Totems
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

 

 Traquenard ?

Aller en bas 
3 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Johan Grey
Armée
Armée
Johan Grey


Nombre de messages : 68
Age : 36
Nom de l'Esprit : Lianne
Âge du Personnage : 30 ans
Métier : Second d'Opale
Date d'inscription : 27/08/2008

Traquenard ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Traquenard ?   Traquenard ? - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Juil - 13:39

Son histoire ? Comment ça, son histoire ? Johan arqua un sourcil, et son visage prit l’expression profondément perplexe d’un homme qui n’a visiblement pas compris un traître mot de ce qu’on vient de lui dire. Ce qui n’était pas forcément difficile, vu la quantité d’alcool qui commençait à dériver paisiblement dans ses veines. C’était bien simple, il avait l’impression que ce n’était plus du sang, mais du vin, qui irriguait son cerveau. Cette pensée aurait dû l’inquiéter plus que n’importe quelle autre. Mais non… Pour l’heure, il en était à l’occupation suivante : déchiffrer ce que venait de lui dire sa supérieure. Qu’est-ce que son histoire pouvait bien avoir de transcendant pour qu’elle veuille l’entendre ? La curiosité devait rendre l’intérêt bien plus attrayant qu’il ne l’était en réalité. Oui, c’était probablement ça. Opale voulait un peu de mystère… et bien elle risquait d’être déçue.

Sa vie avait été d’une banalité limpide. Johan en poussa même un soupir las. Sa vue s’embrouillait avec ses pensées, et il dodelina de la tête, avec l’impression curieuse qu’elle allait soudainement se décrocher du reste de son corps pour retomber mollement sur la table. Intéressant et poétique, comme impression. Le jeune blond tenta un effort surhumain pour faire appel à ses souvenirs. Alors, son histoire… Etait-ce le vin, ou bien sa mémoire, qui le perdait suffisamment pour qu’il ne soit plus capable de discerner ce qui s’était réellement passé, de ce qu’il avait imaginé ? Enfant, ses souvenirs étaient flous… Adulte et saoul, ils l’étaient tout autant. Qu’aurait-il eu à dire ? Il avait cru voir passer sa grande sœur, seulement quelques minutes auparavant… Pourquoi ce détail lui revenait-il maintenant ? Ce n’était pas elle. Ca ne pouvait pas être elle, si ? Il était si petit, la dernière fois qu’il l’avait vue… N’importe quelle femme rousse devenait Faith, à ses yeux.

Le pire, dans tout cela, c’était qu’il n’en restait pas moins serein, tandis que ces réflexions défilaient à la queue leu leu devant ses yeux d’un bleu ciel enflammé. Johan ouvrit la bouche, sans bien savoir par quoi il avait eu l’intention de commencer. Il n’était même pas sûr d’être encore capable d’entamer une phrase complète. Sa bouche lui semblait pâteuse, sa gorge sèche et brûlante. A boire. Non, décidément, il ne pouvait pas faire mieux.

Il ferma les yeux, comme si ce geste avait pu l’aider à résister à l’appel du vin, et sentit le contact frais de la main d’Opale sur sa joue. Il perçut avec une précision déconcertante la moindre irrégularité, la moindre petite écorchure sur les doigts de la jeune femme, comme si chacune d’entre elles était un trésor à l’état brut. Simple, mais fascinant. Des frissons s’étalèrent sur sa joue et envahirent tout son visage comme les pétales d’une fleur à peine éclose. C’était agréable. C’était mieux que ça. Le cœur du jeune homme changea de rythme, et ses lèvres dessinèrent un sourire extatique. Probablement un peu trop naïf… mais étonnamment sincère. Le visage de Johan était un véritable livre ouvert. Ouvert à toute interprétation.

Et puis Opale se mit à boire à son tour, seule réaction qu’elle fut en mesure d’avoir face à un compliment qu’il n’avait pas pu maîtriser. Comme si les gestes de Johan avait été guidés par l’attitude de son amie, il engloutit lui aussi un nouveau verre de vin, et leva les yeux au ciel. Sa gorge ne le brûlait plus, mais le chatouillait d’une amusante façon, comme si elle réclamait autre chose à présent, et des bulles de savon explosaient en rythme dans son cerveau, en un tintamarre qui se calait à merveille sur la musique ambiante de l’auberge. Johan fit preuve d’une volonté surhumaine pour fixer son attention sur les paroles désordonnées d’une supérieure tout aussi ivre que lui.

