dit qu’il recrutait. Quelle bonne impression elle devait lui avoir faite, avec son air de jeunette impuissante.

- Retourne chez toi, gamine. Si tu tiens pas l’alcool, tu tiendras pas la mer.

La fille au nom de pierre lui jeta un regard assassin. Alors, comme ça, juste en la regardant dégobiller sa chope, il l’avait déjà jugée ? Il allait voir, ce fier et crétin nabot de chauve. Elle passa la main sous sa chemise, comme pour voir si son ventre était toujours là, et dégaina un poignard à la vitesse de l’éclair. Le marin, tranquille, lui tournait le dos.

Nyls se permit un sourire en voyant chatoyer la lame de la gamine. Elle ne manquait pas de cran, c’était certain. Ou peut-être était-elle tout simplement inconsciente, toute fraîche sortie du ventre de sa mère. C’était au choix. Peu importe, il n’avait pas de temps à perdre, et il répugnait à la tuer. Il ferait donc selon la méthode traditionnelle.

Opale se préparait à lui sauter dessus, une lueur amusée dans le regard. Cependant elle n’aurait jamais cru qu’il se retournerait pour la fixer avec ces yeux. Elle sentit sa main lâcher doucement l’arme et tout son corps se mit à trembler, sans pouvoir détacher son regard de celui que posait sur elle Nyls. Deux yeux jaunes, imperturbables, portaient avec eux une terreur pure. Le cœur de la jeune femme s’affola.

Le capitaine laissa échapper un rire graveleux comme une chute de cailloux en observant la terreur se peindre sur les traits de la jeune femme. Il avait beau l’utiliser tout le temps, ce don l’amusait beaucoup. Les bouches s’ouvraient moins, les plus vaillants couraient. Les pucelles le contemplaient, stupéfiées. Il s’éloigna, tricorne en main. Elle retrouverait sa mobilité dès qu’il serait hors de vue.

La pucelle en question se sentait paralysée. Et le pire était qu’elle se doutait bien que cette panique n’était pas naturelle. Il fallait qu’elle bouge, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Elle pensa à Marl. Elle pensa à Catherine et à la mer. Et, on ne sait comment, trouva le courage d’articuler :
- Engagez-moi.
Elle vit un air ahuri se peindre sur le visage du trentenaire, et la terreur s’estompa légèrement.
- Qu’est-ce que tu as dit ?
Elle prit un air insolent et sentit la peur s’évaporer.
- J’ai dit : espèce de cul de vache, engagez-moi !
Nyls la regardait, abasourdi. Elle avait eu l’audace de parler alors que son pouvoir la tenait, et maintenant qu’il l’en avait libérée, elle l’insultait comme si cette peur n’avait jamais existé. Cette gamine devait être sacrément tordue. Voyons voir…

Opale vit la lame juste à temps. Celle-ci frôla sa tempe avant de se ficher dans le mur, encore chancelante de l’impact. Merde, il allait la tuer alors ? Elle avait sûrement eu tort de s’attaquer à lui, alors…La peur revint en masse, grosse boule au niveau de son estomac.

Elle avait esquivé, hein ? Une bonne femme dans son équipage… Quelle putain de nouveauté ça allait être.

- Tu commences demain matin. On appareille le bateau à l’aube, ne sois pas en retard et trouve-toi des habits corrects. Et arrange-toi pour ne pas vomir la soupe, une fois sur la Lune d’Argent.

Opale le regarda avec des yeux ronds. Admise ? Comme ça ? Elle était…

- Et ne te réjouis pas. Avec moi, tu vas apprendre la vraie mer. Attend-toi à vomir tous les jours.


Le Capitaine Nyls avait eu raison.



Un an s’était écoulé, et effectivement, Nyls avait tenu sa promesse : il avait appris à la jeune femme tout ce que la Mer porte de tortures, mutineries, ruses, feintes et autres horreurs propres à ceux qui voguaient sur l’océan. Opale avait grandi brutalement, et si certains ne prenaient pas cette expression au pied de la lettre, on aurait pu dire qu’elle était devenu une femme.

Bien sûr, l’équipage voyait d’un mauvais œil l’arrivée d’une telle sorcière dans leurs rangs, chose qui provoqua plusieurs violentes crises au sein même de l’organisation.

- Une femme qui se bat, une femme qui vole et torture comme c’te catin, ça n’existe pas !

