|
|
| Réunion au sommet... [Kanaw] | |
| | Auteur | Message |
---|
Eleanora Llyr-Montgomery Admin
Nombre de messages : 58 Age : 36 Nom de l'Esprit : Cal Âge du Personnage : 30 ans Métier : Reine Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Réunion au sommet... [Kanaw] Jeu 2 Oct - 11:17 | |
| Le septième jour d'Halié de Memphré... Les lettres sur le papier semblaient vouloir s’en évader, flottant paresseusement sur un blanc sali, étalant langoureusement leurs tâches sombres en un amas confus et inextricable. Les yeux d’Eleanora ne les fixaient qu’à demi… Et quand bien même elle aurait voulu y mettre toute sa bonne volonté, il n’y aurait rien eu de plus que ce mouvement continu de méandres, comme si les mots allaient s’enfuir dans un battement d’aile, à chacune de ses respirations. Un léger mal de tête s’immisça au coin de ses tempes, et elle fronça insensiblement les sourcils, redressant son visage vers le reste des figures mornes qui entouraient la table ovale.
La Reine inspira profondément… et le regretta amèrement, en sentant aussitôt les effluves piquantes d’appréhension, de sueur, de tension et de peur agresser des narines qu’elle avait infiniment délicates, en dépit de tous ses efforts. Ils étaient une petite dizaine. Pas plus. Et c’était déjà bien de trop, à son humble avis. Pourquoi donc avaient-ils besoin de tant de gens apeurés et mécontents pour décider et discuter avec eux de ce qu’il convenait d’accomplir pour la survie de Llywen ? Oh, bien sûr… L’intérêt du peuple. Evidemment, ils en avaient déjà parlé… Ils avaient beau avoir les pleins pouvoirs, il ne fallait surtout pas qu’ils perdent la confiance du peuple. Et bizarrement, la populace se sentait rassurée que ses Rois tergiversent pendant des heures avec des gens plus ou moins perspicaces, et plus ou moins impressionnables.
Bref, la question n’était pas là. Il y avait ce compte-rendu, sous ses yeux, qu’elle ne pouvait décemment pas lire, et qui lui rappelait avec une malicieuse et insupportable moquerie une faiblesse qu’elle haïssait sans l’admettre. Elle n’avait pas besoin que des lettres embrumées viennent lui rappeler ce qu’elle était. Non… Elle le savait déjà. Ou croyait le savoir. Mais sa patience était plus étendue qu’elle ne l’avait cru… Si les odeurs de ces mâles rassemblés autour d’une table, discutant de la situation critique des Bas-Quartiers de Llywen et de la sécurité des habitants, était fortement incommodante, elle ne s’abaisserait pas à quitter la salle. Ne surtout pas leur donner cette satisfaction.
Ils savaient tous qu’elle avait un pouvoir que, peut-être, elle n’aurait jamais dû exercer. Le concept de la Reine n’était pas celui de l’autorité… Bien au contraire. La Reine était d’habitude entourée d’une foule de servantes et se contentait d’être belle et de plaire à son Roi. Et si elle était inconsciemment fidèle à ce dernier concept, le reste l’agaçait tout particulièrement.
Oui, elle ne manquait aucune de ces réunions d’ordre politique… sauf cas majeur, comme lorsqu’elle éprouvait une envie subite et irrésistible de passer un peu de temps avec ses adorables enfants. Un léger sourire lui vint à cette idée, chose qu’elle ne remarqua pas. Une faille à son visage d’ordinaire de marbre. Ces enfants étaient constamment une faille à la glace qui recouvrait sa peau et son âme… Eux, et Kanaw. Eleanora tourna vaguement la tête sur le côté, sans ciller, son regard glacial glissant doucement pour épouser les courbes du visage de son époux. Il était assis juste à sa droite, et semblait écouter avec un intérêt modéré l’un des conseillers exposer une attaque de Pirates aux alentours du port. Si la feuille aux lettres troubles la faisait enrager par sa moquerie ironique, la présence de Kanaw, qui n’en montrait pas moins l’une de ses faiblesses les plus grandes, eut tendance à l’apaiser… L’apaiser, dans la mesure du possible, bien entendu.
