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 Johan Grey

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Johan Grey
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Johan Grey


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MessageSujet: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeSam 30 Aoû - 14:13

Nom : Grey

Prénom : Johan

Surnom : Il n’en a pas spécialement. Certains l’appellent Jo’, tout simplement parce qu’ils n’ont pas le courage d’aller jusqu’au bout du prénom, et d’autres le surnomment « gueule d’ange », de façon plus ironique qu’affective, en réalité.

Age : 30 ans.

Camp : Armée

Métier : Sous l’ordre intransigeant d’Eleanora Montgomery, il est devenu le bras-droit et l’aide principale d’Opale de Frey, elle-même à la tête de l’Armée du Roi et de la Reine. Autant dire qu’il prend son rôle très à cœur, et avec un sérieux parfois déconcertant de bonne volonté.

Description physique:

Une silhouette pénétra discrètement dans l’auberge, se glissant adroitement entre les tables, la démarche rapide et décidée. Le corps de l’inconnu était presque entièrement masqué par une cape d’un rouge bordeaux retombant sur ses épaules et descendant lourdement jusqu’à frôler les talons de ses bottes salies par les embruns et le sable. La capuche avait été rabattue, de telle sorte que l’on ne discernait rien d’autre en guise de visage, qu’un trou béant, une obscurité où semblait luire, quelque part au fond, un regard mêlant la naïveté à la méfiance. L’absence de visage ne permettait pas véritablement de déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, au détail près que ses épaules étaient sans doute un peu trop larges pour une stature féminine, mais de peu. Sans compter ses mains, seules choses réellement visibles d’un corps discret et effacé, dont les nombreuses calles et cicatrices attestaient d’une maîtrise des armes et du combat. Mains qui paraissaient dotée d’une force nettement acceptable, associée à une sorte de fragilité indicible qui laissait planer un curieux paradoxe. L’une d’elle, justement, éloigna d’un geste brusque mais plutôt prévenant qu’agressif l’un des saoulards qui s’apprêtait à bousculer le jeune homme, tandis que l’autre, dans un réflexe assez déconcertant, attrapait d’une poigne ferme le coude d’une serveuse sur le point de perdre l’équilibre. L’homme la rétablit machinalement, comme s’il n’avait pas eu conscience de ses propres mouvements et qu’il n’agissait que par pur instinct.

L’instinct, cependant, ne fut pas assez fort pour prévenir une secousse au niveau de son épaule droite, lorsqu’un des clients déjà bien rempli tentait d’atteindre la sortie tant bien que mal, en titubant. Le choc fit légèrement vaciller Johan, dont la capuche glissa de sa tête, pour retomber mollement dans son dos, libérant un visage et une chevelure légèrement bouclée qui tranchait grandement avec l’obscurité qui l’avait entouré quelques instants plutôt. Tout au contraire… Son visage était… lumineux.
Oui, il n’y avait pas d’autre mot que celui-ci pour définir les traits doux de ses joues hâlées légèrement creuses, qui ne faisaient qu’accentuer la couleur de ses yeux. Les iris du jeune homme, d’un bleu profond - comme l’océan, diraient certains, comme la couleur du ciel lorsque la nuit mange lentement le jour, diraient d’autres -, malgré leur couleur ambiguë, éclairaient étrangement son visage d’une lueur rassurante et enfantine. Il y avait dans son expression seule une sorte de naïveté inébranlable… comme un enfant qui aurait grandi trop vite. Ou qui aurait oublié qu’il fallait grandir. Son regard pétillait doucement, comme un feu que l’on couve et qui ne se meurt jamais vraiment, endormi sous les cendres chaudes. C’était un bleu hypnotique et rassurant… la première chose qui captait l’attention de celui croisant son regard vif.
Venaient ensuite son nez à peine recourbé qui accentuait l’air faussement innocent de Johan, les quelques cicatrices blanchâtres et discrètes sillonnant ses tempes, son front et son menton, et une bouche d’une couleur rosée surprenante, toute d’innocence et de simplicité, prompte à sourire dans un geste inconscient qui révélait une nature légère et optimiste. Un peu trop, peut-être, pour ne pas paraître moqueur et défiant… ou involontairement charmeur, selon le point de vue… En somme, il était plutôt beau garçon, mais de telle sorte qu’il n’avait pas l’air d’en être le moins du monde au courant, tout au contraire. Il paraissait refléter une humilité assez impressionnante pour ne pas être remarquée. Comme s’il avait voulu se faire oublier. Se fondre dans le décor. Sans véritablement y parvenir, fort malheureusement pour lui. Car, à la réflexion, le jeune homme sous cette capuche rouge sang aurait très bien pu ressembler à l’idée que l’on se faisait d’un ange…
Ange ou démon ?

Certains détails tranchaient en une contradiction qui pouvait attiser l’intérêt tout autant que le mépris chez ceux qui avaient affaire à lui. Les joues de Johan, arborant déjà quelques cicatrices, prémices d’un côté sombre, étaient passablement recouvertes d’une fine barbe de la même teinte naïve que sa chevelure. Cela lui donnait une allure débraillée et délicieusement négligée, accentuant la sensation un peu barbare déjà évoquée par les marques de combat sur ses mains et son visage. Ange, démon… ou Corsaire ? Le bandeau rouge sali qui ceignait son front brisait l’impression d’innocence et de pureté, au profit d’une attitude nettement plus guerrière, moins rassurante que la lueur malicieuse au font de son regard. Il semblait bien que les apparences fussent particulièrement trompeuses. Les mèches blondes du jeune homme s’échappaient du bandeau en une auréole pour le moins ironique autour de son visage, certaines boucles téméraires barrant son regard bleu. Ses cheveux n’étaient pas encore assez longs pour nécessiter qu’on les attache, de sorte qu’il se contentait la plupart du temps de les retenir par un tissu noué derrière sa nuque, pour laisser sa vision claire. Inconsciemment ou non, il jouait l’ambivalence d’un physique aux attraits angéliques rendus inquiétants et rebelles, comme si la lumière et l’ombre se disputaient la suprématie, incessamment.
Un sourire satisfait naquit sur ses lèvres fines lorsque ses iris bleutés se posèrent sur une silhouette plus svelte que la sienne, mais tout aussi masquée aux yeux des autres.

En deux vives enjambées, évitant plus ou moins adroitement les mouvements incessants autour de lui, Johan atteignit la table de celui –celle ?- qui semblait attendre quelqu’un. Lui, en l’occurrence. Il prit place en face de la personne rivant sur lui un regard de glace, et dénoua machinalement sa cape, la laissant retomber sur le dos de sa chaise, tout en s’essuyant le front. Il portait des vêtements d’une banalité exemplaire, et ce depuis toujours. Une chemise d’un blanc douteux, un peu lâche, recouvrait ses épaules et son torse, battant légèrement l’air autour de ses bras lorsqu’il bougeait. Sa stature n’avait rien de honteux et de maigrelet, quoiqu’étrangement modeste. Même si l’aspect d’innocence et de fragilité se retrouvait jusque dans sa musculature apparemment svelte, il était assez bien formé pour ne pas avoir de raison de s’en plaindre. Certes, il était bien plus fluet et mince que la plupart des bretteurs qu’il avait pu rencontrer, et à côté de certains, il ne payait pas de mine. Mais il savait à merveille compenser cette infériorité évidente par une rapidité adroite que son poids léger lui permettait. En revanche, ses bras paraissaient assez puissants pour soutenir un combat sans faiblir, autant à l’épée qu’au corps à corps, ce qui avait sans doute déjà dû lui arriver. La prudence était donc recommandée… l’apparence jouant souvent en sa faveur dans l’effet de surprise.
De fait, l’enfant naïf perdu dans son regard laissait place à un Corsaire aussi déterminé qu’énigmatique, à travers cette étrange bonté compréhensive dont il semblait faire preuve à l’égard de tout le monde. Il posa ses mains assurées à plat sur le bois de la table, s’enfonça légèrement sur sa chaise, et pencha vaguement la tête sur le côté, agitant ses boucles blondes où quelques éclats de sel restaient accrochés, avec un naturel déconcertant face à un regard sans faille qui semblait le jauger. Il dégageait une sensation de chaleur étrange, autour de lui… peut-être était-ce simplement dû à la couleur dorée de sa chevelure retenue prisonnière.


- Bonjour Johan…

Au son de cette voix infiniment neutre, le jeune homme esquissa un sourire inconscient, dévoilant une rangée de dent droites, chose fortement rare chez un marin quel qu’il fût. Signe qu’il n’avait pas été élevé dans n’importe quelle famille du peuple, c’était certain, même si ses manière simples ne le laissaient nullement penser. Son sourire marqua ses joues de deux fossettes malicieuses qui lui allaient à merveille, et qui tendaient à demeurer même lorsqu’il ne souriait pas, infimes rides d’expression aux coins de ses lèvres. Cependant, malgré un visage marqué, il paraissait légèrement plus jeune que son âge.

- Bonjour, El’.

La voix du jeune homme était douce, et son regard complice, alors qu’il baissait poliment la tête en guise de salut.