Incapable de répliquer quoi que ce soit, le jeune homme hocha péniblement la tête en signe d’assentiment, tandis qu’elle annonçait qu’elle était aussi con que contente. Cela n’avait pas l’air de le déranger outre mesure, à vrai dire. Peut-être aurait-elle pu dire n’importe quoi d’autre qu’il aurait continué à dodeliner vaguement de la tête, comme un automate. C’était à se demander à quel moment il allait s’effondrer tout bonnement sur la table.

Pas encore, assurément. Les paroles d’Opale le réveillèrent quelque peu, par leur singularité. Ses cicatrices ? Ben quoi ? Qu’est-ce qu’elles avaient de particulier, ses cicatrices ? Il avait des cicatrices, lui ? Perplexe, Johan se mit en devoir de se tâter le visage à la recherche d’une trace qui puisse approuver les paroles de son chef. Recherche qui fut momentanément interrompue par une question incongrue d’Opale… suivie d’Opale elle-même, qui trébucha et s’affala presque sur lui.

En toute autre circonstance, Johan aurait rougi jusqu’aux oreilles et se serait figé sur place, bloqué par sa timidité habituelle. Là, il commença par vaciller légèrement sous le poids de la jeune femme, qui perturbait l’équilibre déjà bien précaire qu’il avait réussi à obtenir en se calant sur sa chaise. De fait, il reprit son équilibre de justesse, et posa par réflexe l’une de ses mains dans le bas du dos opalien, tout en clignant des yeux, avec le même sourire béat et serein.


- C’promis… J’dirais rien, rien, rien… Chuis une tombe. J’sais garder un secret, moi.

Johan parut intensément surpris de s’entendre parler. Et plus encore, d’avoir pu se faire comprendre. A supposer, bien sûr, que la jeune femme à moitié endormie sur son épaule soit en mesure d’entendre quoi que ce soit. Ce poids tiède, contre son corps, avait quelque chose d’apaisant et d’intime, qui faisait courir des frémissements le long de sa colonne vertébrale. Il esquissa un sourire attendri au sursaut de conscience d’Opale, et pencha la tête jusqu’à frôler l’ombre des cheveux de la jeune femme avec ses boucles dorées.

- Oui, juste à nous…

Le jeune homme inspira profondément. Là… il était bien, il était calme. La présence d’Opale allait-elle finalement avoir raison de l’ivresse qui courait dans ses veines ? Il l’espérait de tout son cœur. C’était parfait. Il ne voulait plus bouger. Plus un geste. S’endormir, là, n’aurait pas été si désagréable. Sa main ramena un peu la jeune femme contre lui, ne serait-ce que pour l’installer plus confortablement.

Et puis… de nouvelles bulles éclatèrent dans sa tête et dans sa gorge, faisant naître un petit rire inexplicable, qu’il ne maîtrisa pas. L’instant de calme olympien s’évapora sous un sursaut de Johan, qui se souvint brutalement qu’il avait des cicatrices sur le visage. Chose qui apparaissait soudain d’une importance vitale.


- T’es… t’es sûre qu’y a des cicatrices, t’es sûre ?

Le jeune homme se remit à tâter son visage sous toutes ses coutures avec une lueur affolée dans le regard. Les grimaces qu’il arborait étaient hilarantes, pour un regard extérieur et sobre. Autant dire, pour pas grand monde dans cette auberge. Johan eut un sourire victorieux et étincelant lorsque son index rencontra une vague cicatrice au tracé sinueux, le long de sa tempe gauche.

- Ah oui !!! Là, là ! J’m’en souviens ! Sais pas si c’est zouli, mais c’pas c’que tu crois, tu sais ? On dirait que j’l’ai eu faisant le mec, et en fait et ben non. J’me suis pris une porte, c’est Nora qui… Elle est violente, des fois… Elle a beaucoup rigolé.