Avant la venue au monde des jumeaux, elle ne l’avait jamais vu autrement que comme l’erreur qu’elle n’aurait jamais dû commettre. Erreur de l’épouser ? Non. Elle ne voyait pas en quoi. Erreur pour quelle raison, alors ? Si elle avait eu la réponse à cette question, peut-être aurait-elle aussitôt compris qu’il ne s’agissait pas d’une erreur. Elle avait le sentiment terrifiant de dépendre de quelqu’un d’autre qu’elle-même, désormais. De lui, autant que de leurs trois enfants. Mais c’était différent, avec eux, n’est-ce pas ? Elle n’en était pas tout à fait certaine. Auparavant, cette simple pensée l’aurait fait entrer dans une rage froide. Mais elle avait changé… et malgré tout ce que sa froide et raisonnée logique voulait bien lui faire comprendre… elle se sentait bien.
Enfin… Plus ou moins. La mer souffrait… et elle souffrait avec elle. Il y avait cette mélancolie des flots qui la prenait de temps à autre, comme une marée montante. Mais cela cessait… cela cessait lorsqu’elle croisait un sourire d’Alastyn, de Néréïde, ou de Ciryan. Cela cessait dans les bras de Kan’. Cela cessait parce qu’elle n’avait plus seulement cette passion pour la mer. Il y en avaient d’autres, qui croissaient en elle. Et qui, peut-être, si elle voulait les admettre pleinement, la rendraient plus forte.
Les yeux de la Reine glissèrent jusqu’aux doigts de Kanaw, qui tripotait machinalement sa propre feuille de papier sali, signe d’une sorte d’impatience et de frustration qu’elle ne comprenait que trop bien. Sa tête l’élançait encore, et elle choisit de fermer un court instant les yeux… Elle n’avait pas besoin de son regard pour observer celui dont elle connaissait les moindres nuances d’odeurs sur le bout de… son nez ? La respiration d’Eleanora se fit calme et lente, tandis qu’elle concentrait à la fois son odorat et son empathie vers Kanaw, enveloppant ce corps qui n’aurait dû n’appartenir qu’à elle, pour le caresser du bout de sa pensée, un vague sourire au coin des lèvres.
Au moins, cela avait le mérite de chasser au second plan l’atmosphère rance et désagréable qui habitait la pièce, mélange d’angoisse sourde et de… manque considérable de bains, ces derniers temps, pour certaines des personnes assises autour de cette maudite table. L’ennui c’était l’état second dans lequel elle entrait progressivement, à mesure qu’elle se noyait volontairement dans une odeur qui l’enivrait malgré elle. Si elle en avait été consciente, elle aurait enfoncé ses ongles dans sa propre peau jusqu’à se faire saigner… pour détourner son attention. Une faiblesse de plus, n’est-ce pas ? Oui, elle était faible… si faible. Et lui… n’était pas heureux.