Caractère :

« Johan… Johan Grey, c’est bien ça ? Oui, bien sûr que je le connais… Je naviguais sous ses ordres, à une époque. Un mec avec une gueule d’ange et une attitude bizarre. Passait le plus clair de son temps avec cette fille, là. Oh, ça c’est sûr, elle avait de quoi lui faire confiance. C’est le matelot le plus prudent et le plus consciencieux que j’ai jamais rencontré. Ah bah ça, pour réfléchir, il y mettait le temps. Trop peut-être… »

- Je ne suis pas sûr que…
Johan ne termina pas sa phrase, relevant la tête vers son Capitaine pour croiser de sa part un regard qu’il connaissait assez bien pour savoir qu’il était inutile d’insister plus longtemps. Certes, elle avait beau avoir une intelligence aiguisée et un sens de la tactique hors du commun, il n’était pas certain que cela soit une si bonne idée. Mais avait-il seulement de quoi discuter ses ordres ? Non, bien sûr que non. Il s’inclina donc légèrement en signe de reddition, et sortit de la cabine pour rencontrer les embruns qui firent claquer son bandeau sur son front. La Princesse voulait suivre son fiancé, ils suivraient donc son fiancé… Mais Johan n’était pas dupe. Il savait qu’elle était aveuglée. Et pas seulement par ses yeux troubles. Il ne pouvait pas la laisser mettre en danger un équipage encore fragile.
Alors il fit ce qu’on lui avait demandé… Il mit le cap sur le navire Corsaire qui les précédait, il lança les ordres adéquats, la voix claire et ferme, aida les débutants qui n’avaient pas encore pris leur marques, croisa le fer avec quelques autres qui désiraient un peu d’entraînement avant ce qu’ils attendaient comme un combat capital… puis il appuya ses deux mains sur le bastingage, et riva son regard couleur de ciel sombre vers l’île qu’ils aborderaient bientôt. Il fallait un autre plan. Un autre que celui qui consistait à se ruer comme des sauvages vers les rebelles terrés dans leur quartier général. Il fallait pouvoir faire face à toute éventualité.
Eleanora était encore dans sa cabine. Peut-être songeait-elle à la même chose que lui… Il n’avait pas le temps de se poser la question. Il réunit les membres de l’équipage, et avec un calme déconcertant, leur expliqua ce qu’il convenait de faire, et ce, dans n’importe quelle situation envisagée, jusqu’à la fuite. Il avait une voix posée, attentive, et ce visage réfléchi qu’ont les hommes prudents… prudents, qui aux yeux de la plupart des marins, s’apparentent tout simplement à des couards, des lâches et tous les quolibets de ce genre. Oui, peut-être… mais il savait réellement ce qu’il faisait, et personne n’aurait pu en douter. A chacun d’entre eux, il remit consciencieusement un ordre précis, net et sans protestation possible, afin que chaque marin sache quoi faire, et à quel moment le faire. Ce n’était probablement pas son rôle… Il n’était probablement à sa place, et s’en rendait tellement compte qu’il hésitait plus qu’il n’aurait dû.
Une fois sa tâche terminée, il poussa un léger soupir et s’assit tout bonnement sur le pont du navire, pour lever les yeux, et rencontrer le sourire simple de celle qui se disait son Capitaine.


Dernière édition par Johan Grey le Mar 2 Sep - 15:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeSam 30 Aoû - 14:28

« Ah, son Capitaine… Je ne sais vraiment pas ce qu’elle a pu lui raconter pour l’envoûter comme ça, mais y a pas de doute, Jo’ était son meilleur atout. Elle pouvait lui demander n’importe quoi, il obéissait dans la seconde. Oh, pas comme un pantin… Enfin, pas tout à fait… Ca lui arrivait de faire du zèle. Elle demandait si peu de service, qu’il ne pouvait pas faire autrement que les lui donner malgré elle. Loyal, ouais, c’était ça… »

Johan stoppa net sa course à l’entrée d’une auberge aux abords du port, et se permit un chapelet d’injures assez impressionnantes, marmonnant tout bas ce qu’il n’était pas poli de crier à tue-tête. Son regard pur lançait des éclairs, et ses épaules étaient crispées d’agacement. Où avait-il disparu, ce crétin fini ? C’était le huitième qui se faisait la malle. Le huitième en une semaine. Qu’avait fait El, exactement, pour faire fuir comme ça la moitié de son équipage ? Et qui courait après pour essayer de comprendre ? Lui, bien sûr… Elle ne l’avait pas envoyé. Elle ne savait même pas qu’il était ici. Johan se demandait même si elle s’inquiétait du fait que son équipage s’amenuise petit à petit.
Il n’avait pas pu s’en empêcher. Ce fuyard, il allait lui faire sa fête et le ramener à bord. Ou, au besoin, il se satisferait d’une explication, musclées si nécessaire, il ne pouvait pas s’empêcher d’en ressentir l’envie sadique et rancunière. Le fait même qu’on puisse abandonner sciemment Eleanora, lui apparaissait comme fondamentalement stupide et dénué d’intérêt.

- Mon gaillard, tu vas pas t’en tirer comme ça.
Aussitôt dit, aussi tôt fait. Le jeune homme poussa la porte de l’auberge, slaloma entre les tables, et se mit en devoir de rechercher celui qui s’était mis en tête de fausser compagnie à Eleanora, sans même se permettre un « au revoir » poli. Peine perdue… Il y avait trop de fumée, trop mouvements, trop de dangers, aussi, pour seulement réussir à distinguer nettement les contours des silhouettes qui l’entouraient. Il posa instinctivement sa main sur son sabre. Prudence avant tout. Cela pourrait tout aussi bien être un piège.
- Où est-ce qu’il se cache, ce bougre de…
Une main tirant sa cape l’empêcha de finir sa phrase et lui fit faire volte-face à une vitesse qui le surprit lui-même. Une sorte d’épave ambulante qui ressemblait à un homme essayait vraisemblablement d’attirer l’attention.
- Eh toi, gueule d’ange. Ca te dirait un beau pactole, en échange d’un petit service ?
Ce disant, l’ivrogne coiffé d’un tricorne de Capitaine qui ne lui allait pas fit cliqueter des pièces dans sa poche, et en glissa quelques unes dans la main de Johan. Le jeune homme demeura silencieux, le regard posé sur les pièces d’or qui luisaient calmement au creux de sa paume. Lueur d’envie ? Simple stratégie ? L’homme en face de lui crut avoir assez attisé son intérêt pour gagner ses services. Au moment où il se mettait à sourire, Johan lui décocha un sourire non moins satisfait, et sans plus prévenir, dans un geste vif, lui fit violemment avaler l’une de ses pièces, tout en s’exclamant :
- Je ne reçois d’ordres que d’une seule personne !
Il esquiva l’un des matelots de l’ivrogne, qui tentait de se jeter sur lui, et laissa échapper un léger rire, tout en se mettant à courir vers la sortie, grimpant sur les tables à la manière d’un enfant jouant à chat.

« Ouais, cet épisode-là l’honore peut-être, mais vous leurrez pas, il avait que la gueule, c’était loin d’être un ange. Il avait… comment on dit déjà ? Un tempérament de feu, et il aimait trop les jeux de hasards. C’était un gars qui jouait pour jouer… et bon dieu qu’il était impulsif ! »

Le jeune blond inspira profondément, les doigts posés sur le gobelet en terre cuite qui cachait aux yeux des autres une série de six dés que lui seul pouvait voir. Autour de la table, cinq autres personnes faisaient de même, à ceci près qu’aucune d’entre elles ne souriaient aussi sereinement que Johan. Il avait ce petit air ironique et pétillant, signe d’un amusement sans pareil… que l’on aurait pu interpréter comme une moquerie ouverte. Ce que ses adversaires prenaient comme tel, vraisemblablement, vu les regards agacés, haineux ou menaçants qu’il recevait d’un côté et de l’autre. Johan n’en avait cure… Il souleva légèrement son gobelet pour vérifier ses dés, plissant les yeux en évaluant les probabilités diverses du jeu de hasard dont il était question. En jeu au milieu de la table ? Un joli petit amas d’émeraude et de rubis qui semblaient lui faire des clins d’œil chacun à leur tour.
Bien… Le gros à l’œil au beurre noir, à gauche, ne pouvait pas avoir plus de quatre dés de deux, le grand chauve avec un tatouage à vomir sur le haut du crâne, lui, en avait à peine deux, si ses déductions étaient exactes. Le troisième, avec sa poudre et sa perruque blanche… le déconcentrait trop par son ridicule pour qu’il puisse savoir ce qu’il avait sous son gobelet. Aucune importance, il suffisait d’avoir une légère marge d’erreur.

- Alors mon mignon, tu nous le lâches, ton chiffre ?
Johan redressa la tête vers son voisin de droite, un petit bougre à la peau noire et aux minuscules yeux jaunes malsains. Il lui adressa un clin d’œil goguenard, sans même avoir eu le temps de réfléchir à ce qu’il faisait, et annonça d’un ton calme :
- Onze dés de six.
Pour une raison qu’il ne comprit pas bien, le grand chauve n’attendit pas de savoir s’il avait vu juste pour se relever violemment, renversant son tabouret qui ricocha sur le sol dans un bruit sec, noyé dans le chaos. A ses côtés, les autres se redressèrent également, les mains fouillant dans leurs chemises à la recherche de… d’une arme à feu ? Sans aucun doute. Sentant venir un danger immédiat qu’il n’avait nullement prévu, le jeune homme sortit son sabre par pur réflexe. Erreur fatale. C’était précisément le geste que les autres attendaient comme déclaration de guerre. Ils fondirent sur lui.
Il y eut quelques chocs de métal, la lame rencontrant la lame, on le bouscula, il se défendit, trébuchant, sentant monter en lui une soif de violence subite, impulsive et déroutante, qu’il ne chercha même pas à repousser. La montée d’adrénaline, sans doute. Ou quelque chose de plus sombre, au fond de lui, qui cherchait à s’assouvir. A prouver quelque chose. Alors qu’il esquissa un arc de cercle avec sa lame, faisant naître un cri de souffrance à sa gauche… et il sentit une douleur fulgurante s’immiscer un court instant le long de sa nuque. Des points rouges dansèrent devant ses yeux, et il n’y eut plus que du noir.
Lorsqu’il rouvrit les paupières, ce fut le ciel qu’il aperçut, puis la glace… celle des yeux d’Eleanora, qui le regardait doucement, un vague sourire au coin des lèvres. Confus, il se redressa sur un coude et murmura :

- Merci.
Il la soupçonna un court instant d’être l’auteur de ce coup à la nuque qui l’avait assommé… et n’eut jamais la réponse à sa question silencieuse.