Nyls était dur, sec et sans émotions, mais il savait reconnaître un bon élément. Et c’était grâce à Opale que les fonds de l’équipage avaient augmenté – certes, les moyens employés étaient tout sauf honorables, mais étant lui-même un adepte du code des sans – honneur ni loi (code inexistant qui engageait à être le plus individualiste possible), il ne pouvait que voir la jeune voleuse comme une recrue exceptionnelle.

Mais l’ardeur que mettait le mousse à faire comme elle l’entendait n’était pas du goût de tout le monde, et une révolte sans précédents gronda sur la Lune d’Argent dès que le Capitaine eut annoncé qu’Opale serait canonnier. Les plus vieux critiquaient, les plus hardis hurlaient, même les plus loyaux de ses hommes commencèrent à hocher la tête lorsqu’il était question de la « sorcière » et de « femme en mer, enfer ».

Nyls n’était pas bête, et il dût bien vite se rendre à l’évidence : s’il voulait conserver le commandement, il fallait retirer cette femme - à qui il s’était attachée comme une petite sœur - de ce navire.

Il fût convenu avec l’équipage qu’elle serait débarquée au prochain port, en échange de quoi … Elle serait débarquée vivante.


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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 21:22

Partie 5 : Kanaw

« Que serait le monde sans soleil ? Que serait le soleil sans la lune, cachée derrière le moindre de ses gestes ? » - Chanson traditionnelle originaire de Maiwyn.

Opale mit un coup de poing à l’importun. Ce n’était vraiment pas drôle, d’écumer les tavernes en attente d’un capitaine qui acceptait les femmes. Rien de plus chiant que d’attendre, inlassablement, qu’un capitaine beugle à travers la salle qu’il était en train de recruter. Et durant la journée, il fallait en plus repousser les soiffards qui tentaient tant bien que mal de la … séduire, si on peut appeler une approche aussi pitoyable une tentative de séduction.

Elle poussa un long soupir, indice significatif qu’il était temps de changer de taverne. Elle traversa la foule de gens aux aspects aussi différents qu’hétéroclites, salua au passage quelques pochtrons dont elle avait fini par apprendre le nom, et sortit.

L’air marin la fouetta comme une gifle tandis qu’elle cherchait une autre taverne, n’importe laquelle. Le plus marrant, c’était que Nyls n’était même plus là pour constater qu’elle avait appris à mieux tenir l’alcool…Dommage. Ah, c’te vieux capitaine…Dommage qu’il n’ait pas pu faire autrement, elle avait bien aimé être sous ses ordres. Il avait été absolument horrible avec tout le monde, mais lui avait tout appris, et puis entre nous, sa maladresse à s’y prendre avec une femme était amusante.

Elle traversa une ruelle sombre, jetant des coups d’oeils hasardeux vers les noms des tavernes, puis décida au pif de pénétrer dans un lieu appelé l’ « Ecureuil Boiteux » -lequel nom n’avait rien d’engageant, mais était plus innocent que les sous – entendus vaseux qui servaient de noms aux autres. Ou peut-être n’arrivait-elle juste pas à comprendre celui-là, va savoir.

Un air de déjà – vu l’envahit tandis qu’elle promenait son regard sur les visages et la pièce usée de la taverne. Bon dieu, un mois déjà. Un mois qu’elle écumait les mêmes tavernes pour trouver quelque chose qu’elle ne trouverait sans doute jamais. Elle traversa la salle d’un pas rapide, la mort dans l’âme, consciente que les mâles ici présents accorderaient sans doute plus attention à ses courbes moulées dans un corset qu’au pistolet à silex et au poignard qui ceignaient sa taille.