Ce poids tomba comme une pierre rèche et glacée jusqu’au fond de son estomac . Elle le savait… Mais se le répéter n’en atténuait pas moins le vide et la douleur presque physique qu’elle ressentait à cette idée. Etait-ce ses propres sentiments, que son corps révélait inconsciemment ? Elle l’ignorait. La seule chose qu’elle ne pouvait pas nier, c’était cette sensation d’impuissance et de transparence ultime que la nostalgie et la tristesse de Kan’ provoquait. Pourquoi ? Pourquoi le fait qu’il ne soit pas entièrement heureux, à ses côtés et entouré de ses enfants lui faisait si physiquement mal ? Tout ne pouvait être qu’irréel… Elle l’avait rendu si malheureux qu’il ne voulait plus vivre. Cette pensée lui fit venir un haut-le-cœur qu’elle refoula avec une facilité impressionnante, compte tenu de l’ébullition de ses sensations. Ses nerfs étaient à fleur de peau, à présent qu’elle s’était imprégnée presque totalement de l’odeur chaude et animale de son époux. Il fallait qu’elle se reprenne…
… Ou plus exactement, qu’elle songe à autre chose. Ce fut plus facile qu’elle ne l’aurait imaginé. Un frisson étrange mais familier naquit au creux de ses reins et remonta malicieusement le long de sa colonne vertébrale. Prise d’une impatience subite et inexplicable, elle se redressa de toute sa hauteur, ses cheveux sombres battant ses hanches, et sa robe d’un blanc immaculé et ironique soulignant sa taille, ses épaules, et bordant sa poitrine d’une fine touche dorée. Sa voix, aussi neutre qu’étrangement douce, s’éleva soudain, coupant la parole à celui qui terminait à peine son rapport :- Sans parler de perte de temps, je ne suis pas convaincue que nous puissions régler cette question en un jour, Mr Ferguson. Les Pirates, bien que retranchés dans les endroits les plus mal famés de Llywen, n’en sont pas pour autant une force dénuée de toute organisation. Les attaques de la sorte de celle que vous nous racontez sont fréquentes… Des gardes sillonnent déjà les rues. Qu’y pouvons-nous de plus ? C’est vers l’extérieur que nous devons agir avant tout.Le ton était infiniment péremptoire. Eleanora ne jugea pas nécessaire d’en dire davantage pour couper court aux jérémiades d’un conseiller qui ne savait décemment pas quoi raconter qui fût réellement utile. Elle se rassit de manière tout aussi subite qu’elle s’était redressée, et sa main, avec une discrétion aérienne, vint effleurer le genoux de son époux, les doigts vaguement tremblants. | |
| | | Kanaw Llyr-Montgomery Admin
Nombre de messages : 44 Nom de l'Esprit : Kaano Âge du Personnage : 29 ans Métier : Roi Date d'inscription : 25/07/2008
| Sujet: Re: Réunion au sommet... [Kanaw] Jeu 23 Oct - 3:47 | |
| Oui, effectivement, Kanaw s'ennuyait sincèrement. C'était pire que cela, il avait l'impression de perdre son temps, de faire de la figuration, et de devoir fermer les yeux et acquiescer n'importe quoi, pourvu que les gens se sentent moins inquiets. Lui, tout ce qu'il souhaitait, c'était que cette odeur putride s'en aille, c'était passer à autre chose. Sortir de cette pièce avant d'en souffrir de trop, car son odorat lui donnait mal à la tête, à cause de ces relents de saleté. Certaines personnes feraient mieux d'apprendre l'hygiène que de râler.
D'un air faussement concentré et intéressé, il feuilletait les nombreux papiers, avec cette technique bien connue du "je cherche une information précise, ne m'ennuyez pas". Pendant ce temps-là, les invités devisaient prestement, entre impatience et crainte. Crainte de quoi ? Des Pirates qui les mettaient à mal, dans la ville, ou de ce que représentaient le couple royal ? Beaucoup savaient que le Roi se nourrissait aussi d'êtres humains, lorsque la faim se faisait trop sentir. Et c'était le cas. Il avait faim, il n'était pas concentré, certain, tout autant que sa femme, que ce qu'il faisait n'avait strictement aucun sens ni intérêt. Il fallait le faire, cependant.
Kanaw fronça les sourcils, cherchant un moyen de faire fuir les râleurs en parcourant les lignes des papiers tapissés d'une écriture pitoyable. Sa recherche fut avortée par Eleanora, qui, en quelques mots, parvint à faire sentir qu'elle était au moins aussi énervée que lui. Au moins aussi agacée. Au moins aussi impatiente de les voir partir de cette pièce. Il esquissa un sourire qui aurait pu passer pour sadique, qui l'était peut-être, plongeant son regard dans ceux de leurs interlocuteurs, les uns après les autres.