« Me plaisait bien, quand il réagissait comme ça, le gamin. C’était pas qu’on s’ennuyait quand il était tout beau tout propre sous toutes les coutures, mais faut être honnête… La violence impulsive c’est plutôt bon signe, pour un matelot, je vous le dis… Oh bien sûr, ça c’était avant… Avant que tout se casse la gueule, dans ce foutu monde. Remarquez, il s’en est pas mal sorti, ce petit. Ah pour ça… Se lier comme ça avec la future Reine, fallait vraiment y penser. Fait partie de l’armée maintenant… On aura tout vu, je vous jure. Me demande s’il a changé. Non… c’est pas ce genre de choses qui changent. Son côté gamin naïf, peut-être… Ouais, peut-être que ça, c’est moins facile à conserver. Quoique… »

- Eh, qu’est-ce qu’il t’arrive, mon grand ?
La voix calme de Johan s’adressait vraisemblablement à un arbre… Non. Plus précisément, à un petit garçon d’environ six ans, perché sur une branche, et tétanisé à l’idée de seulement faire un geste pour tenter d’en descendre. Le jeune homme mit sa main en visière et plissa les yeux, pour éviter que le soleil ne lui brûle la rétine, et fixa l’enfant avec une sérénité déconcertante. Son regard pétillait d’une sorte de complicité qui pouvait s’accorder à n’importe qui… n’importe qui, dans la mesure du possible, bien entendu. Aussi Johan se comportait-il de manière familière, compréhensive et infiniment simple, en présence de gens qu’il respectait, admirait, ou tout simplement appréciait en particulier. Les autres… n’avaient pas forcément droit à de la pure indifférence, mais plutôt à une politesse sans hypocrisie. Quant à ceux qu’ils détestaient – car il y en avait – Johan ne perdait pas de temps à le leur cacher.
Ce petit garçon-là, il l’aurait reconnu entre milles. Le plus jeune des Montgomery avait apparemment eu l’idée brillante de grimper en haut de l’arbre fruitier du verger du palais, à la recherche de quelque chose à manger… Mais du haut de son perchoir, il était immobilisé par l’appréhension. Johan fit un pas prudent pour ne pas l’effrayer, et ajouta doucement :

- Tu avais faim ?
- Non, je voulais toucher le ciel.
Johan sourit de plus belle sous la réponse de l’enfant, et tendit la main, même s’il était bien trop loin pour l’atteindre.
- Tu sais, le ciel n’aime pas trop qu’on le dérange… Il n’y a qu’un seul endroit, et une seule chose qui a le droit de le toucher.
- Oh, quoi ?
Dans son intérêt soudain pour ce que racontait Johan, l’enfant s’était redressé sans crainte, assurant instinctivement sa prise. Tout en guettant avec minutie les gestes du petit garçon, pour vérifier que tout se passait bien, le jeune homme esquissa un geste du menton vers la mer, et la ligne d’horizon, que l’on apercevait à peine.
- Là-bas. Tu vois le trait, au loin… C’est la mer qui touche le ciel.
- Ils sont amoureux ?
Surpris, Johan laissa échapper un rire, tout en commençant discrètement à chercher des prises sur l’arbre, calant ses pieds et entamant une progression lente vers l’enfant qui lui jeta un coup d’œil interrogateur.
- Oui, ils sont très amoureux, c’est pour ça qu’il ne faut pas les déranger. Et les nuages, là-bas, ce sont leurs bébés.
Cette fois-ci, ce fut au tour de l’enfant d’éclater de rire en battant de main, ce qui lui fit perdre légèrement l’équilibre, sous un regard paniqué de Johan. Le jeune homme tendit vivement le bras et cueillit l’enfant au passage, avant qu’il ne rencontre l’herbe nettement plus brutalement que ce qui était convenu. Il serra le petit corps tremblant contre lui, le cœur battant un peu irrégulièrement. Ca lui apprendra, à raconter des conneries aussi. Il redescendit prudemment de l’arbre, et déposa délicatement l’enfant sur le sol. Le petit garçon se laissa tomber sur les fesses, et releva vers lui un visage interrogateur, comme s’il avait déjà oublié l’incident :
- Dis, tu m’emmèneras sur la ligne, un jour ?
Un peu embêté, Johan s’assit à côté de lui, esquissa une petite grimace, et répondit doucement :
- D’accord, un jour, marché conclu. En attendant…
Il se redressa, épousseta machinalement le derrière de son pantalon plein de terre, et ajouta :
- Tu connais le jeu du chat perché ?
Un sourire malicieux germa sur ses lèvres, juste avant qu’il ne touche rapidement l’épaule du petit garçon, pour s’enfuir aussi sec, sous une protestation de l’enfant qui partit aussitôt à sa poursuite, bondissant par-dessus les fleurs.
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeSam 30 Aoû - 14:36

« Oh, et attendez, vous ne connaissez pas le meilleur… Ce mec… c’était un vrai manche, avec les femmes. Pas capable d’articuler un truc convenable. Je ne compte pas le nombre de baffes qu’il s’est mangées pour avoir dit quelque chose qu’il aurait jamais imaginé comme vexant. Non, sérieusement, j’veux bien croire qu’il y ait des timides… Mais des maladroits comme lui, c’est de la haute catégorie. Logique, vous me direz, quand on sait qu’il a un côté gamin naïf. J’vous raconte même pas le soir où les gars et moi on avait décidé de lui apprendre la vie, pour lui éviter de rester puceau jusqu’à sa mort. Oh bah il a appris… mais j’veux même pas savoir ce que ça a pu donner. Avec les courtisanes en mal d’amour qui rôdent autour du palais, il doit se faire embobiner… rien que pour ça, j’aimerais y être ! »

- Excusez-moi… Mesdemoiselles, je vous assure… Je suis… pressé… Un truc à faire… Très important… Je vous en prie…
Johan leva les yeux au ciel, en entendant sa propre voix atteindre une note de supplique fatale qui prouvait presque qu’il se rendait. Devant le ridicule dramatique de la situation, il eut envie de réciter une prière, et se rendit compte qu’il n’en connaissait plus une seule, depuis que trois créatures recouvertes de froufrous et de soie avaient décidé de faire de lui leur proie. Quelle idée, aussi, de sortir du palais à l’heure de pointe… Il sentait son cœur peiner à battre, sa respiration se faire particulièrement irrégulière, et ses joues brûlantes lui indiquèrent clairement qu’il devait ressembler à une tomate bien mûre. La couleur rouge de son visage, hors contexte, jurait abominablement avec la blondeur de ses cheveux.
- Ecoutez…
Même sa voix était terriblement faible, tandis qu’il tentait tant bien que mal d’éviter les mains de ses agresseurs qui se posaient là où elles en éprouvaient l’envie. Ce qui n’était pas fait pour l’arranger, soit dit en passant. Qu’on le tue sur place, mais pitié, qu’elles arrêtent. L’une d’entre elles, au décolleté si plongeant que Johan était obligé de regarder en l’air pour ne pas voir la poitrine de la demoiselle, posait une main sur son épaule, l’autre dans les boucles blondes du jeune homme, un sourire mutin au coin des lèvres.
- Allez, mon ange, on a juste quelque chose à te montrer.
Il ne savait pas laquelle avait parlé, de ces trois créatures des enfers qui le mettaient dans cet état second qu’il détestait. Peu importait. Il fallait qu’il se concentre. Un, deux, trois… maîtrise totale, maîtrise totale. Inspirer, expirer… Dire un truc intelligent plutôt que de pleurnicher, ça serait bien aussi. Un truc intelligent… Facile à dire. Les mots se bloquaient dans sa gorge, et son sang bouillonnait trop pour qu’il se concentre comme il l’aurait dû. Il aurait voulu hurler de désespoir, quitte à passer pour un abruti… Parce que bon, il ressemblait à un parfait abruti, planté là au milieu de trois jeunes femmes poudrées et envieuses, immobile, hébété, stupide.
Une intervention divine. Un miracle… n’importe quoi, s’il vous plaît.
Alléluia.
L’intervention divine apparut sous les traits de sa supérieure, Opale de Frey, qui sortait à ce moment précis du palais. Magnifique, parfait, merci… Dans un effort surhumain, Johan parvint à articuler :

- O… Opale…
Nan… pas « Au secours », quand même, ça serait un peu abuser.
- … Attends-moi !
Dans sa précipitation d’échapper à la torture pour courir vers sa seule chance de survie, le jeune homme trébucha, tomba la tête la première dans un des trois décolletés – il n’eut même pas le temps de se demander lequel, mais il entendit des gloussements satisfaits de part et d’autres – et ferma brusquement les yeux pour ne pas avoir à observer ce qu’il avait juste sous son nez. Il émit un son guttural difficile à interpréter puis tituba littéralement jusqu’à Opale, relevant vers elle un visage écarlate.
- Petit ennui d’ordre purement technique.
Expliqua-t-il avec une ébauche de sourire ironique.