Une main agrippa son poignet, sans vraiment être brutale. Une main ferme et décidée.
- Dites-moi, ma jolie, vous vous sentez seule ?
Opale baissa les yeux sur le jeune homme brun qui venait de prononcer ses mots. Objectivement, c’était la meilleure offre qu’on lui ait jamais faite concernant une nuit : il était beau, jeune et apparemment vivant. Seulement, dommage pour lui, cela ne l’intéressait pas. Et puis il avait beau lui jeter un regard angélique de toute la force de ses beaux yeux dorés, ses joues rosies prouvaient qu’il n’avait pas carburé à l’eau.
Elle le rembarra aussi sec.
- Pas assez pour vous accompagner dans la boisson, je le crains.
Il eût un rire léger et un sourire à faire tomber toutes les prostituées de la salle en pâmoison, mais Opale lui rendit un air sombre. Non, elle n’était pas intéressée, on vous a dit.
- Ooh, voyons, pourquoi refuser une si belle offre ?
La jeune femme émit un raclement de gorge. Il commençait à l’énerver, celui-là !
- A moins que vous ne soyez un CAPITAINE CORSAIRE ou le ROI lui-même, je ne vois AUCUNE raison d'accepter, monsieur ! Et lâche ma main, mordiablerie de petit minet mal fagoté.
Au plus grand étonnement de la jeune femme, il éclata de rire. Quoi ? Elle n’avait rien dit de drôle ! D’où se permettait-il de se moquer d’elle comme ça ?
- T’as de la chance, ma belle, j’en suis un.
- C’est çaaa. Et moi je suis la Princesse.
- Vraiment ?
- C’était ironique.
- Je sais bien.
- Non.
- Si.
- BREF ! J’m’en bats les glandes ! Tu es trop jeune pour être un capitaine corsaire !
Elle lui jeta un regard furibond, courroucée par le temps qu’elle perdait à échanger des piques avec ce blanc-bec, et sentit sa patience s’enfuir lorsque le jeune homme en question, qui semblait décidé à ne pas lui rendre son poignet, lui adressa un air cajoleur, tentant visiblement de la séduire avec les yeux.
- Tu crois ? Tu n’as pas vu, dans le port, le Punition Expéditive ?

Le Punition…Oui, maintenant qu’on le mentionnait, ça lui disait quelque chose. Ah ! C’était le plus grand ! Celui dont elle s’était dit, elle s’en rappelait clairement : « si un jour je suis engagée sur un bateau aussi grand, je veux bien mettre une robe ». Il devait mentir, impossible autrement. Pourquoi le croire, de toutes façons ? Ce minet ivre… Deux jeunes femmes à forts décolletés passèrent devant eux, adressant au passage un clin d’œil obscène au « minet musclé » - tel que, ne connaissant pas son nom, l’avait surnommé Opale.
- Hey, Jehanne ! Regarde ce gars, là, le beau brun…
- Hmm ?
- C’est Kanaw Llyr, le capitaine de l’équipage. Tu ne le trouves pas craquant ?
- Hmmm… - la blonde semblait ne vouloir s’exprimer que par soupirs lascifs – Disons que je connais sa réputation, effectivement…Dommage qu’il y ait déjà une greluche avec lui.
Comment ça une greluche ? Mais qu’elles aillent se faire écrabouiller sur le pavé !
- J’ai entendu, trou d’pimbêche en gelée ! Viens me faire face si t’es autre chose qu’une truie !
Elle s’apprêtait à les poursuivre, mais une idée germa dans son cerveau, détournant son attention des deux harengs. Attendez une seconde. Kanaw Llyr. Capitaine. Les mots se formèrent lentement dans son esprit tandis qu’elle analysait la situation. Donc il n’avait pas menti. Donc il était un possible employeur. Et donc elle avait insulté son ex-futur employeur. Zut.

Bon, repartons courageusement de zéro.

- Je … Je crois que j’ai changé d’avis. Je veux bien vous offrir un verre…Kanaw.
-A la bonne heure.

Elle ne lui offrit pas un verre. Elle en offrit sept. A la fin de la soirée, elle en avait appris assez pour être sûre que c’était sur ce bateau qu’elle devrait s’engager dans l’idéal : il partait dans deux jours. Quant à l'équipage, s'il se suffisait à lui-même, souffrirait volontiers quelques engagements de dernière minute, ce qui était une très bonne chose. Restait à savoir si le Don Juan de service allait tolérer une présence féminine.
Bon, en tous cas, l’interrogatoire avait été long, et Kanaw était assez bourré pour cinq mois. Il était assez mignon, effectivement, à la réflexion, mais… Oh là. Jamais elle n’avait vu quelqu’un s’affaler sur une table avec autant de classe.
Soupir. Regard à droite, regard à gauche.
Bon, cette loque était son futur capitaine, hein ? Elle glissa ses mains sur son torse et tenta, maladroite, de le soulever. Gggh…Plus lourd qu’il n’en avait l’air. Où cachait-il ses kilos ? Allez, un petit effort. Il y avait pire, après tout. Comme cet espèce de marin obèse, dans le coin. N’empêche, un petit régime aurait limité ses courbatures. Encore un effort… Sa chambre était en haut de l’escalier. Les muscles douloureux, chaque marche fût une épreuve pour la jeune femme qui portait son compagnon comme un sac de patates.