Léger haussement d’épaule, tandis que le jeune homme fronçait les sourcils, se demandant vaguement pourquoi il se mettait à parler autant, soudainement. L’alcool délie les langues, dit-on… Peut-être aurait-il mieux valu qu’il se taise. Sans plus de transition, il tourna la tête vers Opale, et tendit la main pour effleurer le nez de la jeune femme, puis les joues, le menton… comme s’il voulait redessiner son visage. Le tout, avec un naturel déconcertant.

- Mais toi… Toi aussi, t’as des cicatrices très jolies… Et pis… Et pis aussi tes cheveux… Ils sont tout doux. J’dois toujours m’empêcher d’y toucher, pasque j’ai pas l’droit… Et ils sentent bon… Et tes yeux, ils sont… si gris. On dirait que ce sont des petits bouts de mer… Et tes lèvres…

Stop, halte. Johan laissa sa phrase en suspend. Sursaut de conscience ? Non, pas vraiment… Ses joues étaient un peu rougies, certes, mais cela ne ressemblait en rien à la couleur de la timidité. Alors pourquoi s’interrompait-il ? Ses yeux bleus perdirent de l’altitude pour fixer un instant les lèvres d’Opale, avec une expression indéchiffrable. Il s’interrompait pour la simple et bonne raison qu’il ne parvenait pas à trouver les mots exacts pour exprimer ce qu’il voulait. Et cela l’ennuyait profondément. Regrettait-il tout ce qu’il venait de dire ? Il n’en avait pas l’air. Après tout… N’était-ce pas elle, qui lui avait demandé ce qu’il pensait d’elle ?

Johan se permit de laisser ses doigts jouer vaguement avec les boucles de la brunette, tandis qu’il ajoutait dans un souffle :


- Et tout ça… Et ben tout ça, ça fait de toi une femme magnifique… Les gardes… Les gardes, des fois, j’ai envie de les tuer, quand je vois la façon qu’ils ont de te regarder. T’es trop… trop bien pour eux. Trop bien pour tout le monde, même pour lui.

Difficile de savoir si le jeune homme était entièrement conscient de ce qu’il racontait. In vino veritas, là, pas de doute… S’en souviendrait-il seulement ? Regretterait-il ? Pour l’heure, il continuait à sourire paisiblement, comme si plus rien désormais ne pouvait l’atteindre… La tête lourde, il se laissa retomber dans le fond de sa chaise avec un long soupir. Les yeux clos, il réussit encore à articuler, sans aucun lien avec ce qu’il venait de dire :

- Mon histoire est pas intéressante, tu sais…

Et puis il y eut un nouveau silence. Comme si l’un et l’autre fonctionnait par à-coups. Johan semblait brusquement éteint. Mais pour combien de temps encore ? Autour d’eux, la musique continuait à les envelopper dans un rythme entraînant qui se répercuta dans les veines du jeune blond. Bien vite, il sentit son pied battre la mesure, et sa tête dodeliner à intervalles réguliers. Encore une petite seconde de calme, puis il sursauta violemment comme s’il venait d’avoir une soudaine illumination.

- Viens ! On va danser !!!

Fier de cette résolution, Johan se releva de sa chaise comme s’il avait été monté sur ressors, sourcils légèrement froncés, en une attitude décidée et combattive qui prêtait plus à sourire qu’elle n’impressionnait. Redressant les épaules, le jeune homme saisit la main d’Opale dans la sienne, et l’entraîna un peu plus loin, où il y avait assez de place pour leurs futures acrobaties. Et où des regards amusés commençaient à se déposer sur eux. Des rires fusèrent lorsque le blondinet ivre entama un pseudo déhanchement au rythme de la musique. En temps normal, il savait danser… Ivre, il savait juste… gesticuler.
Revenir en haut Aller en bas
Opale de Frey
Modo
Modo
Opale de Frey


Nombre de messages : 71
Nom de l'Esprit : Palli
Âge du Personnage : 27
Date d'inscription : 25/08/2008

Traquenard ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Traquenard ?   Traquenard ? - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Juil - 22:59

Elle commençait à somnoler lentement, avec autant de confort dans les bras de son adjoint que le permettait la situation. Oui, en fait, tout était parfait. Ces mots, qui confirmaient l’intimité de l’instant, glissés jusqu’à elle… La douce chaleur du corps contre lequel elle se pressait, les boucles blondes qui chatouillaient sa nuque, le toucher doux de l’étoffe sur laquelle son menton reposant, et les mouvements tranquilles de sa respiration…Son odeur… Ses yeux se fermèrent doucement, malgré eux, son corps commença à se détendre. Oui… S’endormir, ici. Avec lui, et dormir…