« Bah, j’ai plus de nouvelles de lui, à part les bruits qui courent maintenant, de ce qu’il se passe au palais… Il paraît qu’il s’entend mal avec le Roi, manque de pot. Faut vraiment le vouloir… Jo’, ne pas s’entendre avec quelqu’un, c’est vraiment spécial. Il a dû faire une grosse connerie. Ouais, il est pt’être pas si maladroit avec la Reine, finalement… »

La porte du salon s’ouvrit un peu violemment, faisant sursauter Johan, mais nullement celle qui était assise en face de lui, drapée dans une robe d’un blanc nacré. Elle était si belle… Le jeune homme cligna des yeux et suivit le regard d’Eleanora jusqu’à l’entrée de la pièce, pour constater avec une petite moue que c’était bien ce qu’il pensait. Le regard rouge du Roi se posa sur lui, agressif. Ok… qu’est-ce qu’il avait encore fait. Oh, facile… Il était là. C’était amplement suffisant pour attiser l’antipathie de Kanaw Llyr. Johan serra les poings et se redressa de son fauteuil en adoptant l’attitude la plus naturelle qui soit. Ouais, faire comme s’il n’était pas sur le poing de se jeter sur lui… Faire comme s’il n’y avait pas une tension à couper au couteau dans ce salon, soudainement.
Lui aussi, commençait à être passablement agacé de croiser tant d’animosité de la part du Roi, à n’importe quel moment et dans n’importe quelle circonstance. Il se demandait souvent ce qu’il faisait ici. C’était la volonté d’El, oui… Mais était-ce suffisant pour braver tous les jours un risque de se faire purement manger par un homme-bête qui le haïssait. Peut-être, oui… Et puis, il y avait sa supérieure…
Oui, à la réflexion, Eleanora et Opale étaient des raisons bien suffisantes pour rendre au Roi son regard rouge, par un regard bleu profond, calme et désespérément posé. Il ne lui faisait pas peur… Il l’énervait. Peut-être était-ce une erreur. Oh oui, il était parfaitement conscient qu’il aurait mieux valu craindre le Croc Noir que de le détester. Mais il n’y pouvait rien. Et rester immobile une seconde de plus n’était pas recommandé. Puisqu’Eleanora semblait juger qu’il n’y avait aucun problème, ou préférait ne pas le voir, Johan s’inclina respectueusement, et dans un brusque sursaut de courage, annonça simplement :

- Bonjour, votre Majesté…
Il s’apprêtait à ajouter autre chose, mais la prudence l’emporta, à moins que ce ne fût un simple instinct de survie. Johan esquissa un petit signe de têt en direction de la Reine, puis choisit la précaution, et sortit nonchalamment de la pièce. Malgré un courage pas plus, ni moins louable que la plupart des gens, il n’en était pas encore à risquer de se faire découper en morceau. Ce qui aurait pu lui arriver.
Courageux mais pas téméraire…


« J’espère quand même qu’il se fera pas bouffer, le gamin… Me doit encore trois bouteilles de rhum. »
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeLun 1 Sep - 12:45

Histoire :

Le troisième jour d’Actéè de Kura, en 5078

Je ne sais pas ce qui me prend, ni même ce qui me pousse à écrire, soudainement. J’ai cet étrange sentiment que peut-être, je n’aurais pas le temps de tout dire, ni de tout voir. Il fait chaud, la mer est plate et calme. J’aime lorsque l’on sent simplement un roulis apaisant sous le bois du navire qui craque sous les pas. J’ai l’impression que ma plume glisse plus rapidement sur le papier que lorsque que je suis sur la terre ferme. Délire de marin, sans doute… Je me sens à la fois serein et inquiet. Nous venons de quitter le port de Rhaak, cap sur Aobénite. Au loin, quand je me penche sur le bastingage, j’aperçois le Punition Expéditive qui nous précède. Elle voulait l’accompagner… Elle voulait que nous lui venions en aide. J’ignore ce qu’il va se passer sur cette île, mais je sais que rien n’est aussi simple qu’elle ne le laisse transparaître. J’ai peur d’oublier ce que je suis en chemin… Ma mémoire se fragmente déjà. Mon enfance devient floue. Je ne veux pas la perdre… Mais pourquoi écrire ce que personne d’autre que moi ne lira ? Peu importe…

Certains n’ont pas connu leur parents, ou les ont perdus si tôt qu’ils ont l’impression de n’en avoir jamais eu… Moi, j’ai eu deux mères, et deux pères. Et une seule sœur… Mais je ne commence pas là où il faudrait. Le début c’est… bien avant ça. Mais est-ce si important ? Je n’ai rien de particulier, rien d’exceptionnel non plus, mais cela me suffit amplement. Mes parents… Mes premiers parents, je veux dire, étaient de simples Civils sans prétention ni grosse fortune. Nous n’étions ni pauvres, ni excessivement riches, et nous vivions à notre guise, sans plus chercher autre chose. J’avais une sœur… Oh, je m’en souviens très bien. Elle était si douce, si attentive. Si belle aussi… je n’oublierai jamais ses longs cheveux blonds dans lequel je me noyais étant petit. Faith, c’est comme cela qu’elle s’appelait. La confiance… oui, c’était la personne en qui j’avais le plus confiance. Mais peut-être l’avis d’un enfant est-il encore aveuglé par son innocence, après tout. Je n’y peux rien… je continue à la voir comme un ange de tendresse et d’affection. Elle était bien plus âgée que moi. C’était comme… une seconde mère. Et puis je l’ai perdue. Non, je m’égare… c’est elle qui m’a perdu.

Elle m’avait emmené me promener, pendant que mon père et ma mère finissaient quelques travaux à la boutique. Nous allions souvent sur ce sentier forestier qui longeait les côtes. De tous les chemins que nous traversions, celui-ci était mon préféré. Car à travers les arbres, on pouvait apercevoir la mer. Ce jour-là, il faisait plein soleil. Peut-être étions-nous trop confiants. Moi, surtout… Je me suis éloigné, à la recherche d’un bâton qui suffirait à me servir d’épée pour combattre des monstres que je m’inventais. Je ne les ai pas vus approcher… Ce n’était pas les monstres à qui je pensais. Ceux-ci avaient forme humaine. J’avais à peine cinq ou six ans, je crois… Pas bien âgé pour lutter contre deux marins robustes armés jusqu’aux dents. Quand j’y repense… Ils ne venaient certainement pas pour moi. Mais ils étaient tombés sur moi… et ils n’avaient pas pu s’en empêcher. Encore une fois, Faith a eu raison. Jamais je n’aurais dû m’éloigner.

J’ai senti une main se plaquer contre ma bouche pour m’empêcher de crier, et un bras me soulever de terre, bloquant mes propres bras contre mon corps. Je me souviendrai toute ma vie de cet instant de panique… Je me suis senti devenir fou. Je voulais hurler, le mordre, battre des jambes autant que je le pouvais pour lui échapper… Mais je n’étais qu’un enfant, qu’y pouvais-je ? Epuisé, j’ai fini par abandonner la lutte. J’étais à peine conscient, lorsque j’ai entendu la voix de Faith m’appeler en hurlant de toutes ses forces, avec cette note d’hystérie désespérée qui reste gravée en moi. Je voulais lui répondre… Je voulais tellement lui répondre que mon incapacité à le faire me fit pleurer. J’étais terrifié… Le reste devient flou.

Ils ont dû m’assommer, à moins que je n’aie perdu conscience seul, sous le choc. Quand je me suis réveillé, j’étais à bord d’un navire, dans une des cales, pieds et poings liés. Et je n’étais pas seul. Avec moi, une dizaine d’enfants me regardaient avec le même air terrifié que celui que je devais avoir. A l’époque je ne comprenais pas ce que tout ceci signifiait… Je me demandais ce qu’ils voudraient faire de nous, pourquoi ils nous avaient enfermés ainsi. Je n’eus la réponse que plus tard. Ce fut un voyage éprouvant. Nous mangions mal, dormions encore moins… mais si je m’en souviens aussi nettement, c’est surtout grâce au roulis des vagues. Il y avait quelque chose d’apaisant, à se laisser bercer par le tangage du bateau. Je me surprenais parfois à avoir moins peur… La proximité de la mer me calmait d’une étrange manière. Elle le fait encore aujourd’hui.

Au bout d’une durée qui m’est totalement inconnue, nous avons accosté dans un port. Plus tard, j’ai appris qu’il s’agissait du port de Rhaak, la première cité portuaire avant la forteresse d’Aïekartass. Je n’avais jamais été aussi proche du Roi jusqu’à présent. C’est en posant le pied sur le quai, à la suite des autres enfants, que j’ai découvert ce à quoi nous étions destinés. Ces Pirates observaient un trafic assez particulier. A des familles qui n’avaient pas la chance de pouvoir avoir un enfant, ils leur en offraient un qu’ils avaient enlevé à une autre famille, en échange – bien sûr – d’une coquette somme d’argent selon l’enfant. J’ignore si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais j’ai été l’un des premiers à quitter le bateau. Je crois que ma chevelure blonde intéressait beaucoup les gens qui m’avaient choisi pour être leur fils. Ils payèrent plus cher que ce qui était convenu, comme pour être certains de m’obtenir. C’est comme cela que je rencontrai mes deuxièmes parents. J’avoue que l’histoire aurait pu se terminer plus mal… Ces gens qui m’étaient étrangers étaient remplis de bonnes intentions à mon égard. Très vite, ils m’ont traité comme un membre de leur famille à part entière. J’avais soupçonné, au vu de l’argent qu’ils avaient dépensé pour m’acquérir, qu’ils étaient riches. Mais je n’avais pas été jusqu’à deviner qu’ils pouvaient faire partie de la haute noblesse.