Lorsque enfin elle put l’allonger sur le lit, chacun de ses muscles réclamaient le sommeil. Il ronflait, le bougre. Bon, comme elle avait dit, il y avait pire. Elle s’affala sur la chaise placée à côté du lit. Il y avait… Bien pire…

Les oiseaux chantaient – enfin, les mouettes sont des oiseaux, quoi – et le soleil brillait lorsqu’elle rouvrit les yeux. Un Kanaw surpris de se retrouver dans une chambre de femme – surpris de n’y avoir rien fait de spécial, plutôt – la regardait. Il fallut le convaincre de s’habiller complètement et lui expliquer la raison de sa présence avant qu’enfin il accepte de sortir de la chambre. Les dernières nouvelles étaient excellentes pour Opale : ce capitaine-ci et son équipage n’avaient aucun problème à engager les femmes, pour peu qu’elles démontrent qu’elles avaient leur place sur la mer.

Démontrer qu’elle avait quelque chose sur la mer. Comment pourrait-elle bien s’y prendre ? Tout en marchant derrière le Croc Noir, Opale trouva plusieurs idées, dont aucune ne trouva grâce à ses yeux. Roh, puis zut, hein. La manière forte. Elle se jeta sur lui, purement et simplement, armée d’une épée usée.

Il esquiva prestement, visiblement amusé. Sans dégainer. Ne la prenait-il pas au sérieux ? Il allait voir ! Elle redoubla d’attention, mais la vérité s’installa, dérangeante : elle n’avait pas le niveau pour voir ses failles. Et même lorsque miroitait une ouverture, il la comblait avec un calme déconcertant. De temps en temps, il donnait un conseil.

Et en trois minutes à peine ce fût fini. Il l’envoya au tapis, juste en la prenant par le poignet et en la déséquilibrant. Pop. Ce gars… Il était fort. Ce capitaine…Etait vraiment, incroyablement, horriblement, fort. Comment un visage aussi jeune et apparemment souriant pouvait-il cacher autant de pratique ?

Elle s’était fait battre, purement et simplement. Il fallait croire que l’embarquement serait pour un autre jour…
- Bienvenue dans mon équipage, hum, Opale, c’est ça ?
- Opale, oui. Mais comment…Vous m’avez rétamée…
- Ha ha ha ! Ne vise pas trop haut trop vite ! Mais tu n’es pas mauvaise.
- Alors, je…Je suis engagée ?
- Yep ! On part dans deux jours.
Une joie sans précédents envahit tout son être. Elle allait partir. Elle avait réussi ! Elle était un corsaire ! Et puis bon, son capitaine était un jeune homme de sa tranche d’âge assez canon, aussi. Ca ne pouvait pas avoir que des inconvénients, bien que se faire draguer en pleine tempête se révèle sûrement une expérience fatigante… Hé, attendez une minute, pourquoi dégainait-il son épée, là ? Il n’allait pas la tuer, quand même ? Sa joue s’écrasa contre le torse de son capitaine. Dites, pas que ce soit désagréable, mais si quelqu’un pouvait lui expliquer la situation, quand même … Elle releva la tête.
- Tu t’es fait un copain, dis donc.
Quelque chose traînait par terre, dans une flaque rouge. Elle se pencha pour examiner le visage du cadavre et dût admettre, qu’effectivement, ce gars-là devait avoir voulu la tuer. Tout ça pour une épée volée, voyons…Enfin, il fallait admettre que son capitaine lui avait sauvé la vie. Ca foutait un coup, hein ? Partir comme ça avec une dette…

Dette qu’elle paya avec l’opale. Sans qu’elle puisse expliquer pourquoi, elle fût certaine au moment où elle fit cette promesse que Kanaw avait compris son importance. C’était stupide de se fier comme ça à son instinct, mais elle le sentait.

Un abordage, deux voyages, trois jours de tempête, quatre cuillérées de soupe. Le quotidien du navire avait noyé les doutes. Cela faisait maintenant pas mal de temps qu’elle voguait avec l’équipage de Punition et elle s’y sentait étrangement bien. Elle appréciait de plus en plus Kanaw, finalement, et s’était déjà surprise une ou deux fois à avoir des idées déplacées, chose qu’elle reniait aussitôt. Elle s’était posée un veto, elle ne céderait pas aux avances du Croc Noir. Quoique puisse lui dicter son corps, elle ne coucherait jamais qu’avec quelqu’un dont elle n’était pas amoureuse. C’était la moindre des choses qu’elle pouvait faire en souvenir de la promesse annulée jadis faite à Marl.