-Elle a parfaitement raison. A moins que vous nous trouviez une cargaison de soldats, nous ne pouvons pas faire plus que ce qui est déjà fait.
D'un geste de la main, il commença à rassembler les feuilles volantes, signe parmi tant d'autres qu'il jugeait en avoir terminé avec cette petite assemblée.
-Au pire, si vous avez une quelconque remarque à faire au sujet des défenses de la ville, allez en parler à monsieur Retniw. Il sera ravi d'en deviser.
La main d'Eleanora se glissa sur son genou, effaçant un instant toute conscience du Roi. Pour un homme tel que lui, le message était clair. Elle avait envie de quelque chose de particulier, cela commençait à se sentir. Et il était loin d'avoir envie de refuser. Comme s'il n'était pas déjà assez impatient de voir tous ces gêneurs s'en aller. Kanaw osa leur montrer les crocs, poussant quelque peu ces êtres à l'odeur malsaine à abréger leurs paroles. Pendant ce temps, la main droite de Kanaw passa sous la table, pour effleurer les doigts de la Reine, avant de se poser sur la cuisse de la jeune femme.
Il continuait à ranger les feuilles de son autre main, semblant ignorer que ses doigts se dirigeaient dangereusement vers l'intimité d'Eleanora, le tissu devenant le seul rempart contre ses avances. A peine maître de ses gestes extérieurs, alors que leurs invités disparaissaient le plus rapidement possible, Kanaw se coupa légèrement avec une feuille de papier. Il grogna quelque peu en voyant une goutte de sang perler à son index.
-Mince.
Sa voix grave ne trahissait aucun énervement, cependant. Il se tourna vers sa femme, en léchant son propre doigt, le regard interrogateur. Oui, il avait envie d'elle, mais il la laissait choisir l'endroit, à vrai dire. En attendant, il appréciait cette envie qu'il sentait venir d'elle. Ce désir qui la prenait, et qu'il partageait parfaitement. Oh, oui, il avait dans l'idée de profiter de leur solitude. Ses yeux brûlaient dans l'espoir de s'approcher de la glace. | |
| | | Eleanora Llyr-Montgomery Admin
Nombre de messages : 58 Age : 36 Nom de l'Esprit : Cal Âge du Personnage : 30 ans Métier : Reine Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Réunion au sommet... [Kanaw] Dim 26 Oct - 14:16 | |
| Eleanora esquissa un sourire qui se voulut extraordinairement neutre, mais qui, pour ceux qui la connaissaient assez, ressemblait à une satisfaction presque féroce. Elle cligna des yeux, involontairement, peut-être, tandis que son époux approuvait les paroles qu’elle venait de prononcer. Sans doute pour… faire passer sensiblement le même message, qui se résumait très brièvement à « Barrez-vous de là ! ». En à peine plus poli, d’ailleurs… La Reine laissa glisser son regard jusqu’aux mains de Kanaw, qui commençaient à ranger ses feuilles, histoire de faire passer le message encore plus facilement. En avait-il seulement besoin ? S’ils n’étaient pas aussi doués pour l’empathie que leurs souverains, les conseillers n’avaient pas besoin de beaucoup plus d’indices pour comprendre qu’ils étaient… de trop. Et qu’ils risquaient très certainement de se faire mordre, s’ils continuaient ainsi.