En dépit de leur titre, de leur maison resplendissante et bien entretenue, de leurs relations haut-placées… ils étaient simples. Ma seconde mère était attentive à chacun de mes gestes, paniquait dès que j’attrapais un simple rhume, et s’appliquait à faire en sorte que je n’ai besoin de rien. Au fond, maintenant, je la comprends… Elle ne pouvait pas avoir d’enfant. J’étais celui qu’elle avait toujours voulu. Elle m’a offert une éducation soignée que je n’aurais jamais pu avoir si j’avais vécu dans cette condition où j’étais né. Mais voilà… quand on est jeune, on ne voit pas ce qui est bon. J’étais triste. Brisé… Mes parents me manquaient, je pleurais, je les réclamais sans cesse. Et ma sœur… ma sœur hantait mes rêves. Elle les hante encore parfois. Mais elle n’est plus la seule. Cette vie qui était finie me faisait mal par son absence. Je refusais tout ce qu’on me donnait…

Mais la mémoire aidant, j’ai fini par me calmer. J’avais terriblement besoin d’affection, pourquoi refuser celle qu’on me donnait de bonne grâce ? Alors j’ai cessé de hurler. Je n’ai plus jamais pleuré sur ma sœur et mes parents. Mais ils reviennent à mon esprit, parfois, comme des fantômes du passé, si pâles, et si irréels. J’ai même quelques fois l’affreuse impression qu’ils n’ont jamais été réels. Mais reprenons…
J’ai vécu sagement de cette existence douillette et privilégiée, jusqu’à mes seize ans. Jour où mon père adoptif m’annonça qu’il désirait que je signe pour entrer dans la Marine, au service du Roi. J’aurais dû être ravi, moi qui rêvais de remonter sur un bateau, depuis que j’avais découvert le pouvoir de la mer sur moi. Mais ce fut comme un déclic. Je me suis senti soudainement oppressé, comme enfermé dans une cage dorée, sans choix ni issue possible. J’ai réalisé que je ne pouvais faire de ma vie que ce qu’ils souhaiteraient que j’en fasse. Je n’ai rien répondu à mon père. Juste un hochement de tête pour lui promettre que je ferais selon ses désirs, comme toujours. Et le soir même, je suis parti.

Ce n’était pas bien compliqué. Ils m’aimaient trop pour être vigilants… et moi, j’étais pris d’un tel accès de rage et d’envie de liberté, que j’ai laissé mes regrets derrière moi. Du moins, je l’ai cru. Mais eux aussi viennent me rendre visite, parfois… ces gens qui sont devenus ma seconde famille, et qui ont fait de moi en partie ce que je suis devenu. J’ai réalisé tout ce que je leur devais. J’espère un jour pouvoir leur dire à quel point je leur en suis reconnaissant. J’ignore ce qu’ils sont devenus, mais je crains d’avoir provoqué un désastre, en brisant un foyer si réconfortant.


Le dixième jour d’Actéè de Kura, en 5078

La mer est toujours aussi calme, mais elle fait monter mon appréhension. Plus qu’une semaine de navigation, et les rebelles ne seront plus qu’à une plage de nous. Je n’ai pas peur de mourir. J’ai peur de commettre une erreur…

Je reprends donc mon histoire, pressé par le temps. Après ma fuite, j’ai vécu une petite année sans rien faire d’autre de ma vie que chercher quelques pièces par-ci par-là, en offrant mes services au plus offrant, quand bien même ce qu’on me demandait de faire n’était pas très honnête. En un sens, cela me grisait, de faire ce qui jusqu’à présent m’apparaissait comme impossible. Ma petite vie douillette de gosse de riche s’était terminée de manière brutale, et le changement me plaisait. Je n’avais pas à manger tous les jours, le sol me servait d’oreiller, et les nuits n’étaient pas chaudes, à la belle étoile. Pourtant, je me sentais moi-même. J’ai fait des choses, durant cette période, dont je ne suis pas particulièrement fier. Et cependant, je l’étais à l’époque… L’âge, sans doute, qui pousse à rendre confuse la frontière du bien et du mal.

Et puis, j’avais environ dix-sept ans lorsque je l’ai rencontrée. Elle… Pourquoi a-t-elle eu un tel effet sur moi ? Elle l’a encore, ce truc qui m’empêche de respirer convenablement quand elle est près de moi. Je n’ai jamais réussi à bien la comprendre. Peut-être même me trompe-je sur toute la ligne. Pourtant je la suis… et elle veut bien de moi. J’ose croire être quelque chose à ses yeux. Et si ce n’est pas le cas, alors tant pis. Que pourrais-je faire contre celle qui m’inspire à la fois crainte et respect, admiration et confusion ? Elle est un mystère. Et je n’ai même pas la force de cherche à le résoudre. Nous sommes devenus complice… mais jamais je ne pourrais m’approcher d’assez près pour briser ses barrières de glace. Je ne sais même pas si j’en éprouve véritablement l’envie. Peut-être suis-je seulement un peu lâche. Elle ne ressemble pas à ma sœur… pourtant, c’est la même fascination qui m’assaille. De quel maléfice suis-je la victime ?

Je m’égare à nouveau… Pourquoi commencer par parler de celle que je n’ai pas encore nommée ? Elle, c’est Eleanora. Mon Capitaine. Celle que j’aide et que je sers autant que j’en suis capable, quoi qu’il puisse m’en coûter. J’y suis dévoué comme à personne jusqu’à maintenant… sans savoir pourquoi. Nous nous sommes rencontrés de manière tout à fait inhabituelle.
J’avais soif, et il me restait une pièce gagnée ou volée quelque part. Je suis entré dans une des auberges du port. Une de celles qui exhalait le plus de fumée et d’arôme d’alcool. La meilleure de la ville, autant en rhum qu’en ivrognes. Je n’ai pas voulu me faire remarquer, étant plus ou moins en froid avec certaines personnes qui fréquentaient également l’établissement. J’ai commandé je ne sais plus quoi, et j’ai tourné la tête à ma droite. Elle était là. Deux tables plus loin, seule. Habillée en homme. Je ne sais pas exactement comme j’ai deviné qu’il s’agissait d’une femme. Un instinct, peut-être. Pourtant, quand j’y repense, son habillage était plus que crédible. Mais elle m’a regardé. J’ai vu ses yeux si froids, si bleus, et je me suis senti transpercé par une lame. C’était comme si… elle avait réussi à me blesser sans même m’approcher. Mais elle avait aussi attisé mon intérêt. Peut-être sans le vouloir. L’instant d’après, elle avait détourné son regard qui venait de me fasciner.

Je ne m’explique toujours pas pourquoi j’eus cette soif de croiser encore un regard si douloureusement glacé, mais ce fut plus fort que moi. Je me suis levé, tout en essayant d’analyser la situation. Ma capacité de réflexion était, je l’avoue, fortement diminuée par le trouble qu’elle avait fait naître en moi. Entre autre chose, je me demandais pourquoi elle se camouflait dans des vêtements masculins, et ce qu’elle faisait au milieu d’ivrognes comme nous. La réponse à la seconde question, je l’eus très vite. Elle recrutait. Je la voyais qui accueillait ou renvoyait des marins avec un calme et une froideur magnifique. Alors bien sûr, je vis cela comme la preuve de ce que je voulais vraiment. Je voulais naviguer. Sur son bateau. Je me suis donc approché, avec la sensation terrible de mes genoux devenus si faibles qu’ils avaient peine à me porter.

Quelqu’un entrava ma progression en posant une main sur mon épaule. J’étais dans un tel état second que je ne réagis pas immédiatement, et mon interlocuteur devint un peu agressif. Il m’agitait une feuille sous le nez, en m’exhortant à signer. J’ai froncé les sourcils pour essayer de me concentrer… Et j’ai fini par comprendre ce qu’il me voulait. Ce gars était mieux habillé que les autres. Il faisait parti de la Marine. Et cette feuille, si proche de mon visage, c’était un contrat que l’on s’engageait à signer pour naviguer sous les couleurs du Roi. C’était précisément ce que j’avais tenté de fuir. Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé à cet instant… Mais j’ai été pris d’une incroyable envie de rire sous l’ironie de la situation. Ce que j’ai fait… C’était risqué. Très risqué, même, dans une auberge aussi bondée que celle-ci. J’ai provoqué sans le vouloir un début de rixe, car bien sûr, mon interlocuteur n’a que très peu apprécié que je me moque ouvertement de lui.