Pourtant….Hé bien, pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher d’être irritée dès qu’une femme adressait une phrase équivoque à son Capitaine. Ne pouvait pas non plus s’empêcher de lui lancer un regard digne des feux de l’enfer quand elle le touchait. Pourquoi cette haine dès qu’il était question de lui ? Pourquoi aussi, dès qu’un ennemi tentait de prendre Kanaw à revers, se précipitait-elle pour le tuer au détriment de ses propres objectifs ? Pourquoi sentir des larmes couler lorsqu’elle passait devant sa chambre et que des soupirs dont la nature n’échappait à personne lui parvenait ?

Plus que tout elle souhaitait le protéger. Elle sentait les dangers qui le menaçaient, voyait miroiter dans son intelligence des lueurs de haine contre lui-même qui l’inquiétaient. Plus que tout elle voulait le protéger, parce que le perdre serait pire que tout, et parce que c’était le seul but qu’elle pouvait donner à sa vie.

Elle l’aimait. Mais rejetait cette hypothèse comme la marée rejette certains coquillages, avec violence. C’était stupide, elle ne pouvait pas l’aimer. Il était le plus volage des hommes, la draguait avec insistance et était redoutablement manipulateur et redoutablement intelligent. Elle ne pouvait pas l’aimer c’était….



Douloureux.

La pluie tombait, dehors. Opale pleurait devant la porte de la chambre du Capitaine.


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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 21:26

Partie 6 : Eleanora
«…Cependant, le Soleil ne touche que la Mer. La Lune le protège, mais il ne se reflète que dans les vagues, ne se couche qu’à l’horizon… » - idem.

Le malaise s’accentuait.

Après l’apparition d’un monstre marin, Tianh, dont le dernier chant resterait dans chaque cœur, Opale s’était retrouvée sans y faire attention à la Cour. Une des expériences les plus rudes de sa vie : boire du thé, mettre des robes qui vous remontaient la poitrine jusqu’au nez, faire comme si on était heureux quand on ne l’était pas.

Elle s’était sauvée. Ou plutôt avait fait une pause, car l’idée de fuir complètement Kanaw ne l’avait jamais effleurée. Et, dans sa taverne, elle qui jadis ne pouvait supporter une goutte d’alcool, elle se soûlait.

Comment en était-elle arrivée là ? Elle le savait bien elle-même, ce n’était pas à cause des robes ni à cause des froufrous. Mais bel et bien à cause d’Eleanora. Nora, qui était trop belle, trop grande, trop digne. Nora, qui attirait sur elle les regards les plus sincères du jeune Llyr. Quoi ? Non, elle n’était pas jalouse, non non non, quelle idée. C’était juste qu’elle présentait un danger, à être si proche de lui. Et si elle le trahissait, hein ?

C’est cet instant-là que choisirent Kanaw et un mystérieux ami pour se pointer. Ils ne pouvaient pas plus mal tomber, d’autant plus que son cerveau commençait à s’embrumer et qu’elle n’allait pas tarder à oublier ce qu’elle disait.

Lorsqu’elle reprit conscience, elle était dans la rue, et dégrisait brutalement. Et Kanaw poussait un hurlement bestial. Voir mourir quelqu’un n’est jamais agréable, cependant il lui sembla qu’elle n’oublierait jamais la façon dont une forme animale du Croc Noir avait arraché la vie à ses adversaires… Une peur sourde s’était emparée d’elle en détaillant la chose qui ne pouvait être vraiment l’homme qu’elle voulait protéger.

Se pouvait-il qu’il veuille la tuer, elle ? Elle observa une main pendouiller de la bouche de l’étrange hybride en reculant lentement. Jamais elle n’aurait admis avoir peur de son capitaine, pourtant la paralysie de ses membres, cette boule dans la gorge… Elle ne voulait pas mourir.

A cet instant précis, là où une Opale terriblement humaine tremblait de tous ses membres, Eleanora avança et, sans aucun signe de peur, commença à caresser tendrement le mélange improbable entre un louveteau et un humain. Que se passait-t-il dans le cœur de Kanaw ? Elle n’aurait su le dire. Cependant, il apparut bien vite que ce « louveteau » n’attaquerait ni Nora, ni sa seconde. Il fût même clair qu’il cherchait leur compagnie, réclamant des attentions.