Klong. Le fil de son sommeil, brisé, claqua comme un fouet. Mais… Oui, il avait des cicatrices, c’était si important que ça ? Assez important pour l’empêcher de se reposer sur son épaule ? C’était triste… Elle était fatiguée… Une porte, vraiment ? Mais, fallait pas le dire, ça cassait l’effet, voyons ! La jeune femme effleura du doigt la cicatrice en question, luttant contre le sommeil qui revenait et tentait de la déstabiliser et mettait à mal son équilibre déjà précaire.

- Ouais, bin, ça te donne un certain charme.

La capitaine ivre tourna le regard ailleurs, mais fut coupée dans son élan par les doigts de son second. Rien de mal, mais… C’était … Quoi, une caresse ? Un contact, en tous cas. Comme si les mains de Johan, avec précaution, redessinaient son visage. Sous la couche d’alcool, elle eût l’impression que ces doigts, qui effleuraient chaque grain de peau avec une délicatesse déconcertante, la connaissaient par cœur. Ses yeux se fermèrent, et elle profita de la sensation sans se poser de questions, inclinant légèrement la tête pour en faciliter le cours. Oui… C’était ça dont elle avait besoin. Dont elle avait toujours eu besoin, au fond… De la tendresse.

Elle rouvrit les yeux lorsque les répliques de Johan parvinrent à son cerveau. Les cicatrices, d’accord. Mais était-il vraiment en train de lui expliquer que tout en elle était attirant ? Loin dans son brouillard fumeux d’ivresse bien entamée, Opale sentit son cœur vibrer. Les cheveux, l’odeur, les yeux, les lèvres ? Ses lèvres s’entrouvrirent doucement, ses yeux s’écarquillèrent, et elle contempla son lieutenant dans la plus pure expression d’étonnement.

Malgré tout. Malgré toute son ivresse, tout l’alcool, malgré la taverne et les gens qui les regardaient, Opale se mit à pleurer au « T’es trop bien pour tout le monde, même pour lui ». Elle ne pouvait dire pourquoi ces mots la touchaient tellement, mais au moment où Johan fermait les yeux, des larmes commencèrent à couler sur son visage. Bien. Il la trouvait bien. Elle qui se détestait, il trouvait le moyen de lui dire qu’elle était trop bien pour n’importe qui. C’était… C’était tellement…

Beau.

Ses oreilles ne firent même pas attention lorsqu’il prévint de la banalité de son histoire. Elle se sentait… Triste. Et paumée. Face à un nouveau dilemme, aussi, même si elle était bien trop ivre pour s’en rendre compte. Elle s’entendit murmurer, machinalement, comme si son corps voulait continuer de marcher tout seul malgré son émotion :


- Mais bien sûr que si, qu’elle est intéressante. J’veux pas un conte, j’veux juste savoir … Toi.

Un instant se passa, aussi long qu’un océan parcouru à vol de pie. La jeune femme avait presque l’impression qu’elle ne respirait plus. Son cœur, par à-coups désordonnés, tentait de battre tant bien que mal, mais tout son corps était… Eteint. Presque en coma. La seule chose qu’elle savait était qu’elle ne savait rien du tout. Ne pas chercher à comprendre. Pas dans cet état. Ne pas chercher à démêler le pourquoi du comment, à savoir pourquoi Johan avait fait son éloge de façon aussi brusque. Brusque ? Peut-être était-ce elle qui l’avait demandé, savoir… Ce qu’il pensait d’elle. Bah, c’était plutôt flatteur, non ? Compliqué mais flatteur.

Sa tête était en train de retomber mollement sur l’épaule du blond lorsqu’il eût l’illumination soudaine, la putain d’idée de danser. Il lui mit, d’ailleurs, en se relevant, un coup au passage, brisant de nouveau le cycle de sa fatigue et de son sommeil. Il le faisait exprès, ou quoi ? Bordel, Johan !