Je ne me souviens que par brides de ce qu’il s’est passé ensuite. Tout est allé trop vite. L’incident s’est transformé en bataille générale, ce qui n’est pas si inhabituel que cela dans une auberge. A ceci près que la plupart des ivrognes et des autres en avaient après moi. Ils suivaient les cris féroces de celui à qui j’avais refusé de signer son maudit contrat. Je sortis de ma poche un petit poignard ridicule pour me défendre, et me sentis partir en arrière. Elle s’était avancée. J’ignore ce que j’ai fait pour attirer son attention, mais ses hommes se sont mis à m’entourer, elle-même se plaçant à ma gauche. Avec son aide, je réussis à m’extirper de ce guet-apens que j’avais moi-même provoqué, et je la suivis jusqu’à son bateau. Là, je pris mon courage à deux mains et j’osai affronter ces yeux glaciaux. Je lui demandai une place à bord, sans cacher le fait que je savais qu’elle n’était pas un homme.
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeLun 1 Sep - 12:45

Elle accepta. Comme ça, sans argumentation, sans surprise, sans réaction non plus… Juste un « oui », et une période de mise à l’épreuve. Elle me fascina plus encore. Elle était comme… l’exact opposé de ma douce sœur qui me rendait parfois visite dans mes rêves. Je crois que j’ai besoin d’elle, autant que j’ai eu besoin de Faith, il y a si longtemps de cela… Et puis, j’eus une autre surprise. Lorsqu’elle ôta sa coiffe de Capitaine et qu’elle libéra son visage d’une écharpe qui le recouvrait complètement, j’eus une impression de déjà-vu. Son visage... Son visage m’était familier. Je l’avais déjà vue quelque part… Il me fallut trois jours de navigation pour comprendre. Ses yeux froids, cette chevelure sombre, ce maintien parfait mais glacial… je les avais vus à la Cour. Mes parents adoptifs m’y avaient emmené un jour où ils souhaitaient faire une requête aux conseillers du Roi. Elle était là. Je l’avais entre aperçue l’espace d’une maigre seconde, mais j’étais sûr que c’était elle. Eleanora Montgomery. La seconde fille du Roi.

Bizarrement, je ne me sentis pas si surpris que cela. Comme si je l’avais toujours su. Et je brûlais d’envie de lui faire comprendre que je savais… Même si j’étais conscient des risques que cela supposait. Je profitai d’un moment où elle m’avait convié dans sa cabine pour m’annoncer quelque chose. Je n’ai pas bien réfléchi, à ce moment-là… En face d’elle, je n’arrivais pas à réfléchir comme je l’aurais dû. Maintenant, pourtant, j’y arrive, mais les choses ont changées… Bref, je n’y suis pas allé par quatre chemins. J’avais son tricorne en main, et je l’ai simplement appelée par son nom en entier, sans même me rendre compte que des mots franchissaient mes lèvres. Elle a réagi, cette fois-ci. J’ai senti mon cœur s’arrêter de battre, et ses yeux m’ont transpercé plus encore que d’habitude. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je voulais lui expliquer que je n’en dirai rien, que je garderai cette information secrète… mais plus un son ne voulait sortir de ma gorge. Alors je lui ai simplement tendu son couvre-chef, dans l’espoir qu’elle comprenne ce que je souhaitais lui dire.

Et elle a compris. Elle s’est coiffée du tricorne, elle m’a regardé un instant, puis elle m’a annoncé, comme si rien n’avait changé, ce qu’elle désirait me dire : que j’étais définitivement accepté à bord de la Rose Noire, et qu’elle me donnait à partir de ce jour le poste de second.


Le cinquième jour d’Halié de Kura, en 5078

Je n’ai plus beaucoup de temps à présent, les rivages d’Aobénite sont désormais en vue, et avec eux toute l’incertitude qui gagne le navire. El n’a pas l’air inquiet. L’a-t-elle seulement été un jour ? Elle reste barricadée derrière ce masque à la fois ravissant et trop glacial pour que l’on ose s’en approcher. Pourtant, je l’ai fait. Je le fait, chaque jour… Je n’ai pas peur. Certains des marins de ce navire semblent terrifiés à sa simple vue. Ce n’est pas comme cela que je vois les choses. Mais peut-être est-ce parce qu’elle me donne l’impression de ne pas agir avec moi comme avec le reste de l’équipage. Pure vanité de ma part… Oui, sans doute. Mais je n’y peux rien. Il s’est instauré entre nous, depuis le jour où je lui ai tendu son tricorne en lui jurant implicitement de ne pas trahir son secret, une sorte de… de complicité, si tant est que l’on puisse avoir une complicité avec une personne aussi énigmatique qu’Eleanora. Elle parle si librement, si familièrement que j’ai l’impression d’avoir une importance que je ne devrais pas, à ses yeux. Alors c’est instinctif… je lui réponds dans le même langage. Comme je parlerais à ma sœur. Non… pas tout à fait. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir encore un respect distant. Peut-être parce qu’elle ne me regardera jamais autrement qu’avec cette glace au fond des yeux. Parfois, j’ai la sensation qu’elle voudrait s’en débarrasser. Comme si elle luttait contre elle-même… Mais n’est-ce pas ce que je fais moi aussi ?

Du reste, peu importe… Je ne voulais pas épiloguer sur la plus étrange des relations que j’ai pu avoir avec un être comme elle. Et pourtant, c’est plus fort que moi… Oh, nos rapports n’ont pas toujours été aussi « simples ». J’ai fait des erreurs… J’ai même cru perdre ce semblant d’amitié qu’elle avait choisi d’établir entre nous. Je suis conscient qu’il suffit d’un faux pas pour ne plus jamais obtenir son pardon. J’ai failli le franchir, ce pas… C’était quelques années après qu’elle m’ait remis le poste de second de son navire. Je n’étais pas sûr d’en être véritablement digne, mais je faisais du mieux que je pouvais. Elle me demandait régulièrement de faire des allés et retours de Rhaak au palais, pour l’informer des choses importantes dont elle devait être mise au courant. Au départ, tout se passait infiniment bien. Une heure à cheval me suffisait à atteindre le petit jardin qui bordait ses appartements. J’y entrais car elle m’avait donné la clef, et je l’y attendais. J’avoue que ce petit manège me mettait très mal à l’aise, mais jamais elle ne s’en soucia. Pour elle, il n’y avait aucun problème. Comme toujours… Sauf cette fois-là. Je savais que je commettais une erreur, lorsque je suis sorti de ses appartements ce jour-là. Elle ne s’y trouvait pas, et je l’attendais depuis trop longtemps.

Je craignais qu’il ne lui soit arrivé quelque chose. Dans son propre palais ? J’étais stupide de le penser. Ou peut-être voulais-je simplement trouver une excuse pour mettre le nez dans les couloirs de la Cour. Je le fis, en sachant parfaitement qu’elle m’avait interdit de quitter sa chambre, sous peine de mettre son secret en danger. Et une fois encore, elle avait eu terriblement raison. J’avais à peine refermé la porte derrière moi que je suis tombé nez à nez avec une jeune femme blonde que je ne connaissais pas. Un coup d’œil en direction de sa robe me permit de constater qu’il s’agissait très certainement d’une courtisane. Cela me permit aussi, indépendamment du reste, de sentir mes joues me brûler sans prévenir. J’ai… comment dire… Toujours eu ce gros problème avec les femmes, qui est de perdre tout mon sang-froid et ma capacité de réflexion. Sauf avec Elle… Ce qui me paraît bizarre, d’ailleurs. Cette fille, je le voyais bien, était intéressé par le fait que je sortais tout droit des appartements de la Princesse. Je ne sentais plus mon corps m’obéir, ni ma bouche articuler des mots que je n’aurais jamais dû prononcer. Qu’ai-je dit exactement ? Je ne m’en suis jamais souvenu… Je sais simplement que c’était déjà beaucoup trop.

J’ai lutté contre ma paralysie, et j’ai réussi à me mettre à l’abri dans la chambre d’Eleanora. J’aurais dû lui parler de l’incident. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Par honte, sans doute… Je ne voulais pas perdre la considération qu’elle semblait avoir pour moi. Cela me paraissait vital. Alors j’ai simplement fait mon rapport, et je suis parti… Seulement voilà, l’incident ne s’est pas terminé ainsi. A mon voyage qui suivit, il se déclencha puis violemment encore. J’étais dans ses appartements, Elle se tenait en face de moi… Je l’écoutais donner ses directives en hochant la tête, et puis… Elle s’est figée. J’ai voulu parler, elle m’en a empêché d’un doigt sur ses lèvres. Je ne savais pas ce qu’il se passait, mais ma main s’était refermée sur mon sabre et je m’étais redressé. El’ fit pourtant un geste pour m’enjoindre à ne surtout pas bouger, et s’approcha silencieusement de la porte, pour l’ouvrir à la volée, et dégainer l’un de ses poignards, que j’avais déjà vu à l’œuvre. Je frissonnai en découvrant la courtisane inconnue à qui j’avais révélé ce que je n’aurais jamais dû. J’eus un violent sentiment de culpabilité, autant d’avoir trahi brusquement la confiance d’Elle, que d’avoir mis en danger la vie de cette jeune femme de qui j’avais attisé la curiosité. J’esquissai un geste, en sachant parfaitement ce qui allait se passer. Elle la tua… Comme ça, d’un simple geste du poignet. C’était… parfait, sans regret, sans hésitation. Cela me figea sur place. C’était ma faute… C’est encore ma faute si cette jeune fille est morte. Je ne repris mes esprits qu’en sentant la main d’El' se poser fermement sur mon bras pour me pousser en arrière. Je n’arrivais pas à croiser son regard, mais ce n’était pas faute d’essayer. Je crois qu’elle fuyait le mien…Pourquoi ? Elle avait le droit de laisser éclater sa rage froide, de me tuer moi aussi, ou de m’abandonner simplement à mon sort.

Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Je l’ignore. Je l’ai simplement entendue murmurer un ordre, tandis qu’elle me poussait fermement jusqu’au jardin pour me faire reprendre mon cheval. Elle m’enjoignait à retourner immédiatement à bord. Et qu’elle s’occupait de tout. Et là… je ne sais pas. Peut-être ai-je rêvé. Peut-être étais-je dans un tel état second que l’illusion se mêlait à la réalité. Peut-être a-t-elle simplement trébuché. Ou bien je l’ai imaginé… Je n’en sais rien. Je sentis un court instant ses lèvres effleurer les miennes, pendant une seconde si brève que je doute à présent qu’elle ait seulement existé. La panique et la culpabilité aidant, elles m’ont forgé cette étrange sensation à laquelle je ne m’attendais pas. Réelle ou pas, cette pâle imitation d’un baiser me laissa avec une impression de culpabilité plus grande encore. Je me rendis compte, bien que troublé, que ce n’était pas ce que j’avais voulu. Que représentait-elle à mes yeux, si elle n’était ni cette sœur que je cherchais encore, ni cette femme qui m’embrasserait ? Elle était mon Capitaine, et mon amie. Elle l’est toujours… Je sais qu’elle m’en a voulu longtemps pour ce qu’il s’est passé ce jour-là. Mais j’avais imaginé sa colère et sa rancune bien pire que la froideur que je vis à nouveau s’installer dans ses yeux, lorsqu’elle me regardait.

Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle est partie, seule, par la suite. Elle ne m’a rien dit. Rien de son voyage, de ses intentions. Juste qu’elle s’en allait pour une durée indéterminée et qu’elle n’avait besoin ni de moi, ni de la Rose Noire pour cette fois. Que c’était plus prudent… Ailleurs, on parlait d’une expédition ordonnée par le Roi, qui visait à détruire une sorte de monstre qui sévissait sur Eidanihr. Je la connaissais assez pour comprendre que c’était donc là qu’elle se rendait. Mais jamais je n’aurais pu deviner qu’elle y allait pour suivre quelqu’un d’autre. Kanaw Llyr, le Croc Noir. Je ne l’ai su qu’à son retour. Plus tard, même. Deux semaines après la réussite de la mission de ce Fou du Roi, pour être exact.

Ce jour-là, je commençais très sérieusement à être inquiet. J’avais comme le mauvais pressentiment qu’il lui était arrivé quelque chose de grave. Et puis je l’ai vue… Elle est montée sur son bateau. Quelqu’un la suivait. Un homme que je n’avais jamais vu, et que je ne pouvais donc pas reconnaître. C’était plus fort que moi. Trop prudent, indéniablement. Je pointai mon arme vers lui, et fus apaisé par El’, qui me présenta alors son fiancé. Son fiancé, oui… Je fus si surpris que je ne trouvai rien à répondre à part hocher légèrement la tête en signe de politesse, et ranger vite fait mon sabre. Il ne m’apprécia pas, immédiatement. Après tout, je peux le comprendre, moi qui l’avais accueilli avec une lame sous le nez. Mais j’étais trop stupéfait pour m’excuser. Eleanora, fiancée ? Cela m’apparaissait comme un très curieux paradoxe. Je m’éloignai pour reprendre mes esprits. J’ignorais quel était ce sentiment qui m’agrippait soudainement. De la surprise, bien sûr. De l’incompréhension, aussi, car j’avais peine à croire possible qu’Eleanora Montgomery, la Princesse de glace, puisse être capable d’épouser quelqu’un. C’était très certainement un mariage d’intérêt, bien entendu.

Du moins, c’est ce que j’ai cru, jusqu’à ce que je les vois disparaître dans la cabine d’El’. Et là, il faut être honnête. Ce sentiment, en moi, c’était de la pure jalousie. Il avait eu des regards et des sourires différents de ceux que j’obtenais. Je ne savais même pas pourquoi je l’enviais, au fond. Je ne voulais pas ce qu’il trouvait, lui, dans cette cabine à la porte close. Je ne pouvais qu’à peine l’imaginer. J’ai encore trop de respect pour elle… C’est plus compliqué que cela encore. C’est comme si… j’avais peur qu’on me vole cette impression d’avoir de l’importance à ses yeux. Même si je n’ai pas besoin de plus. C’est encore le cas aujourd’hui… Ce que je ressens pour elle n’a rien à voir avec l’amour. Du moins… je ne crois pas que l’amour puisse s’exprimer de cette manière, même si je ne l’ai jamais vraiment connu. Elle est différente de ce que j’attends. Mais je ne veux pas la perdre.

Elle m’égare encore… Je me suis éloigné de la cabine, mettant une distance plus que raisonnable entre moi et une intimité qui m’était étrangère, entre eux deux. Et puis ils sont ressortis finalement, tandis que j’essayais d’empêcher les marins de leur lancer des coups d’œil un peu trop lubriques à mon goût. Elle portait la chemise du Croc Noir, et lui-même semblait prendre plaisir à montrer des griffures récentes sur sa peau. Je ne voulais surtout pas chercher à savoir, mais mon imagination travaillait malgré moi. Eleanora pouvait donc être… amoureuse de quelqu’un ? Je l’avais toujours vue lutter contre sa propre nature. Baisserait-elle les bras si facilement ? Ils ont quitté le navire juste après… et c’est là que j’ai vu, lorsqu’elle m’a tourné le dos, des marques qui ne pouvaient pas provenir de l’instant. La chemise de son fiancé retombait sur son épaule qui me parut avoir été… lacérée. Je frissonnai. J’ignorai ce qu’il s’était produit durant ses semaines d’absence, mais j’étais encore moins rassuré. Alors je décidai de les suivre sans me faire remarquer, pour être certain qu’il ne lui arriverait rien.

Je fis bien. Car au sortir d’une auberge, ils furent attaqués par quelques brigands. Habituellement, elle n’aurait pas eu besoin de mon aide. Mais j’eus la surprise de la voir se mettre à paniquer, et n’attendit pas plus longtemps. Je ne réfléchis pas bien à ce qu’il se produisit ensuite, mis à part au bruit de corps qui tombent, et à cette belle couleur rouge sur ma lame. Je lui adressai un signe de tête instinctif, puis aperçut le Croc Noir qui s’était métamorphosé en tas de muscles. J’avais déjà entendu parler de ce phénomène… et parce que je tenais encore un peu à la vie, je jugeais qu’Elle n’était plus en danger, et je filais aussi sec. Il y avait une troisième personne, avec eux, que je n’avais qu’à peine eu le temps d’apercevoir. Elle ressemblait à El’… Non. Cela ne serait pas lui rendre justice que de la comparer à Eleanora. Elle était indéniablement différente. J’ignore pourquoi elle avait ainsi attiré mon attention. Peut-être parce que sa présence aux côtés du Croc Noir m’intriguais. M’intrigue encore. Je n’ai pas eu l’occasion d’en savoir davantage sur cette inconnue, et je le regrette. Sans comprendre pourquoi.

Mais je ne peux continuer plus longtemps. J’entends l’équipage s’affairer. Aobénite doit être à quelques encablures d’ici. Je dois m’acquitter de mes devoirs de second. Peut-être n’aurais-je plus l’occasion d’écrire. Je sens que le monde décline peu à peu.
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Johan Grey
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeMar 2 Sep - 15:09

Le sixième jour d’Halié de Kura, en 5078

Cela n’aurait pu se passer plus mal. Nous n’avons pas vaincu les rebelles. Ils ne nous ont pas vaincus. C’est nous, pauvres humains, qui ont plié contre ce que nous aurions dû voir venir. Alors ce pressentiment était justifié… C’est un nouveau monstre qui est apparu. Les combats avaient à peine commencés lorsqu’il a décidé de mettre fin à une querelle que j’ai trouvé infiniment stupide. Nous ne sommes rien, face à ceux qui commencent à peupler les océans. Nous n’avons rien pu faire d’autre que le fuir. Lâches ? Je ne crois pas… Il n’y avait rien d’autre à faire. La Rose Noire a repris la mer. Le Punition Expéditive nous suit de très près. Je crains que nous ne puissions pas atteindre la terre avant de rencontrer à nouveau cette créature. Je n’ai pas réagi… J’ai été assez stupide pour ne pas pouvoir faire un seul geste lorsque ce monstre est sorti de l’eau. Comment un tel être peut-il seulement exister ? Peut-être aurais-je été tué si El’ ne m’avait pas forcé à courir vers le bateau. Prendre la fuite, ce n’est pas fidèle à ce qu’elle est. Et pourtant elle l’a fait… Cette constatation m’inquiète plus que tout le reste. Que se passe-t-il autour de nous ?

J’ai fait un rêve… Lianne était là. Elle semblait vouloir me prévenir. Savait-elle quelque chose qui aurait pu m’aider à comprendre ? Elle n’a pas eu le temps de me le dire. Je dois réussir à lui parler à nouveau. J’ai peur pour elle… Le Monde des Esprits semble encore plus dangereux que le nôtre. Que se passe-t-il ?

Mais pourquoi est-ce que je m’obstine à poser des questions auxquelles je ne peux obtenir de réponse, sur une feuille que personne ne lira jamais ? Ma plume glisse malgré moi… Mes doigts tremblent de ce mauvais pressentiment qui m’habite. Je voudrais jeter un regard derrière moi. Vers ce navire Corsaire qui nous suit à présent. Il y a eu une touche de couleur, au milieu de ce désastre. L’inconnue aux cheveux noirs… Elle était là. Comble de l’ironie ou du hasard, il s’agit de la seconde du Croc Noir. Opale… Joli prénom, non ? Il ressemble à ses yeux. Pourquoi ai-je retenu si bien une personne qui ne m’a adressé la parole que pour coordonner les ordres que nous donnions tous deux aux marins ? Je crois qu’elle me ressemble un peu… Un peu seulement. Elle a plus de cran, plus de vivacité. Elle est une sorte de reflet contraire d’Eleanora. Elle a… comment dire ? Cette sorte d’humanité dont El’ semble dénuée. Je ne saurais l’expliquer… mais il y a quelque chose de particulier, dans sa simple façon d’être. Peut-être que cela vient simplement de moi. Peut-être ai-je trop vécu dans la glace des yeux d’El… Mais j’aimerais qu’elle devienne mon amie. La solitude aux côtés d’Eleanora est insupportable.