La jeune seconde de Kanaw se souviendrait de cette nuit-là comme sa pire humiliation face à la princesse. Elle finit par vaincre sa peur, mais ne s’y tromperait plus jamais : c’était Nora qui s’était avancée sans craintes, pas elle. Cela ne pouvait être vrai. Elle l’aimait plus qu’elle ! Comment avait-elle pu laisser les choses se passer ainsi ? Elle l’aimait plus que Nora ! Elle…L’aimait, tout simplement.

Si ce soir-là, une trêve sembla s’installer entre elle et Nora tandis qu’elles partaient à cheval en quête d’un abri où attendre que le capitaine redevienne humain, une autre crise allait se déclencher. Elles chevauchaient côte à côte, neutres, le cerveau en ébullition, lorsque la princesse lui demanda comment elle avait rencontré son fiancé. Opale ne s’était pas cachée, lui citant les faits exacts sans surcharger en détails. Mais pourquoi commit-elle l’erreur de lui confier qu’il lui avait sauvé la vie ? Sans cela, elle n’aurait pas entendu … Pas compris lorsque Nora glissa, à elle-même plus qu’à Opale :
- Mais alors la pierre … L’une de ses plus importantes promesses … Est-ce que…
Et là Opale tomba de haut. Une des seules choses qui lui semblait propre à sa relation avec Kanaw, la seule intimité qu’elle se permettait avec lui, résidait dans la pierre précieuse qu’elle lui avait confiée. Si Eleanora savait… S’il lui avait dit… A cette simple pensée, elle eut l’impression d’avoir été privée d’oxygène. Alors voilà. Elle n’était rien pour lui. Absolument rien. Ou pas assez pour concurrencer Nora, en tous cas.

Elle sombra dans le silence. Ses lèvres prononcèrent certes quelques mots à l’égard de Nora lorsqu’il apparut que le bestial Kan’ n’était nulle part. Peut-être en prononcèrent –ils quelques autres lorsqu’elles eurent à le délivrer d’une bande de reîtres employés par Poppy. Peut-être entendit-elle, au loin, la voix de son capitaine. Cependant, plus rien ne lui parvint vraiment.

Des explications confuses, peut-être, dans le Jardin du Palais. Sur le coup, elle s’en souvient encore, il avait réussi à la rassurer. Il l’avait même tenue dans ses bras. Cela aurait pu être un bon souvenir, s’il n’y avait pas eu cela juste après.

A quoi bon chercher le contexte ? Ils devaient attirer l’attention de quelqu’un, et ce jeu macabre avait mal tourné. Il l’avait embrassée. Merde, quoi ! Tout ce temps à se retenir, tout ce temps à souffrir, pour qu’une stupide mascarade de merde fasse tout voler en éclats ! Et le pire, c’est qu’elle savait qu’elle avait aimé ça. L’espace d’un instant, elle avait oublié…

Et maintenant qu’elle était revenue à la réalité, celle-ci était d’autant plus douloureuse. Ils allaient se marier. Devenir "eux" et plus "nous".
Palli frissonna. Il lui avait semblé, un instant… Qu’on lui arrachait une aile.


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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 21:30

Partie 7 : Alastyn et Néréïde
« Les malheurs et les jumeaux ne viennent jamais seuls. » - Vieux sage dont le nom s’est perdu.

Une jeune femme s’aventura d’un pas conquérant dans le couloir.
- Bonjour, Chef !
Rah, bordel, elle ne s’y habituerait jamais. Cela faisait un petit bout de temps, pourtant, mais il lui semblait que jamais elle ne se ferait à ces vêtements, à ces gardes qui lui lançaient des courbettes toutes les cinq minutes et… Non, et encore moins à cela. Jamais elle ne s’habituerait à la certitude que Eleanora et son capitaine étaient officiellement mariés.
- Hé, Opale ! Attend !
La tignasse blonde qui s’agitait dans son champ de vision ne lui laissa même pas de doute sur son propriétaire. Qu’est-ce qu’il voulait, celui-là ?
-Quoi, Johan ?
- Tu as entendu ce qui se passe ?
- De quoi, pour la Reine ? J’y peux rien, moi.
La jeune femme retint une grimace. Ces neufs derniers mois avaient été particulièrement éprouvants, et elle n’oublierait jamais le gouffre qui l’avait englouti lorsqu’on lui avait dit que son ancienne rivale attendait un enfant. Ce jour-là, elle avait senti une bonne dizaines d’ailes s’arracher à son dos, et cette souffrance-là ne s’était jamais vraiment éteinte.