La jeune femme ne s’embarrassa pas davantage de formules de politesse. Kanaw s’en sortait parfaitement bien tout seul, et de toute façon… elle n’était pas assez concentrée pour s’en charger elle-même. Eleanora inspira doucement, son odorat aiguisé enveloppant de nouveau le corps de son époux, d’une manière presque… physique, tandis qu’elle percevait les autres odeurs, lointaines et parasites, des conseillers qui s’éloignaient peu à peu, pour ne devenir rien de plus que des spectres désagréables s’évanouissant dans la brume. Elle fronça légèrement son nez fin, en une mimique qui la rendait étrangement… malicieuse. Expression dont elle n’avait nullement conscience, sinon elle s’en serait bien gardée, évidemment. La Reine eut un fin sourire sadique en songeant à Elbénir, vers lequel Kanaw venait d’envoyer les plaignants geignards et pleurnichards… Une pensée qui ne dura qu’une simple seconde, alors que ses doigts, posés sur le genou de l’ancien Corsaire, commençaient à la brûler agréablement. Etait-ce la chaleur du corps de Kan’ qui glissait jusqu’à sa main, ou bien son propre sang qui commençait à pulser un peu trop vite dans ses veines ?
Elle aurait dû arrêter de respirer aussi délicatement son odeur. Ce n’était pas une bonne idée… Ce n’était pas la chose à faire pour garder les idées claires et une maîtrise parfaite d’elle-même. Pourquoi ? Pourquoi aurait-elle voulu garder les idées claires, après tout ? Excellente question que voilà. Eleanora ne cessait de se la poser, sous différentes formes et différentes situations. Qui revenaient toujours au même… Pourquoi y avait-il cet instinct, en elle, qui la poussait à lutter contre quelque chose qui la dépassait ? Le combat était… épuisant. Et la laissait toujours aussi incertaine. Il n’y avait jamais de vainqueur. Y en aurait-il seulement un jour ?
Un geste, de la part de Kanaw, chassa ses questionnements troublés plus vite qu’il n’aurait dû. Il avait décidément bien trop d’emprise sur elle. Mais elle ne réussit même pas à se faire la réflexion. La main de son époux venait d’effleurer ses propres doigts, pour se poser ensuite sur sa cuisse, la faisant tressaillir, bien que les conseillers déguerpissant ne puissent pas s’en apercevoir. Au-dessus de la table, il y avait une Reine d’une froideur et d’une beauté de marbre, qui esquissait un gracieux signe de tête pour appuyer leur départ, tandis que le Roi montrait des crocs pour activer les mouvements. Et sous la table, il y avait une femme… perdue. Envieuse. Troublée. Qui estimait qu’elle n’aurait jamais dû en arriver là… mais qui tremblait des pieds à la tête, et était bien en peine de comprendre en quoi c’était mal.
Cela ne pouvait pas l’être. Les doigts d’Eleanora, ceux qui étaient sagement posés sur le bois de la table, se crispèrent légèrement, comme si elle avait voulu, par ce geste, empêcher sa main de trembler. L’autre, en revanche, posée sur le genou de Kan’, ne se priva pas de frissonner délicieusement, lorsque la main du jeune homme, audacieuse et terriblement naturelle, glissa le long de sa cuisse, comme si de rien n’était. Le tissu satiné de sa robe la brûlait littéralement, et la peau de sa jambe lui semblait presque en ébullition. La rapidité avec laquelle les battements de son cœur s’emballèrent l’effraya violemment. Eleanora retint sa respiration, tentant de focaliser sur autre chose que le geste de son époux… alors même qu’elle n’en avait nullement la volonté.
Son souffle, un peu accéléré, caressait ses propres lèvres d’une manière presque ardente, et ses yeux de glace, coupants et avides, fixaient assidument l’autre main de Kanaw, occupé à finir de ranger les quelques feuilles volantes. Les gestes simples et désuets du jeune homme parurent l’hypnotiser, ce qui n’était bien sûr qu’une façon de garder son sang-froid face à la montée d’adrénaline qui parcourait ses veines. Ce ne fut pas une très bonne idée, pour lutter contre son envie… Parce que Kan’ se coupa.