Au départ, elle ne résista pas, n’en ayant pas le courage. Pourtant, lorsqu’il l’entraîna à l’endroit où ils seraient le point de mire de tous les moqueurs, un vieil instinct, aidé par sa déprime naissante, créa une résistance, et elle tenta d’arracher sa main de celle de son ami avec une violence aussi subite qu’artificielle. Elle bégaya, titubant sous l’empressement de Johan et sous ses propres problèmes d’équilibre :


- Nan, nan ! Johan, je veux pas … Je veux pas danser…

Changeant subitement d’avis sur la méthode, elle resserra sa prise autour de la main de Johan et l’entraîna vers l’arrière de la salle, le forçant tant bien que mal à la suivre de nouveau à la place où ils se tenaient quelques instants auparavant. Sa force, bien que diminuée par l’alcool, fit ensuite en sorte de le rassoir et elle le bloqua de son poids, revenant sur ses genoux avec fermeté. Apparemment, l’alcool, s’il avait diminué son physique, avait aussi amenuisé la gêne qu’elle aurait pu ressentir d’être brutale et de s’asseoir sur quelqu’un pour le bloquer.


- Je veux pas… J’ai pas besoin de ça, je veux… Je sais pas ce que je veux, mais…

Et puis son corps bougea tout seul, tout ivre et tout déprimé qu’il était. C’était comme si ses instincts, son besoin d’amour avait pris le contrôle, comme si tout avait cessé de tourner et que sa seule chance de survivre était de s’accrocher à ce blond qui semblait lui témoigner de l’affection. Lentement, elle glissa ses mains le long de sa nuque, aussi normalement qu’elle l’aurait frappé pour une connerie dite en sa présence.

Puis, tout aussi naturellement, elle se serra contre lui, guidée par un besoin d’affection grand comme un trou noir au fond du cœur… Et se rapprocha, encore et encore. Frôla ses boucles blondes de ses lèvres vermeille, chatouilla sa joue de la peau brûlante de son cou, sans savoir où elle allait dans cette promiscuité ambiguë, presque suggestive…

Et puis elle ne chercha plus où elle allait. Elle y alla carrément. Ses lèvres, après avoir glissé un souffle quelque peu teinté d’alcool qui alla chatouiller la peau de son second, se déposèrent sur celles du blondinet, puis se firent pressantes, presque nécessiteuses. Ses mains fourragèrent dans les boucles d’or qui se présentaient à elles, et elle mordilla doucement la lèvre inférieure du soldat, cherchant toujours à rapprocher leurs visages plus que possible. Sa langue fraîche passa sur la bouche de son second, puis…

Puis leur étreinte s’interrompit. Opale était tombée de fatigue dans les bras de celui qu’elle venait très probablement de choquer à vie. Fatiguée par cette relation toute neuve, peut-être ? Par ce nouveau regard ? Epuisée, en tous cas, car ce sommeil-là semblait profond.
Revenir en haut Aller en bas
Johan Grey
Armée
Armée
Johan Grey


Nombre de messages : 68
Age : 36
Nom de l'Esprit : Lianne
Âge du Personnage : 30 ans
Métier : Second d'Opale
Date d'inscription : 27/08/2008

Traquenard ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Traquenard ?   Traquenard ? - Page 2 Icon_minitimeMer 8 Juil - 15:09

Ehhhhh, mais quoi ? Quoi, c’était pas une bonne idée ? Pourquoi ne voulait-elle pas danser avec lui ? Il dansait mal, c’est ça ? Mais c’est pas juste, ça ! Ou alors c’est parce qu’il l’avait fait pleurer. Oui, peut-être bien… A travers l’ivresse qui rythmait ses mouvements et ses pas désordonnés sur sa piste de danse improvisée, Johan sentit son cœur se serrer. L’alcool le rendait cotonneux. Autour de lui, le monde n’était plus qu’un cocon étouffant et bruyant, qui formait entre lui et ses propres sentiments une barrière épaisse. A tel point qu’il avait bien du mal à réagir en temps et en heure… S’il avait vu les larmes inonder le visage de son amie, il lui avait fallu plusieurs minutes avant que l’idée même n’arrive jusqu’à sa conscience, et ne le chamboule complètement.