Qu’est-ce qu’il venait la faire chier avec ces histoires de grossesse, en plus, l’autre nigaud ?
- On dit qu’elle va peut-être mourir.
Il lui jeta un regard qu’elle aurait qualifié sans remords de souffreteux. Qu’est-ce qu’ils avaient tous, à la vénérer comme ça ? Mais nan, elle n’allait pas mourir. Elle en avait vu d’autres. C’était pas une petite sortie de morveux qui allait l’achever, merde !
- Mais non, ce sont les rumeurs des courtisans, ça…
- Elle est vraiment malade.
Elle ne put même pas empêcher une lueur d’inquiétude de traverser son regard.
- Quand est-ce que…

Elle ne put se résoudre à prononcer le mot « accoucher ». Son cœur, rien qu’à l’idée, s’affolait déjà, gonflé comme s’il cherchait à se faire étouffer dans sa cage thoracique. Il lui parut un instant que son second l’avait vu, et elle se ratatina.
- Peut-être uns de ces jours. Il est possible que….
Elle l’envoya balader avec un signe de la main.

Le soir même, elle donnait la directive qui lui arracherait ses dernières plumes. Elle s’entendait encore, en parlant à des gardes :
- J’en veux trois qui resteront tous le temps à proximité de la chambre plus un aux fenêtres. Vous ne laissez entrer que la famille royale et les médecins. Non, même, vous me fouillez chaque médecin des ongles des pieds aux oreilles avant qu’ils passent la porte. Compris ?

Quelle folie. Elle aurait dû s’en douter en prononçant ces mots.
_____

Des jumeaux. C’étaient des jumeaux.

Elle sentait une vague d’affection, d’amour même, pour ces petits êtres dont elle ne serait jamais la mère. Elle voulait les voir, les toucher un peu même, plonger ses yeux d’argent dans les leurs, les voir brailler, les sentir vivants.

Les voir, peu importe s’ils ne lui rendaient jamais son amour. Son pas résonna sur le sol, en accord avec sa respiration saccadée. Les enfants de Kanaw, qu’elle aimait déjà … Elle voulait les voir ! Les voir !

C’était cette chambre, là, il n’y avait qu’à tourner. Son cœur battait la chamade. Les jumeaux… Elle tendit la main, sans savoir trop pourquoi, fébrile comme une adolescente. Ces enfants… A quelques dizaines de mètres… Elle allait les voir…

Un ombre lui barra la route. C’était un de ses gardes. Elle ne comprit pas.
-Vous ne passez pas.
Etait-il demeuré ? Qu’attendait-il pour s’écarter ?
- C’est moi, idiot ! Ecarte-toi.
- Non.
Attendez, quelque chose clochait. C’était impossible…
-Comment ça, non ? Pousse-toi, j’ai dit. Je veux les voir.
Elle s’avança d’un pas confiant, mais se cogna contre le mastodonte qu’elle avait eu la bêtise d’engager.
- Vous ne faites pas partie de la famille. Vous avez dit vous-même…
-Je sais ce que j’ai dit. Laisse-moi passer, bordel ! C’est moi ! Je veux juste les voir, je ne suis même pas armée ! Tu vas t’écarter, oui ?
-…. Non.
Elle sentit son cœur se figer comme de la mélasse. Cela ne pouvait pas se passer comme ça… Non. Non. C’était impossible ! Elle eût envie de crier, mais se retint à un dernier espoir.
- C’est un ordre ! Laisse-moi passer !
Aucune réaction. Son cœur mordit la poussière et elle sentit les larmes commencer à couler. Elle voulait juste les voir, ne serait-ce qu’une seconde ! Laissez-moi les voir ! Le désespoir la gagna, et elle ne retint même pas la colère hystérique qui la submergeait par flots.

Elle hurla en se jetant sur lui, en pleurs, le frappant sans aucune force et se débattant comme une lionne. Ses cris n’attendrirent pas son garde. Elle l’avait bien dressé… A aucun moment il ne faillit à sa tâche. Il ne la toucha pas, parant juste ses attaques sans volonté, mais brisa sans le savoir ce qu’il restait d’une opale déjà fissurée.
Elle poussa des cris à déchirer une âme, pleura et sanglota plus qu’elle ne l’avait fait dans sa vie entière. Puis plus rien. Elle se retrouva seule, dans sa chambre, à comprendre que plus rien ne serait jamais pareil, et à se sentir infiniment seule sur Terre.