Et alors ? Alors il s’agissait d’Eleanora… Et la goutte de sang, si minuscule fût-elle, attira son regard et son attention comme un papillon vers une flamme. La glace ne semblait plus craindre de fondre… ou n’avait plus l’envie d’y résister. Le liquide rouge obnubilant fit louper un battement à son cœur, et des pensées sulfureuses lui traversèrent l’esprit. Sa conscience voulut protester… elle la chassa d’un battement de paupière. Inconsciemment, sa main tremblante quitta le genou de Kan’ pour se poser, volatile, jusque sur celle que le jeune homme avait décidé de glisser le plus près possible de l’intimité de sa femme.
Elle lui adressa alors un indescriptible sourire, qui rendit à sobn visage une sorte de… d’humanité charmante, mêlée à cette lueur dangereuse qui animait son regard, impérieux et tentateur. En réponse au regard interrogateur de Kan’, il n’y eut qu’un soupir incontrôlé qui franchit les lèvres de la jeune femme, tandis qu’elle l’observait lécher négligemment le sang qui avait perlé à son doigt. Avant même qu’elle ait seulement le temps de réaliser ce qu’elle avait l’intention de faire, Nora sentit sa main qui était posée sur la table s’envoler vivement jusqu’à lui, pour saisir son poignet et arrêter son geste.
- Attends…
Etait-ce vraiment elle, qui avait parlé ? Elle ne se reconnaissait pas. Sa voix avait une nette intonation étrange, presque chaude, qui la terrifiait souvent lorsqu’elle s’adressait à lui. Elle n’était pas tout à fait la même… Mais pourquoi en avoir peur ? Elle l’ignorait encore. Et pour l’heure, n’avait nulle envie de chercher la réponse. Son dos parcouru de frisson en témoignait, tout comme ses doigts serrés autour du poignet de Kan’, qui ramenèrent vers son visage la main du jeune homme. Là, dans un mouvement qui lui parut aussi involontaire que définitivement grisant, elle approcha ses lèvres de l’index de Kanaw, et recueillit tout doucement une goutte de sang, qui glissa légèrement le long de sa bouche, et qu’elle rattrapa du bout de sa langue, fermant les yeux. Le goût métallique du sang l’emplit d’une volupté nouvelle, et elle laissa échapper un autre soupir, sans pour autant lâcher la main de Kan’.
Ses yeux glaciaux se rouvrirent pour faire face aux flammes de son époux, mais il n’y avait aucune lueur de défi ou de menace, au fond de ce regard-là… Un sourire de plus, et la voix neutre d’Eleanora, toute de nuance subtile, ajouta doucement :
- J’ai vraiment cru qu’ils ne s’en iraient jamais…
Remarque fondamentalement inutile, mais elle ne s’accorda même pas le temps de s’en faire la réflexion. D’un geste fluide qui trahissait d’une habitude qu’elle n’aurait sans doute pas dû avoir, elle se redressa de cette grâce naturelle et presque agaçante qui suivait chacun de ses pas, pour se glisser derrière lui. Ses mains frôlèrent ses épaules et décrivirent des courbes harmonieuses le long du torse du Roi, tandis que le visage de la Reine disparaissait dans le creux de son cou.
Les cheveux d’Eleanora dégringolèrent le long de la joue de Kanaw, le chatouillant légèrement, tandis que la jeune femme inspirait profondément son odeur, plus encore qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent. Ses lèvres étonnamment fraîches laissèrent un baiser étrange sur sa nuque, puis murmurèrent :
- J’aime ton odeur…
Oh la… Et depuis quand Eleanora utilisait-elle le verbe aimer dans une phrase, quelle qu’elle fût ? Cela ne sembla pas parvenir jusqu’à l’esprit de la principale intéressée, dont les sens étaient à la fois brouillés par la chaleur de son corps, et par les sentiments nets et délicieux qu’elle ressentait de la part de Kanaw. Elle savait exactement ce qu’il voulait… Et le voulait aussi. Pire encore… l’envie de Kan’, grâce à son don d’empathie, se mêlait à sa propre envie, ce qui donnait un résultat… bouillonnant. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Réunion au sommet... [Kanaw] | |
| |
| | | | Réunion au sommet... [Kanaw] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|