Le quatrième jour de Cymo d’Aegir, en 5085

J’ai retrouvé ce que je ne pensais plus avoir écrit. Ces pages, je les ai gardées dans un coffre que je n’ai plus ouvert depuis des années. Qu’est-ce qui m’a poussé à les relire, et à reprendre ma plume ? Je ne sais pas. Mais il n’y a plus le roulis des vagues pour la faire glisser sereinement sur le papier. Il n’y sera plus jamais. La mer semble mourir. Les monstres ont envahi les flots… La catastrophe s’est étendue. Tout s’est passé si vite que j’en ai oublié l’histoire que je m’étais promis de continuer. Tout a changé, à présent. J’ai changé… Eleanora s’est mariée. Son père est mort… Le Croc Noir et Elle sont montés sur le trône. Elle a eu des jumeaux… elle a failli en mourir, et moi d’inquiétude. Mais pourquoi parler de sa vie dans des feuilles qui ne sont qu’à moi ? Je n’ai jamais compris pourquoi mon existence devait ainsi être liée à la sienne. Elle l’est, pourtant, et je n’y pourrais rien. La mer a commencé à monter… Les souverains n’ont rien pu y faire. Il y a eu un exil. Un autre enfant d’Elle. Une nouvelle ville de construite, pour protéger les restes de population. Nous avons tout perdu.
Lianne va bien. Je crois… J’arrive à la voir de plus en plus souvent. Mais j’ai peur… elle semble terrifiée par quelque chose qu’elle ne peut pas me dire.

Pour moi aussi, tout a changé. La mer est devenue impraticable, les monstres trop dangereux pour laisser les marins la parcourir. Elle me manque, cette mer… La Rose Noire également. J’ai perdu mon rôle de second lorsqu’Eleanora a perdu l’occasion de naviguer. Mais je ne suis pas retourné à cette vie inexistante que je menais avant de la rencontrer. Elle m’a offert un poste. Non… C’est plus compliqué que cela. Malgré l’antipathie du Croc Noir à mon égard, elle a insisté pour que je devienne le bras droit de… d’Opale. Je ne sais pas pourquoi, mais cette pensée me fait sourire. Je ne l’ai jamais remerciée pour cela.
Et pourtant… comme j’aurais dû. Sans le vouloir, elle a fait de moi quelqu’un de différent. Opale c’est… quelqu’un de difficile à décrire. Pas comme le mystère froid d’El’, non, au contraire. Je n’arrive pas à l’expliquer. Son ancien Capitaine a eu raison de lui accorder sa confiance en la nommant chef de l’Armée, réunissant en une même force la Marine et les Corsaires. Elle prend son rôle à cœur. Peut-être un peu trop à cœur, sans doute. Je m’inquiète pour elle. Peut-être ne devrais-je pas me mêler de ce qui ne me regarde en aucun cas… J’ai toujours été ainsi. Peut-être n’a-t-elle pas envie de me voir entrer comme ça dans sa vie. Elle va mal. Je le sais, je le vois… Même un aveugle pourrait le remarquer. Je n’arrive pas à m’expliquer ce poids qui pèse sur mes épaules et sur mon cœur quand je la surprends avec les yeux humides. Elle pleure… trop souvent.

J’ose croire y pouvoir quelque chose… mais peut-être n’est-ce que vanité de ma part. Elle est malheureuse, même lorsque j’essaie d’alléger une peine que je ne comprenais pas tout à fait, auparavant. Je crois… j’espère être devenu plus qu’un second à ses yeux. J’aime la faire rire, et si j’y parviens, j’ai l’impression d’avoir accompli un miracle qui me réchauffe le cœur. Sous ses allures un peu rudes, je sais qu’elle cache une tendresse qu’elle réserve à quelqu’un. Un peu comme ma très chère sœur… Cette affection, j’ai fini par comprendre vers qui elle se tournait. Le Roi… L’époux d’Elle. C’est vers lui qu’Opale tourne ses regards. C’est lui qui a réussi à obtenir les faveurs de deux femmes en totale opposition. Deux femmes particulières à leurs manières, qui se détachent du reste du monde, avec une netteté qui m’aveugle. Je m’efface soudainement du tableau. Peut-être n’ai-je jamais été véritablement peint sur la toile…
Il y a ce triangle, autour de moi, qui évolue douloureusement, et moi qui regarde sans rien faire. Eleanora est amoureuse, elle aussi. Elle ne peut plus le cacher, je le sais. Et lui… Lui me déteste. Pourquoi ? Parce que je ne devrais pas être dans ce tableau, justement. Il ne sait pas ce qu’il veut… Veut-il seulement quelque chose ? Pourquoi est-ce que je n’arrive ni à l’apprécier, ni à lui trouver une raison de le respecter ? Deux femmes s’offrent à lui sans condition… et il est incapable de seulement les voir. C’est à cause de lui qu’elle pleure… Comment peut-il ne pas le remarquer ? Et c’est à moi qu’il en veut… C’est moi qu’il voudrait tuer, je le sais. Il ne me fait pas peur. Je refuse qu’il me fasse peur. Je ne peux pas me résoudre à effacer de ma vie l’importance qu’a eu, et qu’a encore El’. Tout comme je ne peux pas nier une complicité qui commence à naître entre ma supérieure et moi.

Je sais que malgré elle, Opale a besoin d’aide. Peut-être ne suis-je pas nécessairement le soutien dont elle a besoin. Mais je ne peux pas rester sans rien faire, et si j’ai une maigre chance de lui soutirer un sourire, alors cela ne coûtera rien d’essayer. Pourtant… je me sens si impuissant. Qui puis-je ? Comment guérir d’un mal d’amour comme le sien ? Moi qui n’ai jamais connu ce sentiment, j’ai peine à l’imaginer. Il n’y a que le Roi, pour y faire quelque chose. Sait-il que le moindre de ses choix peut avoir d’affreuses répercussions, sur l’une, comme sur l’autre des femmes dans sa vie ? Mais pendant qu’il ignore les choix qu’il lui faut prendre, elle pleure… Lianne m’aide, parfois, quand je ne sais plus comment apaiser les sanglots d’Opale. Je me sens si maladroit. Peut-être ne suis-je pas le confident qu’elle attend, mais malgré ses réticences, je suis prêt à écouter ce qu’elle aura à me dire, lorsqu’elle en éprouvera l’envie. Un jour, il faudra bien que tout ceci éclate… Existe-t-il vraiment un calme après la tempête ?


Ambitions : Johan n'a pas d'ambition bien définie. Il a obtenu ce poste important au sein de l'Armée sans même l'avoir seulement demandé. Maintenant qu'il se trouve là, il met tout en œuvre pour mériter la place qu'on lui a offerte. Ce zèle mis à part, il ne désire rien d'autre que de voir la mer débarrassée de ce qui l'entrave, et le Monde des Esprits redevenir plus sûr.

Technique de combat : Grâce à l'éducation soignée qu'il a obtenue de ses parents adoptifs, il a très tôt appris le maniements du sabre, de l'épée et du fleuret. Même s'il n'est certes pas le meilleur des bretteurs, il se défend assez bien pour ne pas craindre un combat ou un duel. De plus, habitué à vivre une longue année dans les rues, il a su utiliser simplement ses poings au milieu de rixes au corps à corps. Enfin, il peut parfois se servir d'une arme à feu en cas d'extrême urgence, même s'il n'aime pas trop le principe qui consiste à tuer son adversaire à distance, sans même le regarder dans les yeux.


Magie : (Niveau 3) Son Totem, Lianne, une colombe, lui confère un don particulier, celui d'apaiser les personnes qui l'entourent, à des degrés différents. Cela marchera mieux avec quelqu'un qu'il connait plus ou moins qu'avec un parfait inconnu. De plus, pour que l'apaisement fasse véritablement son effet, il est préférable qu'il soit en contact physique avec la personne. Johan peut ainsi tenter de calmer à la fois la rage, la colère, la peur ou simplement l'angoisse, et ce en fonction, bien sûr, des différentes personnes à qui il a affaire. En quelque sorte, son don est plutôt aléatoire, car il ne peut jamais vraiment savoir jusqu'à quel point il va pouvoir faire effet sur l'être concerné. Il peut rencontrer une résistance toute particulière, ou bien au contraire calmer d'une simple pensée. Il y a également des cas, parfois, où il lui est tout bonnement impossible d'apaiser la personne qui lui fait face, lorsque la rage, le chagrin ou la peur sont trop forts, par exemple.
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Kanaw Llyr-Montgomery
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitimeMer 24 Sep - 12:50

shrug La lecture ne me l'a pas rendu plus sympathique, ce gars-là. Mais bon, je le valide, même si je ne l'aime pas tongue

Ceci dit, malgré mon ressentiment, la fiche est très bien ^^
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MessageSujet: Re: Johan Grey   Johan Grey Icon_minitime

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