Le mur qui se dressa ce soir-là entre la famille royale et elle arracha ses dernières plumes. Plus jamais elle ne volerait. Plus jamais…

Croyait-elle.


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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeVen 26 Sep - 21:45

Partie 8 : Ciryan et Johan
« Une bouffée d’air…Une seule bouffée qui peut te sauver de la noyade… » - Hans, médecin.

- Opale ! Opale ! Tu viens jouer à chat avec moi et Tonton Johan ?
La très sérieuse Chef de la Garde esquissa un sourire, bien que celui-ci lui soit douloureux.
- Bien sûr, bonhomme, si tu promet de ne pas aller trop vite, d’accord ?
- D’accord !

Qu’il était mignon, ce gamin. Alastyn aussi, mais il était beaucoup plus silencieux, plus dur à atteindre. Quant à Nérée, hé bien… Elle lui avait fait quelques mémorables tours de cochons, malgré son air d’ange.

Si elle Lui avait dit qu’elle l’aimait, est-ce que ces enfants seraient les siens ? Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Ils avaient beau bien l’aimer, dans l’ensemble, la douleur ne se taisait pas, presque insupportable lorsqu’ils appelaient Nora « Maman ».
- Opale ! Ca va ? T’es toute bizarre.

Elle lui caressa les cheveux d’un air absent.
- Oui, oui, ne t’en fais pas…
- Je veux pas que tu sois triste.
La jeune militaire lui accorda un sourire, puis posa sa main sur son épaule.
- Touché !
- Naaaan, t’as triché ! Attend !

Elle avait bien le droit de retomber un peu en enfance, non ? Elle en avait tant besoin…

...............................;

L’orage tonnait dehors.

Elle avait encore fait ce cauchemar. C’était la deuxième fois en trois jours, ça allait mal. Les gouttes qui explosaient dehors ne la rassuraient pas, et chaque coup de tonnerre la faisait sursauter. Elle n’en pouvait plus d’être seule à ne pas pouvoir dormir, il fallait qu’elle trouve…Quelqu’un.

Qu’est-ce que je fous là, déjà ? Une question bien maligne, en somme. Elle se trouvait là, comme une idiote, à toquer à la porte de Johan avec l’impression d’être une parfaite idiote. La tête ensommeillée de son lieutenant apparut, et elle put remarquer la tignasse décoiffée du jeune homme.

- Guesquispasse ? Oh, Opale … Qu’est-ce que tu…

Ladite Chef des Gardes esquissa un air piteux. Comment lui expliquer ? Il ne comprendrait peut-être … Un nouveau coup la fit violemment sursauter, et elle comprit au sourire de Johan qu’il avait effectivement compris.

- Oh, tu as peur… Tu veux entrer ?

Elle attendit le rire sardonique, baissant les yeux. Il ne vint pas. De plus en plus mal à l’aise, elle acquiesça, certaine d’avoir perdu toute crédibilité. Il s’effaça pour la laisser entrer, et tandis que son regard détaillait la pièce, elle sentit son malaise disparaître.

- Dis, tu utilises ton pouvoir, là ?
- Moi ? Non.
- Bien ce que je craignais.

Peut-être était-il juste rassurant par nature ? Pourtant, maintenant qu’elle n’était plus seule, la peur et la tristesse baissaient docilement. Pourquoi est-ce si dur d’être seul ?

La nuit passa tranquillement sur eux. Au matin, lorsqu’elle se réveilla, elle avait la tête sur son torse. Rien de spécial ne s’était passé, elle se souvenait juste d’avoir commencé une bataille de polochons et de s’être endormie, épuisée… Elle n’avait même pas refait le cauchemar.

Peut-être, au fond… N’était-elle pas si seule. Peut-être, n’ayant plus de plumes, pouvait-elle en partager.

Ou peut-être était-ce une confortable illusion.
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeSam 27 Sep - 11:22

C'est moi qui valiiiiiiiiiiiiiide ! Yea
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitimeSam 27 Sep - 11:25

Ouiiiiiin ! Crying or Very sad J'l'avais finie avant, c'pas juuuuuuuuuuuuuste !
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MessageSujet: Re: Opale de Frey   Opale de Frey Icon_minitime

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