Johan s’arrêta net, s’immobilisant de lui-même au milieu de l’auberge, le cœur battant irrégulièrement. Il l’avait fait pleurer. Comment avait-il pu ? Et pourquoi ? Qu’avait-il dit ? Il n’aurait jamais dû boire autant… Déjà, ses souvenirs s’embrouillaient. Qu’avait-il bien pu lui dire qui la blesse à ce point ? Pourrait-il seulement réparer ? S’excuser ? Le jeune homme arqua un sourcil. Tout était si confus… il en perdit l’équilibre, au moment même où Opale montra nettement plus de résistance qu’un simple « je veux pas ». Tout se passa incroyablement vite. Plus encore pour l’esprit « ralenti » du jeune second. Il sentit le sol se courber sous ses pieds, et eut l’étrange impression qu’il commençait à flotter.

Faux. Il tituba violemment tandis qu’Opale l’entraînait avec force à l’arrière de la salle, et dût user de toutes ses maigres facultés du moment pour ne pas se retrouver le nez ensanglanté écrasé par terre. Ce fut presque avec une sorte de soulagement qu’il s’affala sur la chaise qu’il avait quittée quelques instants plutôt. Un soupir franchit ses lèvres, accompagné d’une petite grimace. Elle n’avait pas tort, au fond… C’était pas une si bonne idée, de danser… Le sol tangua encore, même à présent qu’il était assis.

Johan ferma les yeux… et sentit un corps s’approcher du sien, s’appuyant sur ses genoux et transmettant une douce chaleur qui le fit frissonner, et le saisit d’incertitude. Ca ne pouvait être qu’elle. Sans bien s’en rendre compte, le jeune homme retint sa respiration, mais garda les paupières closes. S’il ignorait pourquoi Opale avait pris la liberté de s’installer sur ses genoux, il ne pouvait nier que l’idée n’avait rien de déplaisant. S’il avait eu encore assez de conscience, il aurait remercié le ciel d’être assez ivre pour ne pas réagir comme à l’ordinaire. Autrement dit : rougir jusqu’à la pointe des cheveux, bégayer, perdre tous ses moyens et se figer brusquement.

Là, ses joues étaient certes un peu rougies, mais cela ne ressemblait en rien à de la timidité, et ne faisait que souligner l’éclat qui scintillait dans ses iris, lorsqu’il se décida à rouvrir les paupières. C’était bien elle. Elle était bien là, si près… Son cœur loupa un battement, dernier souvenir d’un Johan sobre qui voyait presque un de ses fantasmes les plus inconscients se matérialiser devant lui. Qu’était-il censé faire, à présent ? Attendait-elle quelque chose de précis ? Il n’était plus en mesure d’y réfléchir. Ses mains réagissaient de leur propre chef, et s’enroulèrent instinctivement autour de la taille de la jeune femme, comme pour la maintenir encore un peu auprès de lui. Johan inspira profondément son odeur, si délicieuse, qui surpassa un instant celle, hypnotique, du vin qui les éloignait tous deux d’eux-mêmes. Pour les rapprocher.

Le reste fut si rapide, qu’il l’étourdit dans un flot de sentiments indéchiffrables. Elle s’approcha encore… Il sentit ses propres mains remonter le long du dos d’Opale, tandis qu’elle glissait les sienne derrière sa nuque. Que faisaient-ils ? Il n’eut même pas le temps de se poser la question. Quelque chose bouillonna en lui, réveillé par l’ardeur de l’alcool dans son sang, et la proximité délicieuse de cette jeune femme qu’il admirait jusqu’alors de loin… Etait-ce réel ? Etait-ce elle, qu’il sentait s’approcher de lui ? Rêvait-il encore ? Non… Sa peau tiède, ses lèvres douces qui frôlaient son cou, son odeur, ses gestes… C’était elle. Les doigts de Johan terminèrent leur long périple à travers le dos de la jeune femme et se perdirent dans les boucles sombres qu’il avait complimentées quelques minutes auparavant. La simple idée de son audace aurait dû le catastropher. Non… cela l’enivra davantage.

Il ferma de nouveau les yeux. Elle était là. Tout près. Le reste était superflu. Le monde tangua encore sur son axe. Et tout se renversa… Quelque chose se produisit… Quelque chose qu’il n’attendait pas, même ivre. Quelque chose qu’il n’avait même pas seulement imaginé, de peur de ne pas le mériter. Le méritait-il ? Evidemment que non. Mais ivre, la question ne se posait pas… Ivre d’alcool, ou ivre d’elle ? Johan n’aurait su ce qui le plongeait dans une telle confusion.

Ses lèvres, si hésitantes, rencontrèrent celles d’Opale avec une surprise mêlée d’une sorte de frémissement impatient. Il ne réfléchit pas. Il fondit ses lèvres à celles de la jeune femme, apprivoisa ses mouvements pressants en tremblant presque, et laissa leurs bouches entamer une danse ivre, sensuelle… et vitale ? Il y avait quelque chose de maladroit, dans les baisers qu’il tentait de lui rendre… de maladroit, d’hésitant, comme les ailes d’un papillon qui se heurtent avec légèreté. Mais il embrassait aussi comme on puise à une source fraîche. Comme s’il était… assoiffé. Un besoin. Une renaissance. Il n’était plus certain de pouvoir s’arrêter. Son ardeur aurait dû l’effrayer… Non.

Ses mains revinrent se glisser sur les hanches d’Opale, et y demeurèrent, tremblantes, jusqu’à ce qu’elle mit fin elle-même au baiser. Johan ne sut exactement si le soupir qui franchit alors ses lèvres était soulagé ou plus confus encore. Il inspira profondément, et ce fut un souffle brûlant qui parcourut sa gorge… Le corps d’Opale reposait contre le sien, sa chaleur se diffusant dans ses membres et ravivant le souvenir d’un baiser qui venait de l’ensorceler. Le jeune homme n’osait plus faire un seul geste. Il était comme… piégé. Son cœur battait si vite qu’il avait bien du mal à le percevoir encore. L’aurait-il perdu en chemin ? Oui… Elle le lui avait pris, il en était certain. Et il le lui laissait bien volontiers…

Las de sensations si soudaines, Johan poussa un nouveau soupir, et referma très doucement ses bras autour des épaules de la jeune femme. Une douleur caractéristique commençait à germer dans son crâne, lui rappelant les effets néfastes de l’alcool. Il n’en avait cure. Sa tête lui tournait encore, et cela n’avait rien à voir avec l’ivresse. Il était fou… Elle venait de le rendre fou. Inconsciemment, Johan passa son index sur ses propres lèvres, dans l’espoir d’y récupérer encore un peu de la saveur des siennes. Il ne pouvait pas avoir rêvé… C’était impossible.

Le temps sembla ralentir autour d’eux… Johan ne sut exactement combien de temps il demeura là, interdit, perdu, à serrer Opale contre lui, gardien de son sommeil. Et puis… sa tête se fit lourde. Ses paupières s’abaissèrent petit à petit, ployant sous le pouvoir de Morphée. Le jeune homme secoua la tête. Un sursaut de conscience le poussa à rester éveillé, ne serait-ce que le temps d’installer confortablement la jeune femme… quand bien même il répugnait à seulement l’éloigner de lui désormais. Au prix d’un effort surhumain, il la prit dans ses bras comme une mariée, et se releva de sa chaise, pour tituber jusqu’à l’aubergiste, à qui il demanda une chambre. Il déclina résolument l’aide qu’on lui offrit de porter Opale à sa place, et la serra un peu plus contre lui, en gravissant péniblement les marches jusqu’à l’étage.

Après un trajet qui lui parut interminable… et pourtant trop court, Johan déposa délicatement Opale sur le seul lit de la pièce qu’il venait de louer. Le jeune homme s’immobilisa et s’accorda un instant pour contempler le visage paisible et endormi de la jeune femme. Il vit sa propre main s’avancer jusqu’à effleurer les lèvres qu’il avait embrassées, puis, sans réfléchir, il se pencha jusqu’à elle, et déposa un baiser sur son front, tout en caressant sa joue.


- Bonne nuit, Opale.

Et il se laissa retomber au pied du lit, cédant au sommeil insistant qui l’assaillait. Assis sur le plancher, adossé contre le bord du lit, Johan se noya dans ses rêves… bien pâles, face à ce qu’il venait de vivre.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Traquenard ? - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Traquenard ?   Traquenard ? - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Traquenard ?
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Totems :: Le Monde des Humains :: Llywen :: Les Bas-Quartiers-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser